La première était en 2007. Cette fois, il est emporté à son tour par la vague #metoo. L’ambigu personnage, qui n’avait jamais caché qu’il « avait couché » (portrait dans Libération en 2007) avait été canonisé de son vivant par les médias laïcs, ou plutôt d’extrême-gauche, qui en avaient fait la personnalité préférée des Français pendant des années avant que son auréole ne reçoive un premier coup de canif après qu’aient révélées ses relations amicales avec un intellectuel communiste antisémite et négationiste, Roger Garaudy. Mais il avait tant fait pour démolir l’Eglise « de l’intérieur » (puisqu’il continuait à être prêtre) que son zèle inlassable pour cette noble cause lui concédait un petit reste d’indulgence. Cette fois, c’est bien fini (bien entendu, tout ce beau monde se fichait éperdument de son « engagement pour les pauvres »).

L’abbé Pierre, proche de l’extrême-gauche la plus virulente, était pourtant une icône (et un pionnier) de l’Eglise en sortie chère au pape actuel, et le porte-parole adoubé par les médias de toutes les hérésies modernes.

On le comparait souvent à Benoît XVI, qu’il ne se privait pas de critiquer âprement (cf. De Mattei: benoit-et-moi.fr/2019..les-protecteurs-de-cesare-battisti), pour opposer justement l’église des pauvres d’Henri Grouès (son nom à la ville) à l’Eglise du faste, des liturgies obsolètes et du refus de suivre l’ « esprit du temps », que Benoît XVI était censé incarner.

Les fruits empoisonnés de cette église « en sortie » que François a transformée en slogan depuis plus de 10 ans sont désormais sous les yeux de tous (Rupnik, McCarrick, etc.). Pourtant, les évêques français, représentants de l’Eglise que l’abbé Pierre méprisait, se sont hâtés de faire un mea culpa collectif – c’est-à-dire s’excuser devant les médias » (s’excuser de quoi? Il y a belle lurette que l’abbé s’était affranchi de la hiérarchie, la faute est celle de l’homme Henri Grouès et n’engageait que lui)

Ce site a consacré de nombreux articles à l’abbé Pierre, on peut les retrouver en partie dans les archives grâce au moteur de recherche google (taper « abbé pierre » avec les guillemets), je ne sais pas si le personnage mérite qu’on perde du temps pour lui.

Je veux seulement rappeler qu’interrogé par l’Express à propos de l’abbé Pierre, en 1997, le cardinal Ratzinger avait eu cette réponse, sur le thème des « deux églises », justement:

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L’Express: Les Français plébiscitent régulièrement l’abbé Pierre, sœur Emmanuelle et Mgr Gaillot. Cela ne vous gêne-t-il pas que les mêmes critiquent le Vatican sur les questions de mœurs?

Cardinal Ratzinger: Je pense qu’on admire avec raison leur engagement en faveur des pauvres et des marginaux. Leur liberté de parole fascine aussi certainement. Surtout quand elle émane d’un évêque qui s’oppose à l’autorité! Aussi convient-il de nuancer la popularité de ces personnalités. Elles ne reflètent pas la réalité entière du catholicisme français: par exemple, la grande attraction qu’exercent les monastères, les pèlerinages, la vie religieuse… Et puis, le pape a été vraiment plébiscité lors de sa visite, l’an dernier [1996], en France.

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