"Lettre du Pape François au peuple de Dieu" (I)

Une analyse argumentée critique lue sur un site italien pas vraiment bergogliophile (22/8/2018)

>>> Le texte de la lettre: w2.vatican.va
>>> Voir aussi: Le tour de passe-passe de François

Lettre du Saint-Père François au peuple de Dieu


Giovanni Servodio
www.unavox.it
Ma traduction

* * *

Sous ce titre, le Pape François a publié le 20 août 2018, une exhortation enflammée à s'engager contre la propagation dans l'Église des «abus sexuel de pouvoir et de conscience commis par un nombre considérable de clercs et de personnes consacrées».

Le fil conducteur de cette lettre est encore la réprobation et la honte pour la «saleté» qui «existe dans l'Église, et aussi parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient Lui appartenir complètement»; paroles prononcées en 2005 par le Cardinal Ratzinger à la neuvième station du traditionnel Chemin de Croix au Colisée et reprises ici par François.
Et immédiatement, on s'étonne du fait que 13 ans et deux papes se sont écoulés depuis lors et pourtant on continue à parler de la même «saleté». Manifestement, quelque chose ne tourne pas rond.

Toute bonne mère de famille sait que la «saleté» s'enlève avec de vigoureux coups de balai et avec un chiffon imbibé d'eau et de détergent suivi du désinfectant nécessaire. Mais dans l'Église actuelle, en 13 ans, les responsables du nettoyage semblent avoir ignoré cette tâche élémentaire [ndt: l'auteur est injuste: Benoît XVI a fait de manière concrète, et en luttant presque seul contre un lobby dont on perçoit seulement maintenant la puissance néfaste, tout ce qu'il était humainement possible de faire] (1). Soit ils ne savent pas nettoyer, soit ils n'ont pas le temps de le faire; inutile, ensuite, de se frapper la poitrine et d'inviter le «peuple de Dieu» à faire la même chose comme si c'était un malheur venu à l'improviste de l'extérieur, peut-être du fait de quelque malintentionné.

Le long de ce fil conducteur, le Pape François affirme «avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies. Nous avons négligé et abandonné les petits».
Le scénario est toujours le même: ceux qui devaient nettoyer n'ont pas nettoyé, mais la responsabilité, la honte et le repentir seraient ceux de toute la «communauté ecclésiale». C'est comme de dire que le berger négligent et négligé, qui a laissé les moutons à la merci des loups, n'est pas à blâmer.... le blâme repose sur le troupeau de moutons.... dingue!

C'est ainsi qu'«aujourd’hui nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit». C'est comme si l'on disait que les loups ont tué et éviscéré les moutons .... pendant que le berger folâtrait et admirait les papillons... et qu'ensuite tout le troupeau doive assumer leur mort.
Au point que «chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur».
Pénitence, prière, jeûne pour le «saint peuple de Dieu», tandis que le berger continue à folâtrer et à courir après les papillons.
Vraiment une étrange façon d'être berger.... allez-y, vous, moi, j'ai à faire.

Et cela parce que «le seul chemin que nous ayons pour répondre à ce mal qui a gâché tant de vies est celui d’un devoir qui mobilise chacun et appartient à tous comme peuple de Dieu. Cette conscience de nous sentir membre d’un peuple et d’une histoire commune nous permettra de reconnaitre nos péchés et nos erreurs du passé avec une ouverture pénitentielle susceptible de nous laisser renouveler de l’intérieur».
Passe encore s'il s'agissait du «plurale maiestatis», mais le Pape François a toujours refusé l'usage de cette façon de s'exprimer, de sorte qu'il est évident qu'ici le fardeau qui est propre au pasteur incombe à toute la communauté des fidèles, aux brebis.
«Nous demandons pardon pour nos propres péchés et ceux des autres» - continue le Pape - «Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience».
Et ici, la cause de la «saleté» reste encore obscure, comme si «tout type d’abus sexuel» venait de la lune, comme si c'était quelque chose d'étranger à la «communauté ecclésiale» et à la «société».

Dans ces quatre pages à faire pleurer dans les caumières, il y a beaucoup de belles paroles, beaucoup de bonnes intentions, mais il manque des choses essentielles, sans lesquelles tout le discours se transforme en retentissement d'une cymbale (cf. I Co 13, 1), bien que le mot «charité» abonde dans le texte. En fait, la vraie charité exige la vérité et la vérité est que la «saleté» fait partie intégrante de ce monde actuel sans Dieu et sans morale, un monde auquel la nouvelle Église née avec Vatican II a ouvert ses portes de manière coupable, laissant pénétrer toutes sortes de laideur.
Continuer à parler de clercs et de personnes consacrées qui s'engagent dans des pratiques nuisibles et contre nature, corrompant jeunes et vieux, inconscients ou consentants, sans même mentionner le fait que le déversement inattendu de la «saleté» du monde vers l'Église est la cause première du mal dénoncé, c'est en devenir complices ou même promoteurs.

Et cette lacune, au fond, n'en est même pas une, parce que lorsqu'on dit qu'il faut s'engager «avec la société en général» pour lutter contre toute forme d'abus, on donne à cette «société» un certificat de virginité malgré qu'elle soit depuis longtemps devenue le berceau de tout le mal et de tout le vice.
Le Pape se révèle ainsi être la caution d'un monde qui, sur les traces du désordre et du vice, court vers sa ruine, entraînant avec lui les mauvais comme les bons.

Il fut un temps où l'Église était un saint rempart dans un monde impie, elle réussissait à faire déborder sa sainteté dans le monde, dans lequel elle a implanté tant de bonnes œuvres et contenu l'influence néfaste du démon. Aujourd'hui les choses se sont inversées: c'est dans l'Église que les atrocités du monde débordent, y compris les hommes et les concepts qui sont à l'opposé de la vérité chrétienne; et il faut se rappeler que c'est précisément à partir de Vatican II, avec la propagation coupable de la soi-disant pastorale liée à l'«immersion dans le monde», que les cas sporadiques de clergé dépravé sont devenus monnaie courante dans la nouvelle Église «ouverte» au monde: à commencer par les séminaristes acceptés dans les séminaires malgré leur propension évidente au vice, et destinés à devenir même évêques et cardinaux. Au fil des années - et plus de 50 ans ont passé - l'acceptation du vice est devenue la norme commune, jusqu'à la nouvelle pastorale «modernisée» et adoucie de Bergoglio lui-même, qui pleure aujourd'hui sur le lait renversé, oubliant que cela fait cinq ans qu'il verse ce lait acide avec ses «joies de l'amour», son «qui suis-je pour juger» et ses nominations de clercs dépravés dans des postes clés de la Curie romaine, y compris les instituts délégués aux soins des familles et des jeunes.

Et voilà ce qui manque également dans cette lettre: on n'y trouve pas la moindre mention de ce que le Pape devrait faire pour éliminer toute cette "saleté". Mais comment le pourrait-il, s'il continue à soutenir que les méchants sont l'objet du premier soin de la miséricorde - la sienne et non celle Dieu - et s'il continue à garder à leur poste ceux qui s'adonnent au vice?

C'est une belle lettre, qui a visiblement fait s'extasier de nombreux médias et de nombreux catholiques «adultes» qui idolâtrent Bergoglio lorsqu'il déforme l'Évangile, s'ouvre aux gays et se ferme aux catholiques sérieux qui respectent les lois de l'Église et de Dieu.
Personne ne semble avoir remarqué que c'est comme si Bergoglio parlait du septième ciel, où il serait perché, immaculé et vierge, se permettant d'inviter le "peuple de Dieu" à partager la honte et à pratiquer la pénitence et le repentir, tandis que les méchants restent à leur poste, protégés par lui qui est l'un des responsables actuels de la dégradation de l'Église.

NDT

(1) Sans parler de la réduction à l'état laïc de nombreux prêtres coupables d'actes immoraux, n'oublions que dès sa première année de pontificat, il approuvait une "Instruction de la Congrégation pour l'Education catholique sur les critères de discernement vocationnel au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles en vue de l'admission au séminaire et aux Ordres sacrés", cf. www.vatican.va.
On y lit en particuler:

Depuis le Concile Vatican II jusqu'à ce jour, divers documents du Magistère - et particulièrement le Catéchisme de l'Eglise catholique - ont confirmé l'enseignement de l'Eglise sur l'homosexualité. Le Catéchisme distingue entre les actes homosexuels et les tendances homosexuelles.
Au sujet des actes, il enseigne qu'ils sont présentés dans la Sainte Ecriture comme des péchés graves. La Tradition les a constamment considérés comme intrinsèquement immoraux et contraires à la loi naturelle. En conséquence, ils ne peuvent être approuvés en aucun cas.
(...)
Dans la lumière de cet enseignement, ce Dicastère, en accord avec la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements estime nécessaire d'affirmer clairement que l'Eglise, tout en respectant profondément les personnes concernées , ne peut pas admettre au Séminaire et aux Ordres sacrés ceux qui pratiquent l'homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu'on appelle la culture gay.

Un article de Zenit (reproduit sur le site ESM) notait: «Cette Instruction est la première promulguée sous le pontificat de Benoît XVI. Le pape avait suivi sa préparation en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il a fallu plusieurs années et de nombreuses relectures de la part d'experts en psychologie, en théologie et en morale, sans compter celles des différents dicastères concernés par la question, notamment ceux responsables de la formation des séminaristes dans le monde, pour pouvoir la promulguer.»

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