Drôle de bénédiction papale pour le jour de l'an

Au terme de la prière d'Angélus, le 1er janvier, François a délibérément omis la fin de la formule consacrée (mais ce n'est pas la première fois qu'il innove en ce domaine). Récit d'AM Valli (4/1/2019)

 

Il est coutumier du fait. Déjà pour la bénédiction urbi et orbi de Noël 2017, François avait cru bon d'innover (voir ici: benoit-et-moi.fr)
Et en septembre dernier, à l'issue d'une rencontre avec les jeunes en Sicile, il sautait volontairement la bénédiction apostolique aux personnes présentes, afin de ne pas offenser "les chrétiens non-catholiques, ceux des autres religions et les agnostiques" présents (cf. Une curieuse "non-bénédiction apostolique")

François et cette singulière "bénédiction sans bénédiction".


www.aldomariavalli.it
4 janvier 2019
Ma traduction

* * *

Quelques lecteurs m'ont demandé mon avis sur la singulière "bénédiction sans bénédiction" de François après la prière de l'Angélus depuis la fenêtre du palais apostolique, le premier jour de la nouvelle année.

Rappelons qu'à la fin de la prière, le pape a levé les mains et dit : «Que le Seigneur vous bénisse et vous garde. Que le Seigneur fasse resplendir pour vous son visage et vous accorde sa grâce. Que le Seigneur tourne son visage vers vous et vous accorde la paix. Amen». A ce moment-là, tout le monde s'attendait à ce qu'il ajoute: «Et benedictio Dei omnipotentis, Patris et Filii et Spiritus Sancti descéndat super vos et máneat semper. Amen». Mais rien.

D'où la question : pourquoi ce choix du pape ?
J'ai demandé à plusieurs experts et ils m'ont expliqué que le pape utilisait une formule de bénédiction qu'il reprend presque mot à mot du Livre des Nombres (Nb 6, 24-28), qui dans la liturgie de la Parole de la solennité du 1er janvier est la première lecture.
(...)
Le Missel Romain, du moins dans l'éditio typica III, celle qui attend une édition italienne depuis plus de quinze ans, rapporte précisément cette formule comme bénédiction finale solennelle parmi celles à choisir pour certaines occasions spéciales.
La bénédiction est donc d'origine biblique et est prévue par le Missel. Le fait que le pape l'ait récitée avec les bras ouverts pourrait être une manière de souligner son caractère juif: la manière de bénir des prêtres de l'Ancien Testament était, comme nous le savons, de lever les mains, comme Jésus le fait à la fin de l'Evangile de Luc: «Et elevatis manibus benedixit eis».
Jusque là, rien d'inhabituel. Ce qui a provoqué l'étonnement et a déconcerté, c'est l'absence de la formule trinitaire finale, qui donne à cette bénédiction de l'Ancien Testament son empreinte chrétienne.
Le Missel propose différentes formules pour la bénédiction finale, y compris celle utilisée par le Pape (et qui, le 1er janvier, a certainement été utilisée dans de nombreuses églises catholiques à la fin de la Sainte Messe, précisément parce qu'elle reprend le texte de la première lecture), mais dans toutes, on trouve toujours la conclusion fixe à la tonalité trinitaire: «Et benedictio Dei onnipotentis, Patris et Filii et Spiritus Sancti», etc.
Quelle aurait donc pu être l'intention de François en bénissant et en omettant la formule trinitaire?

Une de mes sources a frappé à une porte du palais apostolique et on lui a répondu, confidentiellement, que le choix de "bénir sans bénir" était "une décision improvisée du Saint-Père".
D'après l'enregistrement vidéo, on peut voir que le pape lit la formule sur la feuille devant lui. Si c'était sa décision, cela signifie qu'il a omis quelque chose qui était sur le papier.
Mais pourquoi ?
Cela dépend peut-être du contexte pacifiste et œcuménique auquel se prête la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier. Chez les Vaudois, par exemple, la bénédiction s'effectue en répétant les paroles de Nb 6,24-28, comme le pape l'a fait, sans aucun signe de croix ni aspersion d'eau.
En conclusion, selon les spécialistes il n'y avait rien d'incorrect de la part du pape, mais il y avait certainement des "dissonances" et des "exagérations". Et beaucoup de fidèles n'ont pu faire autrement que de les remarquer.

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