Regard sur le Synode

Marco Tosatti fait un bref tour d'horizon (plein d' humour), résumant toutes les rumeurs qui courent sur le document final. Bien entendu, les ouvertures attendues, notamment sur le thème des LGBT ne seront pas abordées frontalement - ce qui serait pour le moins stupide -, mais de biais. "Fourberie" papale oblige (25/10/2018)

Synode: certains craignent que la Secrétairerie d'Etat puisse contrôler comment les Pères ont voté. Et puis...


25 octobre 2018
www.marcotosatti.com
Ma traduction

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Nous nous sommes peu ou pas du tout occupés du Synode; nous nous excusons auprès des lecteurs de Stilum Curiae, mais comme vous l'avez vu et lu, des affaires et des nouvelles plus urgentes semblaient primer sur le flot de paroles de cette assemblée. Nous nous en occupons aujourd'hui, à quelques jours du vote du document final, parce que nous avons rencontré un ami, une figure remarquable de la Curie, qui nous a fait partager les humeurs présentes parmi les évêques et les cardinaux.

En réalité, beaucoup de gens sont convaincus que le document est déjà prêt depuis un certain temps, dans ses grandes lignes: «Ils répandront quelques phrases ici et là, tirées de quelque intervention, et ils feront comme on fait en cuisine, comme le sucre glace sur les gâteaux».

Bien sûr, il y a toujours la possibilité qu'en plus du sucre glace, il y ait des substances moins inoffensives dans le texte, et plus loin nous rapportons ce qu'écrit le collègue Edward Pentin, du National Catholic Register, qui a plus d'une observation à faire; y compris au sujet de l'acronyme LGBT, introduit clandestinement (mais par quelle main? Cela n'a jamais été clarifié) dans l'Instrumentun Laboris, et soutenu par le Grand Manitou du Synode, le cardinal Baldisseri. Cependant, selon notre ami, la majorité ne souhaite pas que le sigle LGBT soit mentionné.

Il y a ensuite une remarque intéressante, qui en dit long sur l'atmosphère libre et fraternelle qu'on respire dans l'Église actuelle : «On craint que le secrétariat ne sache comment nous allons voter parce que nous utilisons pour voter le même instrument que celui avec lequel chaque matin nous enregistrons notre présence et il indique le numéro de la place correspondant au nom». Et naturellement, il y aurait des conséquences pour ceux qui ont voté différemment des souhaits et des voeux du sommet. La ressemblance avec une Assemblée nationale du peuple chinois est de plus en plus forte. Est-ce un effet de l'échange culturel et de l'accord avec XI Jinping ?

La proposition de création d'un dicastère pour les jeunes n'a pas fait l'objet d'un consensus. «Proposition minoritaire parce qu'il existe déjà un dicastère pour les laïcs avec un bureau pour les jeunes. Entia non sunt multiplicanda [Les entités ne doivent pas être multipliées]. Il pourrait y avoir la suggestion d'une Commission permanente au niveau paroisses-diocéses-Saint-Siège». Et cela, étant donné l'amour du Souverain Pontife pour les commissions, ne semble pas être une hypothèse absconse.

Le sentiment général est que le Synode est devenu une machine trop grande et trop oppressante. Il faudrait moins de monde. Une personne par pays. Une consultation préalable par courrier entre les évêques, l'assemblage des différentes propositions, puis la livraison du produit écrémé aux Pères pour une rencontre de deux semaines seulement.

Chez pas mal de Pères - ceci pour la petite histoire du Synode, en relation avec la tempête des scandales qui ont frappé l'Église - perplexité sur la présence des Cardinaux Cupich, Farrel et Maradiaga. «On parle aussi du Substitut...» nous dit notre ami; évidemment, ils ont lu ce que l'Espresso a écrit et la Fede Quotidiana, qui a publié la lettre des laïcs de Maracaibo sur Mgr Pena Parra [cf. Copinage ]

Selon Edward Pentin, deux chapitres de l'ébauche du document final sont consacrés à la synodalité (c'est-à-dire au modèle de gouvernement à la manière de l'Église anglicane), même si le sujet a à peine été effleuré dans un Synode qui devait être axé sur les jeunes. En pratique, il s'agit d'une "révolution permanente" dans l'Église. Si nous pensons aux antécédents maoïstes de la révolution permanente, il n'y a pas lieu de se réjouir....

En revanche, sur le thème de l'homosexualité et de l'acronyme LGBT, parrainé par l'activiste James Martin sj, selon Pentin, la façon de contourner le problème est à l'étude, remplaçant l'acronyme par celui de «qualité des relations humaines», et par la nécessité de «clarifier l'anthropologie», ou utilisant le terme «nouvelle anthropologie». Et pour créer un petit pied-de-biche [pour crocheter la serrure], on aimerait proposer l'idée que le document final soit lu en continuité avec l'Instrumentum Laboris, le texte de travail du Synode, qui lui utilisait le terme LGBT......

Sandro Magister nous assure qu'il ne devrait pas y avoir de surprises dans ce domaine, comme il l'a écrit ces derniers jours, et peut-être le Souverain Pontife, qui, comme nous le savons, est un peu fourbe, a-t-il compris qu'en ce moment, avec le problème de l'homosexualité cléricale endémique et liée aux abus, insérer le dédouanement des relations homosexuelles dans le document final du Synode serait une erreur politique.

Il est bien sûr intéressant de noter que le cardinal Ouellet, l'auteur de la négation-confirmation à Viganò, a dit dans son discours que l'Église doit intégrer plus de femmes dans la vie de l'Église pour résoudre le problème du cléricalisme et d'un sens masculin exagéré. "Cléricalisme" est un terme crypté - utilisé dans ce sens par le Pontife d'abord, puis adopté en cascade par la cour, jusquaux thuriféraires et aux palefreniers, pour ne pas dire ""homosexualité", un mot qui, pour une raison quelconque, semble tabou dans ce Pontificat. On se demande bien pourquoi.

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