La vérité sur "l'effet François".

En réalité, une déchristianisation sans précédent du monde - occidental en particulier. Une réflexion de Marcello Veneziani (3/1/2018)

>>> "Tramonti" (Crépuscules)

 

"Motus in fine velocior"

Il y a maintenant presque 5 ans, juste après l'élection de Jorge Mario Bergoglio au Trône papal, les "thuriféraires" déjà très zélés (Tornielli et Introvigne en tête), mais qu'on n'appelait pas encore ainsi, car on pensait qu'ils disaient (peut-être) la vérité, s'appuyant sur de prétendues enquêtes d'opinions et des propos ex tempore de prélats courtisans, annonçaient un miraculeux "effet François" se traduisant par des files interminables devant les confessionnaux et un retour massif à la messe dominicale.
Que reste-t-il de tout cela aujourd'hui?
Après Phil Lawler (cf. Un nouveau livre "contre" le Pape), voici la réponse de Maurizio Veneziani.
Si la déchristianisation exponentielle ne peut évidemment pas être imputée au seul François, il est non moins évident que son pontificat, loin d'inverser la tendance, n'a fait que l'accélérer.

 

Le pape se répand, la foi se retire


www.marcelloveneziani.com
23 décembre 2017
Ma traduction

* * *

Plutôt que de se soucier de l'effet médiatique de ses apparitions, des rohingia musulmans persécutés (les persécutés chrétiens l'intéressent moins) ou de déverser toutes sortes d'anathèmes sur les complots et les méfaits de la curie, le Pape devrait s'inquiéter d'une chose terrible pour tous, mais mortelle pour un Pontife: les Italiens qui se déclarent catholiques sont aujourd'hui 60,1%, ils étaient 79,2% en 2000 (1).

Un quart de moins en quelques années, une vitesse de déchristianisation sans précédent.

Ceux qui disent qu'ils ne croient en aucune religion sont passés en peu de temps à un sur trois. Les "pratiquants assidus" représentent 25,6 %, soit moitié moins qu'en 2000.

Un quart des Italiens, presque comme les tifosi de football ou les spectateurs du JT. Ce sont des chiffres qui certifient l'échec du nouveau cours papal, ou du moins son incapacité absolue à renverser la tendance.

Est-ce trop demander à Bergoglio, que de se poser au moins la question, et d'y donner une réponse honnête, sans chercher d'alibis ou de complots pour se décharger de ses responsabilités? D'autant plus que, comme on le sait, ces chiffres concernent l'ensemble de la chrétienté en Occident et pas seulement en Italie; peut-être moins voyants dans les périphéries du monde que dans les lieux centraux de la civilisation chrétienne.

Mais c'est la tendance, et si nous la combinons au déclin démographique des populations chrétiennes, le tableau est désespérant et oscille entre déclin et extinction. J'ai consacré de nombreuses pages au déclin du christianisme dans le livre "Tramonti", publié il y a quelques mois. Mais il est impressionnant de constater à quel point une réflexion coïncide avec une statistique, une ligne de pensée est confirmée dans un phénomène certifié par des chiffres.

Certes, les épisodes sombres ayant impliqué des pasteurs, des évêques et des cardinaux dans de troubles affaires de sexe et d'argent ont eu un impact sur l'éloignement de la foi.

Et ce qui a eu encore plus d'impact, c'est la déschristianisation rapide de notre temps, qui remplace Dieu par l'ego ou d'autres idoles de passage, la dévotion par la haute technologie, la religion par la consommation, le mysticisme par l'extase, les valeurs morales par le politiquement correct. Un processus long et profond qui n'a certes pas commencé avec le pontificat de Bergoglio ou celui de ses prédécesseurs.

Mais cette poussée, cette accélération de ces dernières années, les églises qui se vident, les croyances, les vocations qui s'éteignent inexorablement, non seulement tout cela n'est pas limité par la présence d'un pape si apprécié des médias et des fabriques de consensus, mais est au contraire aggravé par le fait qu'il substitue à une tradition millénaire, avec ses rites, ses liturgies, sa vision de l'humanité, sa révision personnelle, qui plaît à l'esprit de notre temps.

Vivre avec son propre temps n'est pas une vertu si ce même temps marche insouciamment et désespérément vers la négation de tout sens du sacré, de Dieu et de la limite humaine, et est voué à un athéisme pratique et radical sans précédent.

Dieu abandonne le christianisme, mais le Pape monopolise les médias.

NDT


(1) La situation dans notre pays est encore bien pire, si l'on en juge par cet article du Monde en 2015, au lendemain de l'attentat à Charlie Hebdo, qui titre avec soulagement "Plus de la moitié des Français ne se réclament d'aucune religion" et voit la France comme "l'un des pays les plus athées au monde", affirmant entre autre que "4,5% des français catholiques vont à la messe": www.lemonde.fr.

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