Avant-hier, 11 juin, le pape a de nouveau rencontré un groupe de curés du diocèse de Rome. Les deux rédacteurs du blog Silere non possum étaient parmi les prêtres conviés, et ils ont noté « à la volée » mais scrupuleusement quelques-unes des saillies papales. Tout commentaire est superflu . Le langage n’a pas subi le « nettoyage » d’une cellule vaticane ad hoc, il est « dans son jus » et il jette une lumière crue sur les abysses où François a plongé le ministère du « Pontife Suprême ». Le contenu, quant à lui, n’a strictement pas d’autre intérêt.

Le pape François en roue libre : « Frocio, Frociaggine, culture gay au Vatican ».

La fête à la maison de vieux

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Les rencontres avec le Saint-Père sont devenues périlleuses. C’est comme assister à un gérontocomium [maison de vieillards], où il y a une course à celui qui sort le plus d’énormités. C’est ce qu’ont pensé les prêtres du diocèse de Rome, ordonnés entre 1985 et 2013, lorsqu’ils ont rencontré le Pape à l’Université pontificale salésienne, à Rome, le mardi 11 juin 2024.

François est arrivé en voiture à 16 heures. 500 prêtres devaient participer à la réunion, mais ils n’étaient que 130. Comme d’habitude, il convient de se méfier des chiffres avancés par le journal du parti et par la RAI. Le premier parle de 160 présents et la seconde, même, de 500.

Le choix, comme nous le verrons dans un instant, n’était pas totalement erroné car ceux qui ont choisi de ne pas venir l’ont fait en toute connaissance de cause. François, lui, ne semble pas s’en préoccuper outre mesure.

La rencontre a commencé par la proclamation de l’Évangile de la Saint Barnabé et c’est à partir de ce passage que le pontife a commencé à faire une belle remarque calomnieuse sur un monsignore de la curie non spécifié (nous savons à qui le pape fait référence, mais nous ne voulons pas prêter le flanc à son désir de salir la réputation d’autrui). Bergoglio a déclaré :

« En écoutant l’évangile d’aujourd’hui, je me suis souvenu du déménagement que quelqu’un qui travaillait à la curie a effectué il y a deux mois. Deux camions. Deux camions. Pas de sac de voyage. Ce monsignore a fait venir deux camions. C’est arrivé. Très bien. Je suis heureux d’être avec vous ».

Ainsi, ex abrupto, le pape se sent obligé de faire des remarques qui vont manifestement à l’encontre d’un prêtre. Il ne parle pas des maisons qu’Andrea Tornielli achète à Chioggia, il ne parle pas des appartements que les laïcs qui travaillent dans les dicastères veulent et exigent. Non. Il parle d’un « monsignore ». Une fois de plus, demandons-nous quels traumatismes d’enfance cet homme a dû subir.

L’éviction du vicaire [du pape pour Rome]

La réunion commence immédiatement par une remarque qui transpire la tension palpable entre le clergé et son évêque. Un prêtre dit :

Je voudrais partager avec vous une blessure que j’ai dans le cœur. Notre diocèse de Rome a été réorganisé d’un point de vue pastoral et administratif, et j’ai assisté avec douleur à la marginalisation croissante de la figure de don Angelo [de Donatis, ex-vicaire, débarqué par le Pape en avril 2024]. J’étais présent en 2015 lorsque vous l’avez consacré évêque et, dans le rite, vous avez répondu : « Très volontiers ». Quelle joie que ce « très volontiers ». Cela aurait été bien, je vous le dis, un transfert à la fin de l’année pastorale avec une messe avec nous tous, prêtres, et peut-être avec lui aussi. Votre Sainteté, le diocèse de Rome a grand besoin de votre « très volontiers ».

François, comme il a l’habitude de le faire, n’entre pas dans le détail des questions qu’il ne souhaite pas aborder. Il n’explique pas pourquoi il a fait ce choix en cette période de l’année, mais qualifie De Donatis d’ « homme de Dieu, d’homme spirituel, de grand pasteur ».

Le souverain pontife a l’habitude de procéder de la sorte : il vous torpille d’abord, puis il vous couvre d’éloges. Il l’a fait avec de nombreuses personnes qu’il a mises à la porte : il les a félicitées et leur a ensuite claqué la porte au nez. Pour certains, comme Enzo Bianchi, il parle même d’une « croix à porter ». Le pire abus spirituel que l’on puisse commettre, en somme.

Etant donné que, lors de cette rencontre avec le clergé, c’est le pape lui-même qui a tenu ces propos, nous pouvons désormais les rapporter sans crainte. Le pape a rencontré De Donatis lors de déjeuners organisés par Angelo Becciu, quand celui-ci était encore substitut. En parlant de mondanité, Bergoglio oublie souvent de signaler les événements auxquels il participe et qui sont emblématiques de la mondanité. Déjeuners, dîners et rencontres avec des journalistes, des éditeurs, des banquiers et divers puissants. La mondanité, quel beau terme, Sainteté !

(…)

Élections, armes et chirurgie plastique

Parmi les discours, on ne pouvait manquer celui du père Giulio Albanese, qui a malheureusement quitté les terres de mission pour venir s’occuper de la communication du diocèse de Rome (…) . Le père Albanese, cependant, au lieu de poser au Pape des questions sur le Vicariat, lui a fait remarquer ce qui se passe en Europe avec les élections politiques et les données alarmantes de l’abstentionnisme. Le Pape est intervenu, laissant entendre qu’il était inquiet :

Dans toute l’Europe, nous constatons un glissement vers la droite. En France, Le Pen a pris de l’avance. Je crois que nous devons travailler dans le cadre du magistère social de l’Eglise. N’oublions pas ce que saint Paul VI ou saint Jean-Paul II ont dit : « la politique est la forme la plus élevée de la charité ».

Il a ensuite ajouté :

J’ai été invité à parler de l’intelligence artificielle au G7, mais j’avais envie de dire : « Comment va votre intelligence naturelle ? » Il nous manque cette capacité à penser au bien commun.

Le pape a également souligné comment, à l’heure actuelle, des investissements sont réalisés : dans l’usine d’armement et dans les contraceptifs. « Tuer la vie et empêcher la vie. C’est curieux », a-t-il déclaré.

Le troisième domaine d’investissement, a-t-il souligné, est la chirurgie plastique. Suggérant que la chirurgie plastique pour les femmes peut même être compréhensible, il a toutefois souligné :

Les hommes aussi se font refaire les fesses [!!!] pour être plus élégants et c’est ce qui se passe aujourd’hui. Sommes-nous conscients de ce paganisme ?

À juste titre, certains prêtres se sont demandés comment le pape pouvait savoir ces choses. Il semble, et ce n’est malheureusement pas qu’un sentiment, que François passe ses journées à écouter, comme le font les commères de village, tous ceux qui frappent à Sainte Marthe pour dire leur mot sur n’importe quel sujet. Et compte tenu de son âge, il semble qu’il lui soit désormais impossible de tenir sa langue. Encore à cette occasion, les termes grossiers, qui ne sont plus écoutables, n’ont pas manqué.

Le pape utilisé par les laïcs (anticléricaux) contre les curés

Un prêtre a fait remarquer à juste titre au pape que son ouverture [aux LGBT] est aussi une cause de confrontation dans la paroisse. « Certains veulent être parrains et marraines parce qu’ils se sentent concernés. Si nous refusons, ils nous disent que le pape ouvre et que nous fermons ».

François s’est engouffré dans une théorie sur l’angélicalité [ndt angelicalità: encore un néologisme bergoglien obscur que pratiquement personne ne comprend, voir plus bas] dont on ne sait pas trop où il l’a pêchée, mais qu’il a proposée dès 2021 :

Un péché est d’autant plus grave qu’il a plus d’angélicalité. Les péchés de chair sont graves, mais ils ne sont pas plus graves que les quatrième, cinquième et sixième péchés [contre les IVe, Ve et VIe commandements], parce qu’ils ont plus d’angélicalité. Nous nous en prenons aux péchés qui ont le moins d’angélicalité. Vous êtes divorcés, remariés, vous vous êtes mariés civilement….

Il a ajouté :

Mais si vos gens [sic!] affament leurs employés, ceux-ci pourront-ils venir communier ? Soyez généreux. Que tout le monde vienne. Tutti.

Toujours en référence à cela, il a tenu à dire :

Eh, mais si c’est un pédé et qu’il vient pour la communion, si c’est un exploiteur. Réorganiser la catégorie des péchés. Il faut réorganiser la catégorie des péchés. Les péchés les plus graves sont ceux qui ont plus d’A N G E L I C A L I T À [le pape ponctue le mot], les moins graves sont ceux qui ont moins d’angélicalité !

Aux gros mots, termes qui lui ont valu un pilori médiatique ces dernières semaines, il a ajouté les blagues tristes qui ne font rire personne :

Les prêtres doivent être tendres. Pas avec les belles femmes, mais avec celles qui sont en difficulté.

La santé du pape : un tabou

Une fois de plus, François a montré qu’il n’aimait pas parler de sa santé, qui l’effraie plus que tout. Un prêtre lui a demandé : « Comment allez-vous Sainteté, on ne vous le demande souvent plus, vous avez aussi subi des hospitalisations ». Au lieu de le remercier et d’entrer dans le vif du sujet, il s’est laissé aller à une énième plaisanterie éculée sur le fait qu’il est toujours en vie.

Un prêtre lui a ensuite suggéré qu’une porte sainte devrait également être ouverte dans un établissement de santé, et une personne d’origine allemande a fait des remarques sur l’Islam en citant le Coran de mémoire (il semblait mieux préparé qu’avec la Bible) que même le pape n’a pas comprises.

Le pape a ensuite répondu à des questions sur la pauvreté et les urgences en matière de logement et a déclaré : « Il faut fixer des limites aux prix des loyers ». Se référant au Jubilé, le Pape a rappelé que les religieux avaient fait vœu de pauvreté. « Les biens doivent aller à la communauté », a-t-il souligné. Certaines personnes présentes se sont interrogées : « Rupnik avait également fait vœu de pauvreté. A-t-il lui aussi donné des biens à la communauté jésuite ? Le fruit de son travail est-il allé aux Jésuites ou au Centre Aletti ?”

Souvent, le pape ne se rend pas compte que ses belles paroles se heurtent à la réalité. Il a l’habitude de pointer du doigt tout le monde mais ne regarde jamais ce que font les membres de son club. S’il y a des religieux qui profitent de l’hospitalité pour payer leurs factures et leurs nombreux frais, ce n’est pas un crime. Si, au contraire, il y a des hommes qui profitent de leur « statut de prêtre » pour gagner des millions, c’est un crime. Mais le pape ne doit pas le protéger en le faisant passer pour une « victime des médias ».

Les problèmes de santé du pape sont toutefois de plus en plus évidents. Même son audition devient de plus en plus difficile. Les prêtres ont souvent dû répéter des questions à voix haute. Parfois, il ne veut pas répondre, mais d’autres fois, il oublie. « Quelqu’un me dira d’aller dans ce pays », a dit le pape lorsqu’on lui a fait remarquer qu’il n’avait pas répondu à toutes les questions. Une expression qu’il a également utilisée avec les prisonniers de Vérone et qui, une fois de plus, souligne à quel point le fait d’être à Sainte Marthe n’apporte rien de bon à cet homme.

La beauté d’être prêtre

Un curé de paroisse, ancien missionnaire, a commencé par dire :

J’aimerais que vous parliez davantage de la beauté du sacerdoce. Nous sommes des prêtres amoureux du Seigneur. Je crois qu’il faut dire un grand merci aux prêtres de Rome qui donnent leur vie pour le Seigneur. Dites à tout le monde que les prêtres de Rome sont bons, qu’ils meurent d’infarctus, d’épuisement nerveux. Nous disons aussi aux jeunes qu’il est beau d’être prêtre. Qu’il est beau d’appartenir au Seigneur. De temps en temps, entendre sa parole positive nous ferait du bien parce qu’il y a tant de foi, tant d’efforts et tant d’amour pour le Seigneur dans cette salle aussi ».

Ce discours a déclenché des applaudissements beaucoup plus chaleureux que ceux qui ont accueilli le pape dans la salle.

Le pape a commencé par dire : « Merci d’avoir défendu le clergé ». Une intervention destinée à se moquer du prêtre mais qui pose la question : de qui le défend-il ? Le pape admet-il qu’il est le premier à attaquer quotidiennement les prêtres ? Il a ensuite fait une remarque qui n’avait rien à voir avec l’intervention du prêtre mais qui fait partie de ses mantras habituels : « La beauté d’être prêtres, la beauté d’être oints, bergers. Devant le troupeau, au milieu du troupeau et derrière le troupeau ».

Dans l’atmosphère de folie qui régnait alors, un curé a commencé par dire :

J’espère que je ne dis pas de conneries [cazzate], puisque ces mots ont été permis [car prononcés par Tucho, entre autres…].

On se demandait si on ne vivait pas un rêve, en se pinçant de temps en temps pour voir si tout n’était pas faux. Le Pape a ensuite raconté une de ses anecdotes très intéressantes et édifiantes :

Un évêque d’un diocèse, non loin de Rome, est venu me voir et m’a demandé ce qu’il devait faire avec des prêtres d’un pays d’Amérique latine qui avaient été accueillis dans le diocèse pour un contrat de cinq ans. Ces prêtres, lorsqu’il y avait une messe à dire, voulaient d’abord l’argent et ensuite ils partaient. Il m’a demandé : que dois-je faire ? Je lui ai dit : appelez-les et emmenez-les à l’aéroport !

Enfin, pour terminer sur une note positive, le pape a été interrogé sur les séminaires et les vocations. François a répondu :

Je voudrais dire deux choses. Aujourd’hui, il y a le problème des idéologies de droite. J’ai parlé dans quatre diocèses. Il y a des jeunes qui s’accrochent à des idées parce qu’ils ont un problème intérieur.

Il a ensuite parlé de l’homosexualité :

Ce que j’ai dit à ce sujet, c’est que si un garçon veut entrer au séminaire et qu’il a une tendance homosexuelle, il faut l’en empêcher. C’est ce qu’a dit le dicastère pour le clergé et je le soutiens. Parce qu’aujourd’hui, la culture homosexuelle a tellement progressé et qu’il y a de bons garçons qui veulent le Seigneur, mais il vaut mieux ne pas le faire, il vaut mieux ne pas le faire. Un jour, un monseigneur qui travaille au Vatican m’a dit : « Votre Sainteté, je voudrais dire quelque chose, je suis préoccupé par la culture gay ici ». J’ai répondu que oui, il y a un air de frociaggine. C’est vrai, il y en a au Vatican. Mais écoutez, Monseigneur, aujourd’hui, pour notre culture, c’est un honneur. Faisons attention, ne méprisons pas les personnes ayant des tendances homosexuelles, mais accompagnons-les, il y a beaucoup de bonnes personnes. Accompagnez-les, aidez-les. Envoyez-les chez des psychologues. Mais, s’il vous plaît, prenez garde à les recevoir au séminaire ».

Que dire, l’idée du Pape est toujours la même et, bien que la presse fasse tout pour présenter ses déclarations comme accueillantes, Bergoglio montre qu’il a un grand préjugé contre les gens. Pas seulement les homosexuels, mais surtout s’ils sont prêtres. On peut se demander s’il considère plus grave qu’ils soient homosexuels ou qu’ils soient prêtres.

Tandis que François continue à condamner les commérages, il semble y avoir un flot de « vieilles mégères » à Sainte Marthe qui continuent à aller voir le pape pour commérer sur tout le monde, sauf pour faire amende honorable pour leurs péchés.

Il ne nous reste malheureusement plus qu’à demander au Seigneur : « Que ton règne vienne ! ».


NDT

L’angélicalité, kezaco???

Il semble que ce concept fumeux renvoie aux propos du Pape dans l’avion de retour en Grèce, où, répondant à une question de l’envoyée … du Monde, il est revenu sur les raisons l’ayant prétendument poussé à accepter la démission de Mgr Aupetit.
Les journalistes qui en ont parlé (et les versions en français) ont soigneusement évité de rapporter le passage quand ils n’ont pas traduit « angelicalità » par « angélisme », ce qui, dans le contexte, n’a aucun sens.

Voici ce que j’ai trouvé sur un site italien:

François a répondu à une question de la correspondante du Monde sur l’acceptation de la démission de Monseigneur Aupetit. Dans un premier temps, il a répondu (de manière rhétorique) à la journaliste en lui demandant la raison pour laquelle le prélat avait décidé de démissionner. « Qu’a-t-il fait de si grave pour qu’il doive démissionner ? Qui sait ce qu’on lui reproche ? Si nous ne connaissons pas l’accusation, nous ne pouvons pas condamner ».

Mais c’est ensuite le pape lui-même qui a révélé l’accusation. Non sans avoir stigmatisé les condamnations non judiciaires, mais populaires et médiatiques, qualifiées de « commérages ».

L’accusation, donc : un manque contre le sixième commandement ; pas total, cependant. Le pontife est entré dans des détails inhabituels pour un discours public du pape, en précisant qu’Aupetit ne se serait livré qu’à de petites caresses et à des massages à l’intention d’une secrétaire. C’est un péché, a ajouté François, mais certainement pas l’un des plus graves, et pas à cause du faible contenu sexuel des actes eux-mêmes. Ce sont les péchés commis par faiblesse charnelle en tant que tels qui sont moins graves que ceux (comme le pape les a appelés) ayant un taux plus élevé d’ « angélicalité », tels que l’orgueil et la haine. Ici, la référence à l’ angélicalité concerne évidemment Satan, qui, selon la tradition chrétienne, est une créature spirituelle rebelle, ennemie de la relation entre Dieu et l’homme, qui vise en fait à diviser (d’où le mot « diable » qui, du grec au latin, signifie précisément « séparer »).

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https://www.ilmiogiornale.net/papa-francesco-e-caso-aupetit-sotto-scoop-scandalistico-teologia-e-comunicazione/
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