Affaire Benalla. L'"autogoal" de Macron

OT (*), comme on dit dans le jargon du web. Une pertinente réflexion de Marcello Foa, sur une incongruité peu relevée en France (29/7/2018).

 

(*) off topic (hors sujet)

Du 25 juillet dernier (ICI)

Emmanuel Macron est sorti de son mutisme. Une semaine après les premières révélations concernant son ex-collaborateur Alexandre Benalla, le président de la République a choisi de donner rendez-vous aux députés de la majorités à la Maison de l'Amérique latine à Paris, mardi 24 juillet, pour démentir les rumeurs les plus folles.
Depuis le début de l'affaire, de nombreuses informations et rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux. Non sans humour, le chef de l'État a démenti en bloc. «Alexandre Benalla n’a jamais détenu les codes nucléaires, Alexandre Benalla n’a jamais occupé un 300 m2 à l'Alma, Alexandre Benalla n’a jamais eu un salaire de 10000 euros, Alexandre Benalla n’a jamais été mon amant», a-t-il déclaré devant un parterre de députés et de journalistes hilares.


Humour? Hilarité? Sont-ce vraiment les mots qui conviennent? Y a-t-il vraiment matière à rire? Ce n'est pas ce que pense cet excellent observateur de la vie politique internationale qu'est l'italien Marcello Foa. Petite précision: ce n'est ni hurluberlu, ni un extrémiste, ni - en principe - un propagateur de fake news, il vient d'être nommé à la présidence de la RAI, la télévision publique italienne (cf. www.maurizioblondet.it) mais son attitude relativement équilibrée lui vaut déjà la suspiscion de la presse "de centre gauche".

 

"Benalla n'est pas mon amant"

-----
Affaire Benalla, l'incroyable erreur de communication de Macron


Marcello Foa
25 juillet 2018
blog.ilgiornale.it/foa
Ma traduction

* * *

Incroyable, l'erreur de communication commise par Emmanuel Macron. Lorsque vous devez nier, il ne faut jamais utiliser la négation, car le subconscient a tendance à négliger le "non". Cela fait des années que le grand linguiste américain George Lakoff l'a expliqué magistralement, depuis le titre de son célèbre essai "Ne pensez pas à l'éléphant". Il vous invite à ne pas penser à cet animal et vous, lecteur, que faites-vous en ce moment? Vous pensez à l'éléphant. Avec sa déclaration imprudente d'hier, le président français a commis deux erreurs colossales.

La première: personne en France, dans les médias ou dans le monde politique, n'avait formulé le soupçon que le chef de l'Elysée eût une liaison homosexuelle avec son garde du corps, Benalla. L'indiscrétion tournait sur le web et dans les salons mais le commérage est une chose, tout autre poids a une position officielle. Incroyablement, c'est Macron lui-même qui a dédouané le non-dit et donc, à partir de maintenant et pour les années à venir, le sujet n'est plus tabou.

La deuxième erreur: pour reprendre Lakoff, si vous dites "Benalla n'est pas mon amant", les gens pensent qu'il l'est ou pourrait l'être. C'est le même autogoal (but contre son camp) que Nixon a commis au moment du Watergate lorsqu'il a nié en direct à la télévision toute responsabilité dans la fameuse affaire d'espionnage contre le Parti démocrate. Il a lui aussi eu recours à la négation. Il aurait dû dire: "je suis innocent". Mais des millions d'Américains ont pensé qu'il était coupable ou pourrait l'être. Le doute est devenu plausible.

On sait comment cela a fini. Macron aura-t-il le même sort?
A Paris, il y en a qui commencent à le penser, il est certain que, gaffe après gaffe, arrogance après arrogance, les Français sont des millions à juger Emmanuel Macron inadéquat à la fonction par sa personnalité, sa mégalomanie, son manque d'équilibre.

Le rêve est déjà brisé.

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.