La renonciation de Benoît XVI est décidément un mystère impénétrable, et plus le temps passe, plus ce mystère s’épaissit. Les propos, les provocations, et l’attitude même du pape Bergoglio (dont la légitimité commence à être VRAIMENT remise en cause, ce n’est pas un hasard) contribuent même à le renforcer et il ne fait guère de doute que cette énigme sera « l’invité de Pierre » au festin du prochain conclave.
Cette lettre d’un lecteur du blog de Sabino Spacciola me semble cibler correctement les incohérences au moins du point de vue juridique: le texte publié de la Declaratio prononcée en latin par le Saint-Père s’écarte du code de droit canonique de 1983, ce qui la rendrait nulle et non avenue (toujours cette distinction cruciale entre munus et ministerium, que les langues vernaculaires ne font pas, d’où le choix du latin par Benoît XVI) .
Si la lettre ne dissipe pas les ténèbres, elle souligne les enjeux pour les fidèles, et elle met le collège des cardinaux face à ses responsabilité. D’où l’appel qui suit (sera-t-il accueilli?)

Un appel aux pères cardinaux

Je me trouve souvent dans cette situation : si je pose à mes frères, baptisés comme moi dans l’Église catholique, la question de savoir si la démission de Benoît XVI est valide ou non, et donc si l’élection de Bergoglio comme pape est valide ou non, une question dramatique appuyée aussi par les « fruits » non conformes à la doctrine catholique que cette papauté avec ses dicastères est en train de réaliser, je provoque immédiatement un scandale, avant même, à mon avis, une saine ou sainte inquiétude.

En fait, la première réaction est qu’il ne faut pas en parler. Si je m’obstine à l’évoquer en diverses circonstances, je deviens a priori la cible d’attaques du type ‘tu es hors de l’église’.

C’est un peu le même sentiment que lorsqu’on s’opposait (comme moi) à certaines obligations anticonstitutionnelles imposées par les institutions et qu’on était traité de « novax » ou de « conspirationniste ».

C’est la même logique incroyable. Au lieu de s’attaquer avec courage au contenu réel, on vous accuse de suivre tel ou tel journaliste « indigne de confiance »de l’opposition, et la question est « de quel côté es-tu ? », même si vous n’êtes en réalité d’aucun côté, vous avez juste un terrible soupçon fondé sur certains faits.

Le traitement du problème, probablement lorsqu’il n’est pas vraiment ressenti dans sa gravité, est transféré à la « confiance », principalement une confiance personnalisée accordée à ceux qui ont le plus d’influence, donc un choix de pouvoir ou un choix sentimental – à mon avis.

Mais la Sainte Mère l’Église catholique, dans son droit canonique, me dit que je dois consacrer mes énergies à mener une vie sainte et à promouvoir la croissance de l’Église et sa sanctification continue. Et que je suis libre de manifester mes besoins, surtout spirituels, et mes désirs aux pasteurs de l’Église (Can. 210). En particulier :

§3 Les fidèles ont le droit, et parfois même le devoir, de manifester aux Pasteurs sacrés leur pensée sur ce qui concerne le bien de l’Église, et de la faire connaître aux autres fidèles, d’une manière proportionnée au savoir, à la compétence et au prestige dont ils jouissent, sans porter atteinte à l’intégrité de la foi et des mœurs et au respect des Pasteurs, en tenant compte aussi du bien commun et de la dignité des personnes.

Je suis diplômé en économie et commerce de l’Université L. Bocconi de Milan, où j’ai également étudié, entre autres, divers « droits », mais pas le droit canonique.

Je ne suis donc pas un expert canoniste, comme c’est la mode aujourd’hui (« que peux-tu en savoir, toi? » parce que la question est devenue savoir et non comprendre), mais la raison, je pense pouvoir l’utiliser. Surtout, je pressens quand quelque chose ne tourne pas rond, comme c’est le cas ici. Alors demander et solliciter un éclaircissement objectif, vu l’importance et l’urgence de la situation, me semble légitime et indispensable.

À la lumière des événements survenus dans la gestion actuelle de l’Église catholique, j’aimerais que nous examinions attentivement la Declaratio de Benoît XVI, le seul document écrit par lui, uniquement en latin, pour donner la soi-disant renonciation à la papauté.

Je voudrais donc m’en tenir uniquement aux faits, et non aux paroles, aux confidences, aux opinions, aux avis distingués. (S’il existait d’autres documents secrets écrits par lui en privé et non rendus publics par lui, ils n’auraient de toute façon aucune valeur juridique).

Sur les motivations réelles de Benoît XVI, pour l’immense estime que j’ai pour lui en tant que personne et en tant que pape, je ne veux pas m’étendre, parce qu’on ne peut jamais prétendre connaître totalement une personne à partir d’allusions. À mon avis, nous ne verrons le cœur et la sainteté de cet homme totalement qu’au ciel.

Mais même ici, nous ne connaissons pas tous les facteurs de cette situation et nous ne pouvons pas les connaître par le raisonnement, à moins qu’il n’y ait une révélation.

Je voudrais donc m’en tenir aux faits, qui sont la chose la plus certaine parce qu’ils sont voulus par Dieu. Et il me semble que ces faits objectifs (et non pas parce que je « suis Cionci » [ndt: du verbe suivre! « seguo » et non « sono »] ou son équipe, avec tout le respect que je leur dois) sont le document écrit par Benoît XVI en latin, la declaratio précisément (et non pas ses traductions) et le code de droit canonique, la loi sanctionnée.

Tout le reste relève du monde de l’opinion et de la supposition.

Alors j’aimerais qu’on m’explique pourquoi la renonciation est valide sur la base du droit, du droit canonique de la Sainte Mère l’Eglise Catholique, comme cela doit être le cas pour tous les actes soumis à une loi.

En fait, pour tous les actes juridiques dont la validité est établie par une loi, si la loi dit que l’acte doit être rédigé d’une certaine manière (« muneri suo renuntiet ») [cf. www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-332-cic-1983-332] et que le document contient une écriture formellement différente (« declaro me ministerio Episcopi Romae, Successoris Sancti Petri, mihi per manus Cardinalium die 19 aprilis MMV commisso renuntiare ») [hwww.vatican.va..ben-xvi…declaratio], l’acte n’est pas valide et doit être réécrit et publié, quelles que soient les intentions de la personne qui l’a rédigé. Il n’y a aucun document que Benoît a corrigé et rendu public.

Et il ne me semble pas que le comportement, les pensées ou l’acceptation implicite des cardinaux soient une raison valable et légale de ne pas respecter le droit canonique.

Droit qui, d’ailleurs, me semble-t-il, est aussi celui qui sanctionne les pouvoirs mêmes des cardinaux et des évêques. Par conséquent, si les cardinaux ne respectent pas ce canon, leurs propres droits devraient également s’éteindre. Mais c’est précisément pour éviter cela que la loi est établie. Vrai ou faux?

Excusez mon ignorance, mais j’aimerais que l’on m’indique un article de loi qui admet cette incohérence et non un millier d’interprétations. Ou s’il n’existe pas, alors, par charité chrétienne, expliquez-moi pourquoi il y a quelqu’un qui se place au-dessus de la loi sanctionnée par Dieu.

Je n’ai certainement pas besoin d’attendre que quelqu’un d’autre atteste de la vérité pour la reconnaître moi-même, et je ne perds donc pas la foi parce que ceux qui sont chargés de la prononcer ne la prononcent pas. Mais ici, le point fondamental pour moi est que la véritable Église est celle de Dieu et de personne d’autre, et qu’on ne peut pas être complice si le malin y est entré, étant donné aussi les résultats qu’il entraîne.

Avec humilité, dans un immense amour pour notre Sainte Mère l’Église catholique, je lance un appel aux Pères Cardinaux pour qu’ils répondent à Jésus-Christ et à Lui seul, comme ils l’ont fait lorsqu’ils lui ont dit oui dans leur vocation, et qu’ils aient le courage de faire des choix de Foi et d’amour pour nous, les fidèles, l’Église. Car de très nombreux fidèles souffrent de cette confusion et de cette distorsion qui n’ont rien à voir avec l’action de l’Esprit Saint.

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