Il envoie même du très lourd: rien de moins que l’agence Reuters, qui essaie par tous les moyens de convaincre le public que les dérapages verbaux du pape ne reflètent pas sa vraie pensée et qu’il est en réalité foncièrement homophile (le pauvre aurait -prière de ne pas rire- « un problème avec les jurons »: vite, inscrivons le aux JA, alias Jureurs Anonymes!). Il n’empêche, la base gay n’a pas apprécié, et il se pourrait bien, selon Giuseppe Nardi que ce pape, décidément ingérable, ait « marqué un but contre son camp ».
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En passant, on ne peut s’empêcher de comparer avec le traitement que ce même mainstream a réservé à Benoît XVI

Quand François marque un but contre son camp

« AUCUN PAPE N’A JAMAIS ÉTÉ UN MEILLEUR AMI DE LA COMMUNAUTÉ LGBTQ »

Le cafouillage gay que le pape François et ses conseillers médiatiques ont provoqué ces derniers jours en utilisant le terme déplacé de « p**és » et en tentant de sauver les meubles, ce qui est encore bien plus grave, fait appel à des gros calibres que certains cercles envoient à la rescousse du chef de l’Eglise qui leur est cher. Parmi ces gros calibres, l’agence de presse Reuters, le maximum du soutien que le monde médiatique international puisse offrir.

Reuters a présenté hier un rapport qui frappe d’emblée par sa partialité, puisque seuls les amis du pape, y compris les « amis homosexuels », prennent la parole pour le défendre.

Dès les premières phrases, Reuters laisse entendre à qui s’adressent les sympathies :

« François est le pape des nombreuses premières : le premier à porter ce nom, le premier d’Amérique latine, le premier de l’ordre des jésuites. Depuis la semaine dernière, il est également le premier pape à s’excuser pour des propos grossiers » [peut-être parce qu’il est le seul!].

Ces derniers jours, d’autres sources ont rapporté d’autres expressions grossières que François aurait prononcées ces dernières années. L’occasion concrète était une rencontre du pape avec le clergé romain.

Reuters décrit le dilemme :

« Les amis du pontife et les spécialistes du Vatican insistent sur le fait que ce qui est probablement la plus grande débâcle en matière de relations publiques de ses 11 ans de pontificat ne devrait pas éclipser son bilan de pape réformateur et favorable aux LGBT.
Certains disent cependant que la gaffe de cet homme de 87 ans s’inscrit dans un schéma de faux pas papaux, sapant son autorité et soulevant des questions sur ses convictions et le chemin de réforme qu’il a en tête pour l’Eglise ».

Reuters propose le bergoglien convaincu Massimo Faggioli, qui se lamente sur le « mauvais goût » des moqueries sur Internet après la gaffe verbale.

« La parole d’un pape doit avoir un certain poids, une certaine crédibilité », déplore-t-il.

La sortie « homophobe » a surpris, mais dans l’ensemble, ceux qui connaissent mieux François savaient très bien qu’il utilisait un vocabulaire tranchant, surtout en privé, selon le bergoglien Austen Ivereigh.

« Bien sûr, je ne justifie pas l’utilisation d’une expression offensante (…), mais il est normal qu’il parle en privé de manière très, très directe », explique le biographe du pape. Il ne parle justement pas comme un homme politique, tente Ivereigh pour sauver la situation. En tant qu’ancien porte-parole du cardinal Cormac Murphy-O’Connor – membre de la Team Bergoglio -, il avait un aperçu direct de la campagne électorale menée par les cardinaux progressistes pour l’élection du cardinal Bergoglio comme pape.

Reuters poursuit :

« Un ami personnel du pape, un Argentin gay qui le connaît depuis plus de 30 ans et qui ne souhaite pas être nommé, a dit que François savait qu’il avait un problème avec les gros mots ».

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« Il s’appelle lui-même “bocon”, ce qui, traduit de l’espagnol, signifie qu’il ne peut pas fermer sa bouche », nous a confié cet Argentin qui souhaite rester anonyme. « Il n’a jamais été diplomate. Je suis même surpris qu’une telle chose ne soit pas arrivée plus tôt ».

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En 1980, lorsque Jorge Mario Bergoglio est allé en Irlande pendant 23 jours pour se reposer et améliorer son anglais, « ses professeurs ont été horrifiés par la façon dont il utilisait des mots grossiers dans la salle de cours, dans l’anglais qu’il avait appris ».

Reuters ne le mentionne pas, mais Bergoglio avait déjà 43 ans à ce moment-là, appartenait à l’ordre des jésuites depuis 22 ans et était prêtre depuis 11 ans, dont six ans où il venait de diriger la province jésuite d’Argentine en tant que provincial.

Le même ami homosexuel argentin du pape a expliqué à Reuters, en s’excusant, que François avait fait « un long chemin pour un homme de sa génération en ce qui concerne l’ouverture aux droits LGBT », car il avait grandi dans une famille « très conservatrice » qui « considérait les divorcés, et encore moins les homosexuels, comme des parias sociaux ».

L’agence de presse sème ensuite des « points positifs » pour le pape :

« Au début de son pontificat, François a dit : ‘Si une personne est homosexuelle, cherche Dieu et a une bonne volonté, qui suis-je pour juger ?’ L’année dernière, il a autorisé les prêtres à bénir les couples de même sexe, ce qui a provoqué une importante réaction de rejet de la part des conservateurs ».

Les « conservateurs », l’ennemi du mainstream, ne peuvent bien sûr pas manquer à l’appel.

Pourtant, dit la pub de Reuters, François est en réalité homophile, car il a déjà déjeuné au Vatican avec des ‘travailleurs du sexe transgenres’ et a ‘établi une relation étroite avec le père James Martin, un éminent père jésuite américain qui s’occupe de la communauté LGBT’ ».

« L’idée qu’il soit homophobe n’a pas de sens pour moi », s’empresse alors d’affirmer le jésuite américain en question au secours du pape :

« Son attitude envers les personnes LGBTQ parle d’elle-même. Aucun pape n’a jamais été un meilleur ami de la communauté LGBTQ ».

L’ami argentin homosexuel de François loue le soutien du pape aux partenariats enregistrés et ses « efforts silencieux » pour aider les « victimes de crimes homophobes » des années 90 en Argentine, « quand il était difficile d’être gay ».

Les milieux homosexuels sont néanmoins en colère. Marianne Duddy-Burke, directrice du groupe « catholique » pour les droits des homosexuels Dignity s’indigne:

« Même si c’était une blague, cela révèle la profondeur des préjugés homophobes et de la discrimination institutionnelle qui existent encore dans notre Eglise ».

Andrea Rubera, porte-parole du groupe LGBT « catholique » italien Cammini di Speranza, souffle dans la même trompette, et sa première réaction aux informations sur les paroles du pape a été « l’incrédulité ». « Au début, nous pensions que ce n’était pas vrai, que c’était quelque chose comme des ragots ».

Faggioli et Ivereigh tentent d’excuser la gaffe papale en expliquant que la question est « particulièrement sensible » en Italie, car « il y a une “sous-culture” gay active dans certains séminaires ». Mais la question qui vient inévitablement à l’esprit est : « Seulement en Italie ? »

Le père James Martin tente lui aussi de réduire l’affaire à un problème italien : « J’ai eu l’impression que le pape répondait à une question sur un certain comportement dans les séminaires italiens, et non pas qu’il voulait fermer le sacerdoce à tous les hommes gays ».

Que reste-t-il ? Pas un mot dans le reportage de Reuters sur l’enseignement de l’Eglise et ses règles sur la question. L’hérésie homosexuelle n’est surtout pas nommée. A priori, il ne semble même pas possible d’envisager autre chose qu’une position homophile.

En fait, cette contribution vise à sauver ce qui peut l’être de l’image homophile du pape. Pour l’Eglise, cette affaire est un mauvais service du pape.

Un ami commentateur a écrit dans un courrier personnel :

« On pourrait dire que celui qui creuse une fosse pour l’Eglise y tombe lui-même ».

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