La colère du Père Hunwicke

Le plus british et (en général) le plus flegmatique des prêtres blogueurs, s'exprime sans langue de bois sur la "lettre mutilée" de Benoît XVI (19/3/2018)

 
Souvent, en politique, ce ne sont pas les grandes affaires qui provoquent une crise, mais des choses qui au début étaient tout à fait insignifiantes.

"Like getting blood out of a stone" (*)


(*) « Faire sortir du sang d’une pierre », c’est essayer de faire parler quelqu’un qui s’y refusera de toute façon


P. John Hunwicke
18 mars 2018
Traduction par Isabelle

* * *


Qui aurait pensé qu’il y avait, dans cette lettre du pape émérite Benoît, un autre paragraphe encore que Mgr Vigano a tenté de dissimuler ? Un paragraphe complet, révélant que Ratzinger, pour notre bonheur, n’est pas devenu mentalement faible et démuni dans sa vieillesse ; un paragraphe dans lequel il montre qu’il n’accepte pas d’être malmené par des ennemis ricanants, même s’il n'est plus pape [voir le blog <Settimo Cielo>].

Benoît XVI se dit stupéfait qu’on ait osé lui demander de vanter, par courtoisie, un théologien (parmi d’autres) qui, pendant les deux derniers pontificats, a été un adversaire tapageur et impénitent des papes.

Et il a très bien fait.

Je connais peu les autres pays, leurs normes politiques et culturelles et leurs modes de fonctionnement. Pour mon propre pays, je sais qu’il est loin d’être parfait et que sa vie publique est souvent dégradée par des gens qui s’en tireront toujours, usant de tous les moyens, jusqu’à ce qu'ils soient découverts. Sexuellement, financièrement ... tout ce que vous voulez. Mais ...

… dans mon pays, un tel épisode aurait, sans l’ombre d’un doute, abouti à une démission ou à un licenciement, tout cela dans un contexte de disgrâce publique.
Y aurait-il un de mes compatriotes pour me contredire ?

Peut-être cet épisode se terminera-t-il effectivement ainsi. Nous verrons.

Si ce Monsieur Vigano devait être maintenu dans ses fonctions, ce serait le dernier détail qui viendrait illustrer publiquement la corruption morale qui se trouve au cœur même de ce pontificat qui a échoué (failed pontificate). Souvent, en politique, ce ne sont pas les grandes affaires qui provoquent une crise, mais des choses qui au début étaient tout à fait insignifiantes. Au cours de l’ère bergoglienne, les deux catastrophes majeures ont été la malhonnêteté dans le domaine de la pédophilie, accompagnée de fanfaronnades déplacées et d’opérations de protection et de copinage; et les tentatives de saper et de pervertir de manière sournoise l'enseignement moral de l'Église. Ces choses comptent infiniment plus que l’épisode idiot et mineur que nous vivons.

Néanmoins, ce « Lettergate » fournit un instantané vif et juste de sales petits bonshommes impliqués dans de sales petites affaires, poursuivant des buts tout à fait sales. Même les vétérans anti-ratzinguériens de la blogosphère comme le journaliste Robert Mickens disent que Vigano devrait démissionner ou être limogé.

Si l’on ne peut pas faire comprendre au pape qu’il doit nettoyer ses propres écuries d’Augias, on devrait sûrement l’obliger à partir. Non pas la semaine prochaine, mais cette semaine.

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