Cinq ans sans le Pape des certitudes

Une réflexion intéressante, parfois bien vue, mais parfois approximative, glanée dans la presse italienne (13/2/2018)

Ratzinger, cinq ans sans le pape des certitudes.
Beaucoup le regrettent


Pierfrancesco de Robertis
10 Février 2018
www.quotidiano.net

* * *

C'est le 11 février 2013 que Benoît XVI a démissionné de ses fonctions de Pape.

Cinq ans, et cela semble une autre époque.
C'était un matin comme un autre dans une Rome absorbée, distraite comme aujourd'hui par une campagne électorale acharnée et soudain, une nouvelle venant du Vatican a bouleversé le monde.
Le pape avait démissionné.
Onze février 2013.
C'était la première fois, et celle-là était la première fois de nombreuses "premières fois": la première démission "moderne" d'un pape, le premier ex-pape, les premiers "deux papes ensemble", le premier pape sud-américain et qui sait combien d'autres.
Depuis ce jour, Joseph Ratzinger a vécu "caché au monde", comme il l'avait promis, mais le monde ne l'a pas oublié. Et cinq ans après, la nouvelle, la voici: il y a une grande partie du peuple catholique pour laquelle Benoît XVI est encore "le" pape. Il y en a même qui l'appellent le dernier et unique "pape légitime". Peut-être est-ce la distance sidérale qui le sépare de son successeur en termes de pastorale, de style de gouvernement et d'agenda qui a accru au fil du temps le regret que beaucoup ont encore pour ce monsieur âgé de plus de 90 ans, gardien de l'orthodoxie et de la foi timide et rigide [!!], à tort étiqueté comme "traditionaliste" après avoir mené à bien la plus grande réforme de la papauté dans ses deux mille ans de vie.

Pourtant, Benoît XVI ne fait rien pour jouer un rôle, encore moins celui de contrechant au pontife régnant. Il y a quelques jours, il a écrit au 'Corriere della Sera' en expliquant avec des mots simples et pleins de tendresse qu'il avait entrepris le pèlerinage qui le ramènera "à la Maison", en faisant allusion au "lent déclin des forces".
À l'intérieur du monastère Mater Ecclesiae, juste derrière la basilique Saint-Pierre, le pape émérite lit, se repose, quand il a la force il joue du piano, il reçoit aussi ceux qui viennent lui rendre visite, mais il n'a jamais rien fait, même involontairement, qui puisse l'identifier comme un antipape vivant. Il a limité au minimum, surtout dans la dernière année, les sorties publiques qu'au contraire il avait faites lors de la première année du pontificat de François. En raison aussi de sa santé devenue de plus en plus précaire ces derniers temps, il est aujourd'hui vraiment caché au monde.

Alors pourquoi donc la persistance de ce "mythe", qui ne brouille certes pas la popularité mondiale de la 'star' [?] François, mais qui malgré tout existe encore? Internet regorge de sites et de groupes de catholiques traditionalistes qui se réfèrent expressément au Magistère de l'ancien préfet de ce qui fut Saint-Office. Beaucoup regrettent sa clarté de pensée, sa fermeté doctrinale qui ne peut manquer de nous rappeler le "qui je suis pour juger un gay?" de Bergoglio et les ouvertures sur plusieurs fronts que François a apportées. Et plus le pontificat argentin avance, plus fréquentes se font les questions: qu'aurait dit Benoît, maintenant? Qu'aurait-il fait?

Des questions inutiles, parce que l'histoire de l'Église et peut-être même celle des hommes n'a jamais été rectiligne, et quand on parle de l'Église, peut-être le pendule [qui oscille!] est-il l'instrument le plus apte à représenter le flux du temps, de sorte que ce qui peut apparaître comme une contradiction devient un complément naturel de la narration elle-même.

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