Une nouvelle "affaire FFI"?

Cette fois, c'est une petite communauté religieuse "traditionaliste" de Laval, les Petites Sœurs de Marie, Mère du Rédempteur, qui est dans le collimateur des autorités romaines. Marco Tosatti s'empare du problème (12/11/2018)

Carlota me transmettait hier le lien vers un article du site <Riposte Catholique>, qui reproduit une lettre signée par la presque totalité des religieuses d'une Communauté de Laval (les Petites Sœurs de Marie, Mère du Rédempteur) demandant à être relevées de leurs voeux, après avoir fait l'objet d'une mesure de mise sous contrôle d'une commission apostolique.
Une affaire qui ressemble furieusement à celle des Frères Franciscains de l'Immaculée, ou plus récemment de la Fraternité des Saints Apôtres, à Bruxelles (cf. La justice au Vatican, un cas emblématique (I)), et qui interpelle VRAIMENT sur les motivations et les objectifs de ce ponficat, notamment l'hostilité envers la Tradition: pourquoi cet acharnement?
La bonne nouvelle, c'est que cette information française, dont - c'est le moins que l'on puisse dire - la couverture médiatique a été pratiquement nulle chez nous (alors que les médias se délectent quotidiennement, avec une insistance malsaine, des affaires de pédophilie cléricale), a franchi nos frontières au point d'être reprise par un journaliste très connu, au moins dans le milieu des initiés, Marco Tosatti. Ce qui devrait assurer au sort des malheureuses religieuses une "publicité" pour une fois bienvenue.

Comment le Vatican détruit un ordre religieux de soeurs en france. 34 sur 39 renoncent à leurs vœux.
Bravo


Marco Tosatti
12 novembre 2018
www.marcotosatti.com
Ma traduction

* * *

La gestion autoritaire habituelle (cléricalisme? Cela vous dit quelque chose?) de la Congrégation pour les Religieux, dirigée par le focolarino (membre des Focolari) brésilien Braz de Aviz, et surtout par le franciscain Carballo (José Rodríguez Carballo, ministre général de l'Ordre des Frères mineurs), rescapé du plus sensationnel crack financier de l'histoire de l'ordre, provoque la destruction d'un ordre religieux féminin à Laval, en France. Une opération étrange et inexplicable, à laquelle ne sont probablement pas étrangers les appétits épiscopaux [l'évêque est Mgr Le Gall (1)] pour les propriétés de la petite congrégation. Un scenario qui semble suivre celui adopté contre les Franciscains de l'Immaculée. Les Petites Sœurs de Marie, Mère du Rédempteur, par ailleurs, partagent avec la congrégation placée sous le contrôle d'un commissaire en juillet 2013 (il y a plus de cinq ans!) un amour de la tradition qui suscite évidemment les pires instincts dans la gestion actuelle du Saint Siège.

Les Petites Sœurs de Marie, Mère du Rédempteur, s'occupent des personnes âgées, collaborent à la pastorale des paroisses, aident les pauvres et vivent une spiritualité considérée aujourd'hui au Vatican comme trop "classique", autrement dit: amour de l'adoration eucharistique, prière fervente d'intercession et dévotion filiale envers Marie. Les sœurs ont subi une pré-visite en 2009 par décision de l'évêque de Laval, que les laïcs qui soutiennent les sœurs accusent d'avoir un certain intérêt dans l'administration de leurs biens. Mais l'initiative n'a pas été couronnée de succès. En 2016, avec Braz de Avis et Carballo, nouvelle visite. Non plus - ou pas seulement - pour des raisons administratives, mais pour le sérieux soupçon de traditionalisme ou de classicisme, comme disent les Français. On reprochait aux soeurs d'avoir de graves problèmes de gouvernement (même si 33 sœurs sur 38 ont témoigné de merveilles de la supérieure), d'immobilisme, de méconnaissance de la «nouvelle théologie de la vie consacrée...» et d'autres délits graves comme la prière excessive... Les supérieures - exilées dans d'autres couvents - étaient accusées de "déviation autoritaire", et aux sœurs, il a été demandé d'obéir sans appel «sans - disent-elles - que le souci d'une conscience droite ait un mot à dire, et sans jamais nous avoir expliqué le moindre fondement objectif de toutes ces mesures romaines: il y aurait donc deux poids, deux mesures».

Les soeurs ont rejeté les accusations comme fausses et inventées par les visiteurs. Les commissaires et la Congrégation leur ont donné raison, du moins en partie, mais ils ont maintenu les mesures prises, c'est-à-dire qu'ils ont confirmé la mise en place de la Commission. Les sœurs ont fait appel à ce qui était autrefois la Cour suprême de justice dans l'Eglise, la Signatura, désormais, sous la direction du diplomate Mamberti, manifestement incapable d'aller contre la volonté supérieure, qui a confirmé le jugement du Dicastère...

Mais les soeurs ont décidé de ne pas accepter ce qui leur semble - et pas seulement à elles - une injustice évidente. Elles ont rendu leur décision publique :

«Le 17 septembre 2018, le Cardinal Préfet de la Congrégation pour les Religieux, Mgr Braz de Aviz, nous a adressé un ultimatum: "Soit nous acceptons 'sans réserve' la nomination de la Commission, soit nous ne l'acceptons pas, auquel cas la loi prévoit que nous pouvons être exclus de l'Institut».


Et alors, disent 34 des 39 religieuses:

– Après avoir acquis la certitude morale tout au long de cette année que l’accueil de la commissaire apostolique au sein de notre Institut, causerait un mal grave et certain, à plus ou moins long terme, tant pour ce qui relève de la compréhension du charisme légué par Dieu à Mère Marie de la Croix, notre Fondatrice, que pour la manière de le vivre.
– Après avoir maintes fois proposé des solutions d’apaisement, sans qu’aucune réponse ne nousait jamais été donnée,
– Après avoir pris conseil auprès de personnes autorisées et compétentes,
– Après avoir beaucoup prié et soucieuses, toujours, de demeurer filles de l’Eglise,
Voulant rester fidèles et obéissantes à la vérité :
Il nous est apparu que nous n’avions d’autres choix que de renoncer à nos vœux. Nous sommes donc 34 sœurs sur 39, que comporte l’Institut, à avoir fait la demande d’être relevées de nos vœux auprès du Dicastère pour les religieux.
Nous ne faisons pas ce sacrifice à la légère : nous souhaitons demeurer en pleine communion avec l’Eglise, mais nous ne pouvons pas signifier plus clairement, ni plus douloureusement d’ailleurs, notre impossibilité, en conscience, à obéir à ce qui nous est imposé.


Ces jours-ci à Laval, un Comité de soutien aux religieuses, qui compte près de trois mille personnes, a été mis sur pied à cette adresse (https://www.soutienpsm.com/ ).

Tout cela dans un pays où la situation des vocations est pour le moins désastreuse et où la question des abus cléricaux émerge petit à petit dans toute sa gravité, allant jusqu'à impliquer un cardinal et le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Et le Saint-Siège se permet de mener des opérations inexplicables menées avec violence et détermination.

NDT


Selon wikipedia:

Sur les groupes attachés au rite tridentin, Mgr Le Gall, comme président de la commission pour la liturgie de la Conférence épiscopale française, déplore la manière avec laquelle des fidèles attachés à la liturgie latine du missel de Jean XXIII défendent leur point de vue, regrettant des « pressions insupportables qui exagèrent les effectifs réels » tout en remarquant « qu'il faut réintroduire davantage de silence, de hiératisme, d'intériorité, de beauté dans les vêtements liturgiques » dans le rite ordinaire de Paul VI7.

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