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Le Pape qui dit tout et son contraire

Cette tournure d'esprit, maintes fois observée, trouve une nouvelle confirmation dans les propos tenus lors de la traditionnelle conférence de presse en altitude, dans l'avion de retour des JMJ de Panama. François, tout en maintenant la doctrine, "initie des processus". Analyse de Riccardo Cascioli (29/1/2019)

>>> Pour ceux que cela intéresse, la conférence de presse du Pape en français ici: fr.zenit.org

Le plus triste, c'est qu'il y ait des gens qui, en toute bonne fois, tombent systématiquement dans le panneau...

Le Pape, un langage contradictoire mais calculé

Riccardo Cascioli
29 janvier 2019
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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La conférence de presse de retour du Panama a confirmé la tendance du Pape à utiliser un langage contradictoire, de sorte que celui qui l'écoute finit par y prendre ce qui lui convient le mieux. Mais en y regardant de plus près, la direction qu'il entend prendre est claire.

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Comme toujours, la conférence de presse tenue par le pape François à son retour du Panama a offert des points de réflexion intéressants. En gardant toujours à l'esprit qu'il ne s'agit pas de magistère, mais d'opinions personnelles et qu'en tant que telles, on peut les discuter, même si ce n'est que parce que les jugements du Pape sont destinés à orienter l'opinion publique catholique et à créer la perception de ce qu'est l'Église parmi ceux qui ne sont pas catholiques. Il vaut aussi la peine d'en parler parce que, d'une part, elles donnent une indication sur la méthode de pensée du Pape, d'autre part, elles donnent des indications sur les choix pastoraux qu'il fait ou entend faire.

Le principal facteur qui ressort est la manière contradictoire de s'exprimer, l'affirmation d'un jugement mais aussi son contraire, de sorte que chacun tire de ses discours ce qui l'intéresse. Un exemple évident est la réponse donnée hier concernant le célibat sacerdotal. Dans la première partie, il a défendu le «don» du célibat, sa validité pérenne qu'il n'a pas l'intention de remettre en question, même de loin. Mais ensuite, voici l'exception: «il resterait seulement des possibilités dans des endroits éloignés, je pense aux îles du Pacifique, mais c'est quelque chose auquel il faut réfléchir quand il y a un besoin pastoral». Autrement dit: s'il n'y a pas de prêtres et que l'Eucharistie peut être rarement distribuée, alors.... Alors on comprend pourquoi certains journaux titrent sur le célibat qu'on ne touche pas et d'autres sur les ouvertures aux prêtres mariés. De son discours, chacun peut prendre la part qui lui convient le mieux.

En réalité, en allant plus à fond dans sa réponse, il est clair que nous en sommes toujours à la méthode de «démarrer des processus» qui lui est si chère. Cela commence par des exceptions: lieux éloignés, prêtres visitant les communautés une fois par an (mais ceci n'est pas un problème nouveau, et pourtant la possibilité de prêtres mariés n'a jamais été envisagée par les Papes), puis les exceptions deviennent rapidement la règle. Du reste, les évêques allemands se sont déjà engagés sur cette voie et le thème des "viri probati" sera à l'ordre du jour du prochain Synode de l'Amazonie qui aura lieu en octobre à Rome.

Le Pape a aussi mis sur le tapis les thèses d'un certain Père Fritz Lobinger (1) sur une forme «réduite» de sacerdoce pour les hommes mariés, donnant l'impression d'une idée en l'air, pas vraiment pensée, comme pour dire qu'il y a de nombreuses hypothèses à étudier. Mensonge, en réalité, c'est une voie à laquelle on pense depuis longtemps: le cardinal Reinhard Marx, président des évêques allemands et l'un des plus proches collaborateurs du Pape, a dit en novembre 2017, se référant précisément au thème des prêtres mariés, que le Pape François avait déjà recommandé en 2015, pendant la visite ad limina des évêques allemands, de lire les oeuvres du Père Lobinger. Donc, on voit clairement où l'on veut en venir.

Un autre exemple de cette façon flottante de parler est celui qui concerne migrants. Le thème de l'accueil, des frontières ouvertes, de la porte ouverte à tous est un véritable martèlement dans ce pontificat, au point que parmi les plus ardents partisans du Pape François, on commence même à réclamer l'excommunication pour ceux qui veulent mettre un frein à l'immigration clandestine. Mais hier, et pour rendre hommage à la vérité, ce n'est pas la première fois, le Pape a fait un discours beaucoup plus modéré et articulé, allant même jusqu'à soutenir le concept du «aidons-les chez eux». Des mots qui auraient même été plausibles dans la bouche de Matteo Salvini. Et encore une fois, chacun prend dans le discours du Pape ce qui lui convient le mieux.

Mais dans ce cas aussi, le vrai processus que le Pape a commencé doit être compris à partir de l'ensemble des interventions et des mécanismes qu'il met en marche: face à quelques règles qu'il met de temps en temps au principe de l'accueil, il y a une dose massive d'interventions et de gestes en faveur de ceux qui appuient l'abolition des frontières nationales. Et il y a même des évêques qui - comme nous l'avons vu hier - sont devenus d'authentiques ultras.

En tout cas, cette façon de proposer sa pensée crée inévitablement confusion, frustration et division, et on le voit à la façon dont les observateurs et beaucoup de fidèles se battent à coup de citations du Pape qui se contredisent l'une l'autre.

NDT

(*) Je lis à l'instant ICI sous la plume d'Yves Daoudal:

«François dit que le Père Lobinger a écrit un "livre intéressant" sur le sujet, selon Jean-Marie Guénois.»

« Mgr Fritz Lobinger, évêque émérite d’Aliwal (Afrique du Sud), est le “père” de l’expression “prêtres de communauté” qu’il a exposée dans le livre Teams of Elders. Moving beyond Viriprobati (2007) dans lequel il souhaite l’introduction dans l’Église de deux types de prêtres: les prêtres diocésains et les prêtres de communauté, les premiers célibataires, à temps plein, les seconds mariés, avec une famille, à la disposition de la communauté dans laquelle ils vivent et travaillent (Correspondance Européenne)».

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