Va t-il être lui aussi « miséricordié »? Le bon et courageux évêque de Bayonne-Lescar-Oloron est dans le collimateur des médias (cela ne date pas d’hier) mais aussi de l’église « en sortie » de François (c’est nouveau, mais pas inattendu). Une visite « fraternelle » a été demandée par Rome, menée par Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon, déjà récemment missionné par Rome pour une « visite » du diocèse de Fréjus-Toulon, dirigé par Mgr Dominique Rey. Explications.

Trop conservateur ? Mgr Marc Aillet reçoit une « visite fraternelle ».

VA-T-IL SUBIR LE SORT DE L’ÉVÊQUE DE FRÉJUS-TOULON ?

Msgr. Marc Aillet, der traditionsfreundliche Bischof von Bayonne, erlebt eine "brüderliche Visitation". Das Bild zeigt den mutigen Bischof bei der Teilnahme am Marsch für das Leben (Marche pour la vie) in Paris
Mgr Marc Aillet, l’évêque de Bayonne favorable à la tradition, subit une « visite fraternelle ». La photo montre le courageux évêque participant à la Marche pour la vie à Paris.

Par « une catholique »

Le 3 juin, Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon, a entamé une « visite fraternelle » ordonnée par le pape dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron. Jusqu’à vendredi, plusieurs entretiens quotidiens sont prévus avec l’évêque et ses collaborateurs (clergé et laïcs). La raison en serait des lettres de plainte adressées au Vatican par des fidèles qui s’inquiètent du style de direction, de la liturgie et des relations entre l’Eglise et la société dans le diocèse, comme l’a expliqué Mgr Aillet dans un message vidéo.

Voici ce qu’on peut lire dans certains médias français :

« Depuis plusieurs années, les critiques sont nombreuses à l’encontre de l’évêque de 67 ans, connu pour ses positions conservatrices ; récemment, il s’est prononcé contre la bénédiction des couples de même sexe ou encore contre l’inscription d’un droit à l’interruption de grossesse dans la Constitution française. Son style de direction, qui laisse peu de place aux laïcs dans le diocèse, et un vent ‘rigoriste’ qui s’est emparé des paroisses, ont été régulièrement critiqués ».

Depuis de nombreuses années déjà, Mgr Aillet est régulièrement pris pour cible, notamment par les catholiques de gauche de son diocèse, qui reprochent à l’évêque conservateur d’être rétrograde et qui ont en horreur les prêtres en soutane.

En 2023, des tensions sont apparues avec un groupe de catholiques lorsque l’évêque, très attaché à la tradition, a invité les chanoines réguliers de Notre-Dame de Lagrasse à installer un nouvel établissement religieux dans une partie de la maison diocésaine rénovée à Pau. Les chanoines célèbrent la sainte liturgie selon le rite traditionnel, ce qui a immédiatement dérangé certains fidèles, car la communauté célèbre la messe en latin et « dos à l’assemblée » (sic !). Le fait que l’évêque ait pris cette décision sans concertation ne convient pas à une époque où, sous le pape François, une plus grande place est accordée aux laïcs. La direction d’Aillet ne correspond pas à l’ouverture au monde moderne initiée par le Concile Vatican II. Au contraire, il favorise les courants conservateurs.

Selon l’archevêque Hérouard, l’attitude pastorale de Mgr Aillet vis-à-vis de l’Alliance des cœurs unis, une association de prière non reconnue par l’Eglise et basée sur les révélations privées de sa fondatrice, devrait également être examinée.

Mais on voit bien d’où vient le vent. Mgr Marc Aillet est un évêque conservateur dérangeant, voire favorable à la tradition. Il fait partie de la Communauté Saint-Martin, fondée par le cardinal Siri, dans laquelle la messe est célébrée selon le nouveau rite en latin et en versus Deum.

En tant qu’évêque de Bayonne, Mgr Aillet a tenté de promouvoir la liturgie traditionnelle dans son diocèse. Il a également réussi à faire revivre le séminaire du diocèse qui avait été supprimé faute de candidats.

Le fait qu’il ait été vicaire général du présumé « diocèse à scandale de Fréjus-Toulon » de 2002 à 2008 permet à ses détracteurs d’établir des parallèles. Là aussi, l’implantation de communautés spirituelles conservatrices et l’orientation conservatrice du séminaire florissant étaient une épine dans le pied de certains. Au printemps 2023, après une visite apostolique, Mgr Rey a été de facto mis à l’écart en se voyant attribuer par le pape François un coadjuteur chargé entre autres du clergé, du séminaire, de l’administration ainsi que des ordres et communautés.

En juillet, Mgr Hérouard poursuivra ses entretiens à Bayonne avant qu’un rapport ne soit transmis au Vatican. Il faudra attendre pour savoir si une visite apostolique en découlera. On n’en est pas encore là, a estimé Mgr Aillet dans son message vidéo, non sans souligner l’importance de la prière. L’ancien vicaire général de Mgr Rey devrait être conscient que son attitude conservatrice l’a placé dans le collimateur de Rome.

Et celui qui, comme lui, promeut la tradition et s’est en outre positionné contre Fiducia supplicans, a toutes les chances d’être traité de manière peu « fraternelle » par le « fratello » pontifical à Rome.

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Remarque finale : depuis le 27 mai et jusqu’au 20 juin, à l’initiative de l’Adoration perpétuelle, le diocèse accueille à Pau la relique du cœur du Saint Curé d’Ars pour prier pour les vocations sacerdotales et religieuses. Le 7 juin, elle vient à Bayonne pour deux jours.

Saint Jean-Marie Vianney ne correspond plus depuis longtemps à l’esprit du temps et à une image du prêtre déjà déconstruite jusqu’à être méconnaissable en de nombreux endroits. Nous avons d’autant plus besoin de son intercession.

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