Une guitare dont les cordes sont détruites

C'est l'image magnifique utilisée par Benoît XVI pour répondre à une mère dont le fils était, comme Vincent, dans un état végétatif depuis deux ans (20/5/2019)

L'image bouleversante de l'échange entre Vincent Lambert (muet, mais son visage est tellement expressif, tellement intense) et sa mère (*), peu de temps avant que les médecins du CHU de Reims décident de le faire mourir, m'a fait revenir en mémoire ces mots de Benoît XVI, en 2011

Le 22 avril 2011 jour du Vendredi Saint, le présentateur de l'émission religieuse dominicale de RAI 1, "A sua Immagine", avait invité le Saint-Père à répondre à des questions de télespectateurs.
Il ne s'agissait pas vraiment d'un direct, les questions et les réponses avaient été enregistrées par avance: ce modus operandi s'interprète comme une preuve de la grande prudence de Benoît XVI, qui sait à quel point les paroles du pape peuvent engager l'Eglise toute entière.
Voici la deuxième question, et la réponse du Saint-Père (benoit-et-moi.fr/2013-III). On dirait qu'elle a été écrite pour Vincent et sa maman:

Q: L'âme de mon fils Francesco qui est dans un état végétatif depuis le jour de Pâques 2009, a-t-elle abandonné son corps?

R: Bien sûr, son âme est encore présente dans son corps.
La situation, est un peu celle d'une guitare dont les cordes sont détruites et ne peuvent plus résonner. L'instrument qu'est le corps, est lui aussi fragile, il est vulnérable, et l'âme ne peut résonner, pour ainsi dire, mais elle est bien présente. Je suis aussi certain que cette âme cachée ressent en profondeur votre amour, même si elle n'en comprend pas les détails, les paroles, etc. Mais elle sent la présence d'un amour. Et c'est pourquoi votre présence, chers parents, chère maman, près de lui, chaque jour, durant des heures, est un véritable acte d'amour de grande valeur, parce que cette présence entre dans la profondeur de cette âme cachée et votre acte est ainsi également un témoignage de foi en Dieu, de foi en l'homme, de foi, disons, d'engagement pour la vie, de respect pour la vie humaine, y compris dans les situations les plus tristes. Je vous encourage donc à continuer, sachant que vous rendez un grand service à l'humanité par ce geste de confiance, par ce signe de respect de la vie, par cet amour pour un corps déchiré, une âme souffrante.

NDR


(*) Aldo Maria Valli lui consacre un bref et beau commentaire sous le titre:

Les yeux de Vincent


J'écoute la radio, je lis les nouvelles sur Internet. Et je me rends compte que l'expression "état végétatif" revient constamment. Elle se réfère à Vincent Lambert, l'homme de quarante-deux ans qui a été admis au Centre Hospitalier Universitaire de Reims il y a dix ans à la suite d'un traumatisme crânien liée à un accident de la route.

Selon certains spécialistes, Vincent vit dans un état de "conscience minimale" (état pauci-relationnel ou état de conscience minimal plus), selon d'autres dans un état végétatif chronique. Le fait est que maintenant, les médecins du CHU ont demandé de suspendre tous les traitements, même ceux physiologiquement essentiels à la vie comme l'hydratation et la nutrition. Bref, pour dire les choses simplement, Vincent a été condamné à mort par faim et soif.

N'étant pas spécialiste, je ne veux pas parler de ce qu'on entend par "état végétatif". Je remarque simplement que l'expression est plutôt ambiguë. Et, bien sûr, si par "état végétatif" on entend l'état d'une personne complètement absente, sans aucune capacité de contact avec le monde extérieur, ni conscience, ce n'est pas le cas de Vincent, qui, entre autre, respire de façon autonome.

Il suffit de regarder et d'écouter. Voici la dernière vidéo réalisée par les parents de Vincent.

La voix que vous entendez est celle de sa mère, Viviane. Et les yeux de Vincent parlent d'eux-mêmes. Celui qui est envoyé à la mort est un homme vivant.

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