Tribune: François hérétique? Schismatique?

Roger Lefebvre, le lecteur qui nous avait confié ses "Impressions et réflexions" sur le pontificat de François, revient avec un nouvel article qui pose deux questions cruciales, incontournables à la lumière des actes et des déclarations du Pape, à quelques jours du 6ème anniversaire de son élection (5/3/2019)

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Réflexions et impressions d'un lecteur sur le pontificat (1er février 2019)

FRANÇOIS hérétique ? Schismatique ?


Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est étrange. La demande de ‘‘correctio filialis’’ formulée par écrit, appuyée par des dizaines de personnes très sérieuses, est restée sans suite ni réponse depuis plus d’un an ; silence anormal, inexplicable, inquiétant de la part de celui qui, par sa fonction propre, est le Docteur commun, le garant de l’intégrité de la doctrine et qui, dans une matière qui touche précisément à la doctrine de la foi et des mœurs ainsi qu’à la discipline sacramentelle, a l’obligation en vertu de sa charge de confesser la Foi et de dire le droit lorsqu’il en est formellement requis par les fidèles, ce qui est le cas en l’espèce.

FRANÇOIS hérétique ? Schismatique ? Avant de tenter une réponse satisfaisante à cette double interrogation, il faut premièrement reconnaître que jusqu’à présent personne n’a relevé d’hérésie formelle dans les écrits, les propos et les déclarations diverses de FRANÇOIS ; mais il y a plusieurs façons de verser dans l’hérésie.

Jusqu’au premier concile du Vatican (1869-1870), précédé de peu par le Syllabus de PIE IX, on ne rencontrait guère que l’hérésie dogmatique, qui est le fait de ceux qui soutiennent ‘‘avec pertinacité’’, c-à-d avec obstination, une doctrine ou une opinion condamnable ou déjà condamnée comme étant formellement contraire au dogme de l’Église.

Dans le dernier tiers du XIXe siècle apparut une nouvelle forme d’hérésie, une hérésie par implication : le pragmatisme, dont le principal représentant est le philosophe américain William JAMES (1842-1910). Les théoriciens du pragmatisme partent de l’idée très superficielle qu’une doctrine vraie ne peut avoir que de bons résultats dans l’action, ce qui est d’ailleurs vrai pour autant qu’on fasse correctement application de la doctrine, mais leur erreur est d’inverser le lien de causalité formelle et d’en arriver à une conclusion opportuniste, à savoir qu’une doctrine est vraie par son utilité, son heureux résultat ; l’utilité devient ainsi le critère interne de sa vérité, ce qui revient à dire qu’une doctrine n’est pas profitable parce qu’elle est vraie, mais elle est censée être vraie dans la mesure où ses effets apparaissent profitables. Il résulte de ce système que la morale est ruinée, et que la vérité, ne dépendant plus d’un critère extrinsèque, varie avec les opportunités et les circonstances.

Parallèlement, dans un tout autre domaine, celui des affaires, le pragmatisme américain a été vulgarisé par un ouvrage de psychologie commerciale qui connut en Amérique un succès délirant : Comment se faire DES AMIS pour réussir dans la Vie, par Dale CARNEGIE, ouvrage connu par sa traduction en langue française chez HACHETTE (Paris 1938).
Dans cet ouvrage tout inspiré par une fine psychologie, par l’expérience, l’analyse de cas vécus, le souvenir de faits historiques, l’auteur propose une série de conseils, de recommandations pratiques pour gagner la sympathie des gens et en faire des amis, avec le désir non dissimulé de réussir dans les affaires ; en gros et en détail, c’est un code de moyens de plaire pour arriver à convaincre.
Si ce livre mérite de ressortir de l’oubli, c’est parce que, paradoxalement, l’auteur y propose une série de moyens de ‘‘plaire’’ facilement qu’on retrouve aujourd’hui là où on ne s’y attend absolument pas : le principe directeur du concile, puis toute la pastorale depuis cinquante ans et surtout celle de FRANÇOIS ; parmi les recommandations préconisées par l’auteur en vue de plaire et d’atteindre la fin recherchée, il en est quelques-unes qui suffisent pour caractériser le concile et la pastorale subséquente :


On trouve là l’inspiration des grandes lignes directrices du concile:

1. exclure tout débat sur les erreurs modernes sociales (le libéralisme, la libre-pensée qui va de pair avec la franc-maçonnerie, le socialisme, le communisme) de même que tout débat sur les dissidences confessionnelles séparant les religions (protestantisme sous toutes ses formes, le judaïsme, l’islamisme) et ce, à l’encontre des directives contenues dans l’encyclique de PIE XI sur l’union des Églises (qui n’ont rien perdu de leur valeur et de leur actualité) et tout débat sur les erreurs du modernisme:

‘Cette encyclique était nécessaire, écrivait Mgr BARTMANN en 1928, elle a mis fin à des opinions qui régnaient non seulement en dehors de l’Église, mais à l’intérieur de l’Église elle-même. Il est pourtant évident que l’Église ne peut pas abandonner un seul dogme véritable sans se renier elle-même. Qu’il ait fallu le dire à des catholiques, et pas seulement à des laïcs, témoigne d’un niveau assez bas de culture et de conscience religieuses. On trouve souvent ce défaut de science et de conscience là où on ne devrait pas l’attendre.

Aucun hétérodoxe ne peut attendre de nous que nous lui facilitions le rapprochement en minimisant nos dogmes, en les supprimant, en les adaptant ou bien en faisant silence sur ce qui nous sépare. Il est vrai qu’en soulignant les différences confessionnelles nous devons avoir autant à cœur d’être charitables que d’être vrais. (…) Notre époque est peu sympathique au dogme. Elle parle beaucoup de religion, mais elle évite de la formuler d’une manière dogmatique’’
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[Mgr Bernard BARTMANN, Professeur de théologie, Précis de Théologie dogmatique, Tome I, p.10, préface de l’auteur, 1928, traduit en français chez Salvator à Mulhouse et Casterman à Tournai, en 1947].

2. le parti-pris de présenter l’Église et sa doctrine sous un jour favorable, sympathique, susceptible d’attirer, de séduire, mais il n’est dit nulle part dans la Constitution dogmatique sur l’Église LUMEN GENTIUM que l’Église fondée par le Christ est une société parfaite parce qu’elle possède et qu’elle est seule, à l’exclusion de toute autre société, à posséder tous les moyens nécessaires et suffisants permettant à ses membres d’atteindre leur finalité ultime : le salut. Il est vrai que, par son caractère tranchant et exclusif, une telle affirmation risquait de porter ombrage à l’œcuménisme…

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Les méthodes préconisées par CARNEGIE pour réussir dans les ‘‘affaires’’, très utiles à l’industriel, au chef d’entreprise pour augmenter la production et la rentabiliser commercialement, n’ont pas leur place dans l’activité pastorale de l’Église, pour plusieurs raisons :

1. la mission donnée par le Christ à ses premiers apôtres, et bien entendu à leurs successeurs, n’est pas de proposer son enseignement de manière plaisante, en usant de ménagements et de diplomatie, pour ne pas choquer, mais au contraire de l’exposer avec fermeté : celui qui ne croira pas sera condamné. (Marc, XVI, 16).
2. le pragmatisme pastoral conduit lentement mais immanquablement à l’effacement progressif du dogme et à l’effacement des caractères propres de l’Église.

Une première directive pastorale significative de la dérive doctrinale est celle-ci. Au lendemain du concile, la Commission de pastorale liturgique, récemment créée, s’empressa de donner des directives nouvelles pour la liturgie des funérailles, par l’intermédiaire des réunions décanales : dorénavant, la finalité de la messe des funérailles, c’est la consolation des survivants, d’où est venue cette habitude, qui n’est pas blâmable en soi, d’inviter les membres de la famille à faire, tour à tour, l’éloge du défunt ; ce qui est blâmable, parce que c’est une tromperie par dissimulation, c’est que plus rien ne rappelle que la finalité première de l’office est de prier pour le repos de l’âme du défunt ; au contraire, tout le rituel exprime le dogme, qui n’est formellement énoncé nulle part mais qui est présent d’un bout à l’autre : le salut global de l’humanité.

C’est tout un chapitre de la doctrine du salut qui est ainsi tout simplement passé sous silence, pour plaire, par crainte de rappeler des vérités déplaisantes.

Qu’est-ce que les rassemblements inter-confessionnels d’Assise ont procuré à l’Église ? Positivement rien ; les protestants le sont restés, et les catholiques ne sont pas loin de le devenir ; l’indifférence religieuse et le scepticisme s’installent, ce qui est fatal dès lors que les représentants de toutes les religions y participent sur pied d’égalité, ce que les esprits faibles ne manquent pas d’interpréter comme signifiant que toutes les religions s’équivalent.
De quoi se plaignaient les cardinaux OTTAVIANI et BACCI dans leur lettre restée célèbre adressée à PAUL VI en date du jeudi saint 1969 pour protester contre le nouvel Ordo Missae ? Ils le disent clairement d’emblée:

‘‘Comme le prouve suffisamment l’examen critique ci-joint… le nouvel Ordo Missae… s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu’elle a été formulée à la XXe session du Concile de Trente…’’

Pour être précis, il convient de rappeler très sommairement que la Messe de rite multiséculaire a été définie comme étant essentiellement un sacrifice offert à Dieu pour quatre fins : 1° lui rendre l’honneur qui lui est dû, 2° le remercier de ses bienfaits, 3° satisfaire pour les péchés, et 4° pour obtenir toutes les grâces nécessaires (cf Catéchisme de St PIE X calqué sur celui du Concile de Trente) ; or, le nouvel O.M. ne manifeste plus le caractère essentiellement sacrificiel de la Messe, avec ses quatre finalités, et ne retient que le mémorial de la Cène, à l’instar du Culte protestant. On sait qu’en fait, ce nouvel O.M. est largement inspiré de ‘‘L’Eucharistie’’ de Taizé, qui avait été imprimé par Les Presses de Taizé en 1959, dix ans avant la promulgation du nouvel O.M. ; coïncidence ? PAUL VI passa outre aux observations des cardinaux, il passa outre à l’avis défavorable du Synode épiscopal qui refusait la ‘‘messe normative’’, pressé qu’il était de plaire aux protestants en établissant un compromis doctrinal liturgique, dans l’espoir de les récupérer diplomatiquement. Tout cela est archiconnu ; l’intérêt de ce rappel est de montrer, une fois de plus, que le pragmatisme pastoral tue du dogme.

Ce pragmatisme ne porte pas atteinte seulement au dogme, mais aussi à la morale ; on le constate aujourd’hui à travers le scandale des abus sexuels dans le clergé à tous les niveaux, mais faut-il s’en étonner ? quand le souci de la doctrine de la foi et des mœurs passe au second rang après les opportunités pastorales, par quoi la vie spirituelle serait-elle alimentée ? Avant le concile, il y avait çà et là quelques abus sexuels assez rares qui se comptaient par unités ; depuis le concile, on les compte par milliers et même par dizaines de milliers.

Ce n’est pas tout. Le pragmatisme pastoral conduit lentement mais immanquablement à l’effacement progressif des caractéristiques propres de l’Église. Cette évolution se marque tout particulièrement dans les actes du pape FRANÇOIS.

Quelles sont les caractéristiques propres à l’Église, permettant de la reconnaître ? C’est l’ensemble des propriétés qui donnent à l’Église catholique, parce que fondée par le Christ qui est Dieu, la particularité d’être unique, à l’exclusion de toutes autres sociétés religieuses prétendant au titre d’Église ; il ne peut évidemment exister qu’une seule Église divinement fondée (1).

Sous le terme de ‘‘propriétés’’ de l’Église, on entend les particularités qui sont essentielles à l’Église, parce qu’elles lui ont été conférées par le Christ son fondateur. Ces ‘‘notes’’ ou signés distinctifs ont ceci de particulier qu’elles rendent l’Église visible et par conséquent reconnaissable pour ceux qui sont appelés à y entrer. Ces notes, au nombre de quatre, figurent explicitement dans le CREDO qui résume l’essentiel de la foi catholique : et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam - je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique.

Non seulement ces ‘‘notes’’ particulières de l’Église doivent être des signes extérieurs visibles, mais il faut que chaque signe extérieur soit une caractéristique appartenant nécessairement à la véritable Église et qui ne peut pas ne pas s’y trouver, et donc une propriété essentielle visible permettant d’affirmer que la société qui la possède est l’unique et véritable Église du Christ, à l’exclusion de toute société religieuse ou secte ne la possédant pas. Or, c’est un fait patent que dans ses actes, démarches, discours, le pape FRANÇOIS s’éloigne de ces notes qui doivent toujours et partout caractériser l’Église du Christ et qu’on doit aussi percevoir dans les actes de celui qui est appelé à la gouverner.

I. L’unité de l’Église.

C’est la note la plus apparente, la plus immédiatement visible ; c’est aussi la plus essentielle parce que c’est par cette note que l’Église se distingue le plus clairement de toutes autres sociétés religieuses. On y distingue l’unité de foi, l’unité de gouvernement, l’unité de culte et de sacrements.

L’unité de foi est détruite par l’hérésie ; l’unité de gouvernement est détruite par le schisme.
À propos de schisme, K. RAHNER (l’un des théologiens qui ont fortement influencé le Concile) dit : ‘‘le schisme réel ruine l’unité ecclésiale’’. (Schisme dans l’Église, p.34, Collection Flèche, 1969). Dès les premières pages de son opuscule, RAHNER aborde la question préalable de savoir quand il y a schisme ; il concède que la distinction entre hérésie et schisme n’est pas simple, d’autant plus que le schisme implique parfois la négation d’un dogme, l’un n’impliquant pas toujours nécessairement l’autre, et inversement ; ‘‘il y a effectivement schisme, dit-il, dès qu’on refuse expressément, directement ou par des attitudes concluantes, d’obéir au pape comme chef suprême de l’Église universelle et représentant de son unité et (ou, le cas échéant) qu’on se sépare nettement de la communauté ecclésiale en cessant de participer à sa vie. Cela peut être le fait d’un individu ou d’un groupe’’. (op.cit., p.14). RAHNER n’imagine pas que ce cas pourrait être celui… du pape lui-même ! Venons-y :

La controverse soulevée par le document pastoral Amoris laetitia est très loin d’être solutionnée ; la finalité mal camouflée des instructions qu’il comporte était et demeure l’admission des divorcés remariés, vivant conjugalement, aux Sacrements et notamment l’eucharistie, tout en restant dans un état de vie non conforme aux exigences de la morale chrétienne, au mépris de l’enseignement et de la discipline sacramentelle traditionnelle de l’Église depuis St PAUL (I Cor., XI, 23-29).

Il n’est pas contestable ni contesté que ce document pastoral comporte plusieurs ambiguïtés qui ont relevées par quatre cardinaux sous la forme des ‘‘dubia’’, qui consiste à s’adresser au souverain législateur pour lui faire observer qu’il y a ‘‘doute’’ quant à l’interprétation ou l’application d’un point particulier, et pour l’inviter à y apporter les éclaircissements ou les précisions indispensables.

La suite est connue : silence équivalent à refus.

Silence lourd de conséquences ; en effet, en laissant délibérément subsister le doute, et en laissant ainsi la possibilité d’interprétations en sens divergents, FRANÇOIS a introduit dans la pratique de l’Église le principe du libre-examen protestant ; il en résulte que:

Remarque incidente : nul besoin d’être grand théologien pour comprendre que l’orthodoxie requiert rigoureusement l’orthopraxie et, inversement, que l’orthopraxie implique l’orthodoxie, les deux étant inséparables ; mais apparemment, FRANÇOIS n’en n’a cure ; priorité à la pastorale ! Le pragmatisme pastoral, c’est précisément cela.

II. La sainteté de l’Église.

Si la sainteté de l’Église est la plus précieuse propriété de l’Église, elle est moins immédiatement visible que les trois autres.

Le caractère de sainteté de l’Église est nécessité, postulé par : la sainteté de son fondateur le Christ. qui est Dieu, la sainteté de son évangile, de sa vérité, de la connaissance de Dieu, de la prière ; c’est pourquoi les membres doivent être saints ; mais on ne naît pas saint, on le devient, on doit et on peut le devenir par la vertu à l’aide de la grâce et à l’aide des sacrements qui la procurent.

Or, c’est précisément dans le domaine de la vie sacramentelle que la pastorale nouvelle proposée par l’exhortation A.L. porte gravement atteinte à la sainteté, dès lors qu’il facilite l’accès aux sacrements pour les divorcés remariés vivant conjugalement, demeurant dans un état de vie non conforme aux exigences de la vie chrétienne.

III. La catholicité.

Les auteurs l’entendent sous deux aspects distincts mais complémentaires : la catholicité de fait et la catholicité de droit:

Le développement de l’Église au cours des siècles n’est pas un fait accidentel, mais la résultante de l’exercice ininterrompu par l’Église de son mandat divin. Or, voici que par des discours et des propos stupéfiants, FRANÇOIS condamne désormais l’action missionnaire de l’Église comme obstacle à l’unité (unité de quoi ? avec qui ? à quelle fin ? questions examinées ci-après au sujet de la divinité et de l’unicité de l’Église) :

Les citations reproduites ci-avant ne sont que des échantillons parmi des dizaines d’autres analogues qui tendent à réduire l’essor missionnaire de l’Église à un témoignage muet, autant dire à se taire, ce qui est exactement le contraire du mandat donné par le Christ aux premiers apôtres et à leurs successeurs : allez, enseignez…

Conclusion : en discréditant, comme il le fait, l’extension virtuelle de l’Église, FRANÇOIS porte atteinte gravement à la catholicité de l’Église ; il viole le mandat d’évangélisation donné par N.S. à l’Église, qui est un ordre formel.

IV. L’apostolicité.

On y distingue classiquement l’apostolicité d’origine, l’apostolicité successive et l’apostolicité de doctrine. l’Église a été fondée par N.S. sur les premiers apôtres et s’est transmise jusqu’à présent par leurs successeurs ; c’est là un fait historique.

Les éléments essentiels de l’apostolicité de l’Église sont : la doctrine, le culte, les moyens de salut, les pouvoirs ; l’apostolicité de l’Église se réalise dans le fait que ces éléments essentiels remontent sans interruption jusqu’aux apôtres ; sans interruption ? c’est la question qui se pose aujourd’hui ; après l’analyse qui précède au sujet des trois premières ‘‘notes’’ de l’Église, il devient clair que la succession apostolique est en instance de rupture. Et s’il y a rupture de l’apostolicité, comment pourra-t-on porter à la liste des successeurs de Pierre le nom de celui qui la brise?

V. L’unicité et la divinité de l’Église.

Ces deux propriétés, qui ne figurent pas explicitement dans le CREDO, se confondent : l’Église catholique est unique parce qu’elle a été fondée par Le Christ qui est Dieu et parce qu’il est impossible qu’il existât plusieurs Églises différentes d’origine divine ; c’est par impropriété de langage qu’on parle d’Églises luthériennes, calvinistes, anglicanes ; il n’y a que des ‘‘Confessions’’ chrétiennes à côté de la seule vraie Église ; on l’oublie trop souvent.

La divinité de l’Église avec son corollaire l’unicité est un dogme révélé divinement, ce qui résulte de la lecture conjointe des récits évangéliques relatant:

Octobre 2016. Lund.
Les luthériens s’y rassemblent pour fêter solennellement le 500e anniversaire du schisme de LUTHER, rompant ouvertement avec Rome en même temps qu’avec l’Église, et entraînant en masse la population allemande dans l’hérésie. Poussé par un étrange souci pastoral, FRANÇOIS les y rejoint pour se réjouir avec eux de cette rupture qu’il cherche à excuser, par flatterie, en l’imputant aux hommes du pouvoir politique de l’époque. En raison de sa qualité de Souverain Pontife, le fait de se joindre aux représentants mondiaux du luthéranisme célébrant l’anniversaire de leur schisme ne pouvait manquer d’être interprété comme une approbation implicite des conséquences doctrinales de leur rupture:

La présence de FRANÇOIS à Lund en cette circonstance importante et le jeu qu’il y a joué sont plus que des faits matériels anodins; ils impliquent la négation de l’unicité de l’Église (le fait d’être unique) et de la divinité de l’Église.

Il est allé plus loin encore, à cette occasion. Par un véritable détournement de pouvoir, il a convenu avec la Fédération luthérienne mondiale de travailler conjointement avec ces Confessions chrétiennes à promouvoir l’entente, la paix, la concorde, la considération réciproque, la tolérance. Or, cet engagement multilatéral est dépourvu de toute valeur canonique, parce que le pape n’a pas compétence d’attribution pour s’engager dans des conventions de ce genre ; cet engagement est en outre dépourvu de simple valeur juridique, à défaut d’objet déterminé ou déterminable, et à défaut de qualité des personnes qui s’engagent. C’est une comédie, aussitôt suivie par une deuxième comédie : l’accueil réservé à la statue de Luther au Vatican. Autant de faits impliquant une fois de plus la négation de l’unicité et de la divinité de l’Église.

FRANÇOIS hérétique? schismatique? S’il n’est formellement ni l’un ni l’autre, le fait est qu’il sympathise avec l’hérésie et le schisme et favorise leur pénétration dans l’Église. On ne perçoit plus, dans ses actes, ses démarches, ses propos, aucune des ‘‘notes’’ qui doivent caractériser l’Église ; sous sa gouvernance, celle-ci devient méconnaissable, parce qu’elle se différencie de moins en moins des autres Confessions chrétiennes.

Après le cinéma de Lund en octobre 2016 et sa séquence au Vatican, on pouvait déjà se poser la question de savoir si, en acceptant son élection au pontificat, FRANÇOIS avait l’intention réelle de défendre la foi catholique et de promouvoir son expansion, trop de faits démontrant le contraire. Le pragmatisme pastoral a tout corrompu dans la vie de l’Église.

On ne saura jamais le nombre de ceux qui, au lendemain du concile, se sont laissé duper par ces slogans qu’on ne supporte plus : l’ouverture au monde, l’œcuménisme et le dialogue. Et ajoutons-y pour être complet : l’Église doit évoluer pour s’adapter au monde de notre époque.
Basta ! Ça suffit !

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NDLR:
(1) Ouvrage consulté : Mgr Bernard BARTMANN, Précis de Théologie dogmatique, Tome II, Chap.III, Propriétés et notes de l’Église, p.198-216


Roger LEFEBVRE, Avocat Hre

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