Après sa sortie très médiatisée sur la surreprésentation de pé*és dans les séminaires, qui ne laissait aucune place à l’ambiguïté, voilà que le Pape opère un virage à 180° en répondant au mail d’un aspirant séminariste qui se plaignait d’avoir été éconduit. Réponse IMMEDIATE du pape (le mail est du 28 mai, la réponse du 1er juin, c’est du turbo-Bergoglio… du jamais vu!!!): « frère (sic!!!) poursuis ta vocation ». Certains se hâtent de triompher: « Le pape n’est pas celui que vous croyez ».

Justement, qui est le vrai pape? Riccardo Cascioli avance 2 hypothèses qui ne s’excluent d’ailleurs pas et sont complémentaires. DEUX. Même s’il n’exclut pas, pour la forme, qu’il y en ait d’autres, à vrai dire, ce sont les deux seules options raisonnablement envisageables, même si certains « grimpent aux miroirs » pour essayer de nous convaincre que la terre est plate (1)

La deuxième hypothèse est que, indépendamment de ce qu’il pense vraiment sur des questions spécifiques, il doit « obéir » à un mandat qu’il a reçu.

Nous ne pouvons pas en déduire QUI et POURQUOI, mais la forte pression exercée par certains lobbies ou groupes semble assez évidente. La promotion systématique d’associations ou de prélats ouvertement pro-gay, pour rester dans le sujet, est un fait que tout le monde peut constater.

Le Pape est-il « racketté »?

Gays au séminaire, ou quand le pape se rétracte (/renie) entièrement

Riccardo Sascioli
La NBQ
4 juin 2024

Après la sortie sur la « frociaggine» des prêtres, revirement fracassant du pape François : il encourage un aspirant séminariste gay à aller de l’avant. Une contradiction inconcevable, qui se transforme en victoire pour le lobby LGBT.

Désormais, on ne peut même plus dire qu’e c’est une surprise. Après le tollé provoqué par le communiqué sur l’«aria di frociaggine» au séminaire et parmi les prêtres, le lobby gay ne pouvait pas rester les bras croisés.

Il y a d’abord eu un reportage de la BBC sur un jeune homosexuel sicilien qui affirme avoir été soumis pendant son séjour au séminaire à des thérapies réparatrices proches de la torture.

Et puis, surtout, la lettre au pape François de l’« aspirant séminariste gay » qui se plaint d’avoir été rejeté pour son homosexualité alors qu’il se sent une forte vocation. Un mail écrit le 28 mai par Lorenzo Michele Noè Caruso, 22 ans, c’est le nom du garçon, « trois pages dans lesquelles il ouvre son cœur au Saint-Père », explique Il Messaggero, qui a été le premier à rapporter l’histoire en premier. Et avec une rapidité surprenante, Lorenzo a reçu une réponse dès le 1er juin : « Une lettre manuscrite, scannée et jointe au mail ». Le contenu de la réponse est d’abord une dénonciation du cléricalisme, évoqué dans la lettre du garçon, puis va à l’essentiel : « Jésus appelle tout le monde, tout le monde. Certains pensent que l’Église est une douane, et c’est mauvais. L’Église doit être ouverte à tout le monde. Mon frère, poursuis ta vocation ».

Évidemment, la lettre a été publiée immédiatement pour faire comprendre « qui est le vrai pape, ce n’est pas celui qu’on vous a fait croire ».

Et oui, la question se pose : qui est le vrai pape ? Car il est clair qu’il n’y a aucun moyen de concilier la sortie sur la ‘frociaggine’ avec cette lettre. C’est vrai que « poursuis ta vocation » peut signifier n’importe quoi, mais dans ce contexte, cela ne pouvait être lu que comme un feu vert pour entrer au séminaire (à moins que le bureau de presse du Vatican n’intervienne à nouveau pour rectifier).

Mais le fait est que même le discours aux évêques italiens du 20 mai était très clair : au-delà de la terminologie utilisée, l’invitation du pape à empêcher les candidats ayant des tendances homosexuelles d’entrer au séminaire n’était pas équivoque, même si certains ont essayé [de le faire croire]. Nous avons déjà souligné que le discours aux évêques italiens semblait en contradiction flagrante avec ce qui a été fait ces dernières années pour promouvoir l’agenda LGBT dans l’Église. Et certes, la confusion, l’ambiguïté, la duplicité sont une caractéristique de ce pontificat.

Mais ici, nous sommes clairement au-delà : un même cas recevant deux réponses diamétralement opposées est inimaginable. Et passons aussi sous silence la gravité de démentir sur un ouï-dire le jugement d’un recteur de séminaire qui a sans doute évalué les exigences du candidat et l’a jugé inapte, et pas nécessairement seulement pour son homosexualité.

Mais pour en revenir au sujet principal, on ne peut éluder la question : comment est-il possible d’affirmer une chose et aussi son contraire en l’espace d’une semaine, et sur un sujet aussi délicat ?

Certains fantasmeront peut-être sur l’existence de deux papes, ou sur la falsification de la lettre à l’aspirant séminariste, ou encore sur l’interprétation du discours aux évêques italiens. Mais en gardant les pieds sur terre, nous ne pouvons penser qu’à deux possibilités.

1/ La première est que nous devrions commencer, avec tout le respect possible, à nous poser quelques questions sur la stabilité psychique du Pontife. Ce n’est certes pas la première fois que ses attitudes et ses discours suscitent des doutes, mais jusqu’à présent, le pape François a pu bénéficier des faveurs de la presse progressiste, qui a toujours évité de souligner les contradictions ou de s’appesantir sur les dérapages. Rien ne devait ébranler l’image d’un pape « révolutionnaire » mettant l’Église sens dessus dessous, le narratif d’un (bon) pape luttant contre les méchants (l’Église tout entière). Mais avec l’âge, il est normal que certaines fragilités s’accentuent et deviennent plus difficiles à cacher. Le problème dans ce cas serait surtout son entourage, qui dissimule une situation qui devrait être affrontée d’une autre manière, peut-être pour en tirer profit.

2/ La deuxième hypothèse est que, indépendamment de ce qu’il pense vraiment sur des questions spécifiques, il doit « obéir » à un mandat qu’il a reçu. Nous ne pouvons pas en déduire QUI et POURQUOI, mais la forte pression exercée par certains lobbies ou groupes semble assez évidente. La promotion systématique d’associations ou de prélats ouvertement pro-gay, pour rester dans le sujet, est un fait que tout le monde peut constater.

Pour ne citer que le dernier exemple en date : pas plus tard que la semaine dernière, le pape François a nommé deux cardinaux (José Tolentino de Mendonça et Marcello Semeraro) et l’archevêque Bruno Forte, notoirement proches des groupes LGBT, comme membres du Dicastère pour la doctrine de la foi – qui a compétence sur ces questions.

Tolentino de Mendonça, entre autres, est un fervent défenseur de l’ancienne religieuse Maria Teresa Forcades i Vila, célèbre pour sa « théologie queer » ; Semeraro, actuellement préfet du Dicastère pour les causes des saints, avait, en tant qu’évêque d’Albano, fait de son diocèse le point de référence des groupes LGBT « catholiques » ; et Forte, déjà à l’époque du premier Synode sur la famille (2014) avait poussé à la reconnaissance des unions entre personnes de même sexe.

Ainsi, même la sortie maladroite sur la « frociaggine », qui semblait vouloir mettre une limite à certaines tendances au sein du clergé, se transforme en son contraire, à savoir le renforcement de la présence pro-gay au sommet de l’Église et désormais aussi dans les séminaires.

Quoi qu’il en soit – et nous n’excluons pas a priori d’autres hypothèses sur ce ‘François contre François‘ – l’affaire est très sérieuse.

NDT

A cet égard, il est très éclairant de lire le commentaire de John Allen [en français ici: www.belgicatho.be], qui titre sur Crux Now (« La croix aujourd’hui », tout un programme!):

Et si le pape François savait exactement ce qu’il fait ?

Il convient de souligner que l’article est antérieur à la diffusion de la stupéfiante réponse du pape au séminariste gay venu pleurnicher dans son giron.

L’américain, pur représentant du Deep State au Vatican (diront les complotistes…) , est bien trop malin pour ne pas nuancer son titre, sur le ton légèrement condescendant qui est sa marque. Mais il n’en écrit pas moins:

Le contenu des récentes déclarations controversées de François, sur les homosexuels et les femmes, était taillé sur mesure pour susciter l’irritation et la critique de ce que l’on pourrait appeler « l’élite libérale », tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église catholique.

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Y a-t-il une raison pour que François veuille provoquer ce groupe en ce moment ?

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Il faut savoir que nous sommes à trois mois de l’acte final du long synode des évêques sur la synodalité, dont le sommet de clôture est prévu en octobre.

Depuis le début, on craint ce que ce processus pourrait produire, en particulier parmi les catholiques les plus conservateurs et traditionnels, qui ne prennent pas toujours François au pied de la lettre lorsqu’il insiste sur le fait qu’il n’a pas l’intention de changer la doctrine, mais seulement la pratique pastorale.

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Peut-être qu’à la suite du récent contretemps [en français dans le texte], ces craintes s’estomperont un peu, réduisant ainsi les turbulences entourant le synode.
À plus long terme, à 87 ans, François doit se poser la question de ce qui pourrait lui succéder. S’il souhaite ouvrir la voie à un successeur issu de la même mouvance, une partie du calcul électoral pourrait consister à rassurer les personnalités centristes et de droite du Collège des cardinaux sur le fait que son programme n’est pas aussi radical qu’il l’a été décrit dans certains cercles.

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Le fait de voir ce pape se faire brocarder par l’élite libérale, même si ce n’est que pour un moment et seulement avec tiédeur, pourrait donc servir ses desseins en termes de tentative de façonner le paysage pour le prochain conclave.

C’est une interprétation très charitable, ou très hypocrite, genre « il faut sauver le soldat Bergoglio », à laquelle je ne crois pas un seul instant. Il n’est pas certain que Allen lui-même y croie…

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