La lecture que fait Luisella Scrosatti des propos à l’emporte pièce tenus le 20 mai dernier par le Pape lors d’une rencontre avec les évêques italiens (cf. Dérapages papaux en série) est particulièrement intéressante.
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Qu’on ne s’y trompe pas: François a fait plus que quiconque en faveur de la communauté LGBT, à partir du fameux « qui suis-je pour juge? », et il s’est entouré d’une cour sans précédent d’homosexuels militants, voire actifs, rendant caduc tout soupçon de « reprise en main » dans ce domaine – a fortiori d’homophobie!
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Non, ce qui le perturbe, dans la présence d’homosexuels dans les séminaires, ce n’est pas le problème MORAL, mais les « commérages » que cela suscite, et donc le problème D’IMAGE (la sienne, surtout) qui en découle

L’AFFAIRE « FROCCIAGINI »

Pour le pape, la sodomie n’est pas un problème moral, mais un problème d’image

Luisella Scrosatti
La NBQ
29 mai 2024

Les « pédés » de François devraient être encadrés dans son discours aux évêques, non pas comme une lutte contre le lobby gay du Vatican : ce qui l’intéresse, ce n’est pas le comportement moral des prêtres, mais les bavardages que cela pourrait soulever. En effet, depuis le début de son pontificat, il n’a fait que protéger les prélats homosexuels actifs.

Aujourd’hui, on n’entend plus parler que des « pédés » du Pape. À l’occasion de la 79e assemblée générale de la Conférence épiscopale italienne, qui s’est tenue le 20 mai dernier, le pape François s’est exprimé sur le fait qu’il y a désormais trop « d’air de pédés » chez les prêtres.

Il y a deux jours à peine, la presse commençait à lancer la nouvelle du pape homophobe, et hier, dans La Stampa, l’indéfectible Vito Mancuso [journaliste « catho » … de gauche!!] contestait les excuses du pape, fulminant un parallèle onirique entre François et Pie IX, tous deux ayant commencé par un pontificat réformateur pour finir par des choix intransigeants !

Et donc, dans l’après-midi, le directeur du Bureau de presse du Vatican, Matteo Bruni, a immédiatement publié les excuses du pontife :

« Le pape n’a jamais eu l’intention d’offenser ou de s’exprimer en termes homophobes, et il adresse ses excuses à ceux qui se sont sentis offensés par l’utilisation d’un terme, référencé par d’autres ».

S’en suivra un programme que nous avons déjà vu, le pape se sentant maintenant obligé de montrer au monde à quel point il est ouvert à l’homosexualité. Attendons-nous à tout.

Il va sans dire que si le pape s’est exprimé dans un langage aussi rigoureux et approprié, c’est parce que, comme d’habitude, il n’essaie même pas de lire une ligne des discours qui lui sont préparés, mais préfère parler a braccio afin de laisser toute la place aux sollicitations de l’« esprit ». Et comme la parole de Dieu n’est pas enchaînée (cf. 2 Tm 2,9), celle du pape, qui souffre depuis quelque temps d’incontinence verbale, est décidément débridée. Le pape aurait-il laissé échapper un mot de trop ? L’a-t-il prononcé délibérément ? On ne sait pas.

Mais au-delà de l’expression décidément en dehors des clous et des diverses conjectures, il faut essayer de comprendre quelle était la véritable préoccupation de François. Pour expliquer le sens de cette sortie improvisée, il y a l’anecdote que le pape a racontée ; une anecdote dont il a tenu à rappeler à plusieurs reprises qu’elle était absolument vraie. François a raconté que deux prêtres concubins étaient tellement bavards qu’à l’occasion du décès de la mère de l’un d’entre eux, des condoléances ont été adressées à l’autre pour la disparition de sa « belle-mère ».

Cette petite histoire indique non seulement à quel point Bergoglio lui-même est habitué à ces commérages qu’il stigmatise tant chez les autres, mais montre aussi avec une grande clarté sa véritable préoccupation concernant le phénomène gay : éviter d’offrir le flanc aux critiques de la « culture actuelle de l’homosexualité », selon son expression, avec laquelle il n’a aucunement l’intention d’entrer en conflit. Au contraire. Ce qui l’intéresse vraiment, ce n’est donc pas le comportement moral des prêtres et les répercussions de ce comportement sur la vie de la grâce et leur mission dans l’Église, mais les bavardages que ce comportement, s’il n’est pas bien dissimulé, pourrait soulever, et les ennuis qui pourraient s’ensuivre.

Interpréter la sortie du pape comme l’expression, un peu décalée, de sa volonté de s’opposer à l’infiltration du lobby gay au sein du clergé n’est pas réaliste. Ne serait-ce que parce que c’est depuis le début de son pontificat que le pape n’a fait que nommer et protéger des prélats homosexuellement actifs, y compris des éphébophiles. De Mgr Battista Ricca au Cardinal Mc Carrick, en passant par Mgr Gustavo Zanchetta, du Père James Martin à Sœur Jeannine Gramick et « son » ministère New Way, jusqu’aux bénédictions de couples gays avec Fiducia supplicans, l’actuel pontificat a précisément eu pour objectif principal la promotion de personnes au comportement sexuel hautement problématique, ainsi que la réduction de la sodomie à une question d’orientation personnelle, sans aucune valorisation morale. Ces prêtres qu’il nomme d’abord à des postes prestigieux et qui sont ensuite assez idiots pour se faire prendre en flagrant délit ne posent pas de problème parce qu’ils mettent en danger leur propre salut éternel et celui des autres, ni même parce qu’ils ternissent l’image de l’Épouse du Christ, l’Église, mais parce qu’ils ont infligé une blessure irrémédiable à l’image du pape François.

Le pape n’est donc pas gêné que certains problèmes moraux existent au sein du clergé, mais qu’ils apparaissent au grand jour. Tout comme il n’est pas tant agacé par ses propres paroles offensantes et déplacées, que par le fait que certains évêques aient divulgué ses paroles « confidentielles » au monde extérieur. Les déclarations de Matteo Bruni sont assez éloquentes ; non seulement le fait de souligner, comme nous le disions, que le terme en question a été « rapporté par d’autres », mais aussi le fait d’accentuer que cette conversation a eu lieu « à huis clos, avec les évêques de la CEI ». Une chasse à l’homme est à prévoir dans les semaines à venir, avec grand nettoyage connexe du pape de la miséricorde.

À la décharge de tous, ce « qui suis-je pour juger ? » de 2013, qui exprime l’indifférence du pape au problème moral de la sodomie, reste malheureusement intact ; une dimension qui, dans la conversation avec les évêques italiens, n’a même pas été abordée. Le fait qu’un prêtre puisse s’enraciner dans un comportement gravement peccamineux, puis célébrer aussi la messe, ajoutant ainsi un sacrilège, ne semble pas être une priorité pastorale de ce pontificat, tant qu’il fait les choses correctement et qu’il ne se fait pas prendre.

En parlant d’excusatio, en plein dans le programme de la journée mondiale de l’enfance voulue par le pape, on a assisté à la prestation du transformiste Carmine De Rosa, avec des déguisements pour le moins équivoques (voir Dérapages papaux en série). Qui sait si Matteo Bruni ne présentera pas des excuses pour cela aussi.

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