Communication vaticane: l'ascension de Tornielli

Au moins, les choses sont claires... Ricccardo Cascioli commente à son tour sur "La Bussola" le départ de Greg Burke (2/1/2019)

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Du rififi dans la communication du Vatican

 

Communication et bruits de gifles


Riccardo Cascioli
www.lanuovabq.it/
2 janvier 2019
Ma traduction

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Bien que vus selon des perspectives différentes, les commentaires des vaticanistes les plus attentifs sont d'accord: la démission surprise, le 31 décembre dernier, du porte-parole du Bureau de presse du Vatican, Greg Burke, et de son adjointe, Paloma Garcia Ovejero, sont le résultat d'une guerre interne au sein du système de communication du Vatican. Certains parlent de gifle au Pontife, d'autres d'une simple réaction à la nomination d'Andrea Tornielli comme directeur éditorial des médias du Vatican après celle de Paolo Ruffini à la tête du Département de la Communication; le fait est que Burke et Garcia Ovejero ont compris qu'ils étaient devenus de trop.

On peut imaginer que Burke, surtout, se sent désormais soulagé. Ces deux ans et demi à la tête du Bureau de presse sont loin d'avoir été faciles pour lui, coincé dans le rôle de compilateur des communiqués de presse officiels, souvent arrivés tardivement et avec une crédibilité de Soviet suprême. Pourtant, la réforme de la communication du Vatican voulue par le Pape François assigne au directeur du Bureau de presse un rôle tout sauf marginal, d'authentique porte-parole non seulement du Pape mais de l'ensemble de la Curie vaticane, en accord avec la Secrétairerie d'Etat. Un peu comme ce que Joaquin Navarro Valls avait été pour Jean-Paul II.

Mais c'est le Pape François en personne qui, bien qu'il ait lui-même nommé Burke et Garcia Ovejero, les a aussi contournés de mille manières confiant à d'autres, qu'il considère comme ses "amis", la tâche de publier sa pensée. Parmi ceux-ci, il y a même Eugenio Scalfari, qui a encore récemment attribué au Pape une pensée sur la Création très éloignée de ce que l'Église a toujours enseigné, et sans que le Bureau de presse ait pu ou voulu démentir certaines déclarations.
Mais ces dernières années, ceux qui voulaient vraiment comprendre la pensée du Pape, ses stratégies, le sens de certains gestes et de certaines paroles, devaient surtout suivre ce qu'écrivaient quelques "chouchous". Au premier rang le Père Antonio Spadaro, directeur de La Civiltà Cattolica, et Andrea Tornielli, vaticaniste à La Stampa et coordinateur du site web Vatican Insider. Ce n'est pas un hasard si le premier est l'éminence grise derrière la nomination du nouveau directeur de l'Osservatore Romano Andrea Monda, et le second vient d'être nommé directeur éditorial de tous les médias du Vatican, un rôle prévu par le Statut du Dicastère de la Communication mais qui, pendant trois ans, est resté vacant, c'est-à-dire géré personnellement par le préfet du dicastère.

En soi, conformément aux statuts, le directeur du Bureau de presse est indépendant du directeur éditorial et a un grade équivalent. Mais à la lumière de ce que nous avons vu ces dernières années, sous la direction de Tornielli, la direction éditoriale aura naturellement tendance à s'étendre aussi vers le Bureau de presse, une concentration sans précédent du pouvoir. Puisque Tornielli s'est distingué ces dernières années en divisant l'Église en bons et mauvais, en identifiant et en ciblant les prétendus "ennemis" du Pape (il suffit de faire une demande de clarification pour entrer de droit dans ce club), nous pouvons facilement deviner que la nouvelle structure de communication du Vatican signifiera, entre autres choses, une lutte sans quartiers contre ceux qui ne se sont pas adaptés à la "nouvelle Église".

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