Il aurait (conditionnel de rigueur) bien changé. Lors d’une rencontre organisée par une association de familles italiennes, il a déploré l’idéologie issue des théories « dépassées » mettant en garde contre la surpopulation. Malheureusement, à force de dire tout et de faire le contraire, personne ou presque ne l’a écouté.
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Rappelons qu’il y a neuf ans, dans l’avion qui le ramenait des Philippines, rendu sans doute euphorique par l’air respiré en altitude, François avait exhorté les catholiques à « ne pas se reproduire comme des lapins ». Une saillie bien hétérodoxe, qui avait suscité l’hilarité des médias, un peu moins celle des familles nombreuses catholiques venues en force manifester leur mécontentement sur la Place St-Pierre en brandissant des pancartes « Je suis Lapin » (cf. « Je suis Charlie », on était en pleine phase d’hystérie Charlie-Hebdo).

Mais pourquoi la vérité si éclairante selon laquelle les théories de la surpopulation sont dépassées n’attire-t-elle apparemment pas l’attention des médias ?

C’est lui-même qui a poussé l’Eglise, dès le début de son pontificat, à abandonner la voie de la défense inébranlable du droit à la vie des enfants innocents à naître, empruntée par ses prédécesseurs. Depuis, il a certes dit la vérité, parfois avec des mots et des images forts, mais ce sujet n’a jamais fait partie de ses grands gestes. François sait très bien comment attirer l’attention. Ce n’est donc pas un hasard si certaines de ses actions font la une des journaux alors que d’autres passent inaperçues.

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Giuseppe Nardi

Le Pape François : « Les théories de surpopulation sont dépassées ».

« PRIEZ POUR MOI, PAS CONTRE MOI »

Le pape François a qualifié les théories de surpopulation de « dépassées » et a demandé une nouvelle fois de prier « pour » et non « contre » lui.

Giuseppe Nardi
katholisches.info
14 mai 2024

Vendredi dernier a eu lieu la quatrième édition d’un événement sur l’état de la natalité, auquel le pape François a participé personnellement pour la deuxième année consécutive. Le chef de l’Eglise a dit une des vérités les plus importantes de notre époque, mais qui ne semble pas trouver d’écho. Cette invitation inhabituelle, qui est devenue le fil rouge de ses discours depuis plusieurs mois, a attiré davantage l’attention sous la forme d’une curieuse petite phrase à la fin de son allocution.

L’objectif de cet événement est de promouvoir le taux de natalité en Italie. Dans le passé, il n’a pas manqué « d’études et de théories » mettant en garde contre la surpopulation de la planète,

« parce que la naissance d’un trop grand nombre d’enfants entraînerait un déséquilibre économique, un manque de ressources et une pollution de l’environnement : J’ai toujours été étonnée de la façon dont ces thèses, considérées aujourd’hui comme dépassées et depuis longtemps, parlaient des êtres humains comme s’ils étaient un problème. Mais la vie humaine n’est pas un problème, c’est un don ».

François poursuivit :

« La racine de la pollution et de la faim dans le monde ne sont pas les enfants qui naissent, mais les décisions de ceux qui ne pensent qu’à eux-mêmes, le délire d’un matérialisme débridé, aveugle et effréné, un consumérisme qui, tel un mauvais virus, mine à la racine l’existence des personnes et de la société ».

Il serait intéressant de savoir ce que François a dit au biologiste américain Paul R. Ehrlich, l’un des plus grands théoriciens de la surpopulation, qui a rédigé en 1968 pour le Club de Rome l’instrument de propagande sous forme de livre « The Population Bomb » (en français « La bombe démographique », 1971), mais qui a été invité à parler au Vatican en 2017. Il en va de même pour d’autres lobbyistes de la surpopulation, de l’avortement et aussi de l’euthanasie qui, jusqu’en 2013, faisaient un grand détour pour éviter le Vatican, mais qui aujourd’hui y vont et y reviennent.

Le fait est que vendredi dernier, François a fait tomber d’une demi-phrase désarmante et simple une gigantesque construction idéologique qui empoisonne depuis des décennies le climat interpersonnel, car elle fait de l’homme son propre ennemi. Les effets récents et effrayants de l’agenda politique de la secte du climat sont bien connus. Mais derrière tout cela se trouve, comme on peut le prouver depuis la fin de la guerre, le darwinisme social hostile à l’homme, qui tente de s’imposer depuis plus d’un siècle à l’aide des moyens les plus divers, que ce soit sous forme de racisme jusqu’en 1945, de protection de l’environnement depuis 1945 ou, plus récemment, de « protection du climat ».

Mais pourquoi la vérité si éclairante selon laquelle les théories de la surpopulation sont dépassées n’attire-t-elle apparemment pas l’attention des médias ? François a pourtant brisé l’un des plus grands tabous des 55 dernières années, qui a un effet corrosif comme peu d’autres. Sans les médias, ce tabou historique n’atteint pas les gens et ne peut donc pas avoir d’impact.

Cet étouffement n’est pas seulement dû à l’influence des idéologues de la surpopulation organisés depuis le début du 20ème siècle, mais aussi à la manière dont François a abordé jusqu’à présent la question du droit à la vie. C’est lui-même qui a poussé l’Eglise, dès le début de son pontificat, à abandonner la voie de la défense inébranlable du droit à la vie des enfants innocents à naître, empruntée par ses prédécesseurs. Depuis, il a certes dit la vérité, parfois avec des mots et des images forts, mais ce sujet n’a jamais fait partie de ses grands gestes. François sait très bien comment attirer l’attention. Ce n’est donc pas un hasard si certaines de ses actions font la une des journaux alors que d’autres passent inaperçues.

Cependant, François a terminé son discours de vendredi dernier sur un tout autre sujet. A la fin, il a dit :

« Chers amis, je vous remercie pour ce que vous faites, je vous remercie tous. Je vous remercie pour votre courage. Je suis proche de vous et vous accompagne de mes prières. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi, mais priez pour moi, pas contre moi ! Merci.

Je dis ce ‘pour et non contre’ parce qu’une fois, je terminais une audience générale et à vingt mètres de moi se tenait une dame, une vieille dame, très petite, avec de très beaux yeux. Elle commença à dire : ‘Allez, allez ! Elle était sympathique. Je m’approchai d’elle : ‘Madame, quel est votre nom?’ – elle me dit son nom – ‘Et quel âge avez-vous?’ – ’87’ – ‘Mais que faites-vous, que mangez-vous pour être si forte?’ – ‘Je mange des raviolis, je les fais moi-même’. Et elle m’a donné sa recette de raviolis. Puis j’ai dit : ‘Madame, s’il vous plaît, priez pour moi’ – ‘Je fais ça tous les jours’. Et je répondis en plaisantant : ‘Mais priez pour moi, pas contre moi’. Et la petite vieille me dit en souriant : ‘Fais attention, Père ! C’est contre ça qu’ils prient, là-bas ». ».

En clair, François a raconté aux adultes et aux nombreux enfants qui s’étaient rassemblés pour l’événement près du Vatican que la « petite vieille dame sympathique », lors de l’audience générale sur la place Saint-Pierre, avait montré la basilique Saint-Pierre, peut-être le Palais apostolique, en tout cas le Vatican, pour lui dire qu’elle priait pour lui, mais que les curiaux priaient contre lui.

L’invitation inhabituelle à prier « pour lui et non contre », François l’a exprimée pour la première fois en mars 2023 à des séminaristes. Dans l’histoire bimillénaire de l’Eglise, il est certainement le premier pape à formuler une telle exhortation, à méditer à fond, à savoir non pas être contre quelqu’un, mais ne pas « prier » contre quelqu’un.

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