Dans son éditorial de ce jour pour la NBQ, Eugenio Capozzi replace le scrutin de dimanche dans son contexte européen naturel, largement occulté chez nous par la monumentale raclée infligée à Emmanuel Macron et la dissolution de l’Assemblée: le mouvement de rejet des élites est commun à la plupart des pays de l’UE (l’effet a été démultiplié en France par l’aversion, pour ne pas dire la répulsion qu’inspire la PERSONNE de Macron, encore plus que les idées qu’il représente).
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Ce qui a été peu souligné (parce que cela n’arrange pas le narratif choisi) c’est le rejet de la dictature LGBT+++, et surtout celui
« d’une politique étrangère de polarisation et d’exaspération dans l’affrontement avec la Russie sur le conflit ukrainien, jusqu’à l’évocation concrète et inouïe d’une possible implication directe des pays de l’UE dans la guerre ».

Pluralité de la presse

Le vote européen est un non sonore aux décisions « d’en haut » et aux idéologies des élites

Eugenio Capozzi
lanuovabq.it/it/il-voto-europeo-e-un-sonoro-no-a-verticismo-e-ideologie-delle-elites
11 juin 2024

La signification politique des élections au Parlement européen est claire : rejet de l’idéologie verte, de la politique d’immigration incontrôlée, de la surpuissance du lobby LGBT et de l’exaspération du conflit avec la Russie.


Si elle reste… on se dira peut-être « tout ça pour ça »
Mais on n’a pas encore tout vu, et elle n’aurait peut-être pas dû chanter victoire si vite.

Les résultats des élections au Parlement européen sont clairs et nets. Malgré des différences, parfois sensibles, d’un pays à l’autre, l’image générale est celle d’un tournant décisif vers la droite, avec le renforcement des groupes PPE (Parti populaire européen), Identité et Démocratie (ID) et Conservateurs et Réformistes européens (ECR), l’effondrement des libéraux-centristes d’Europe Renouveau et des Verts, et le maintien à gauche des seuls socialistes.

Si l’on examine ensuite les grands thèmes sur lesquels la campagne électorale a principalement porté et la répartition des succès et des échecs dans les pays respectifs, la victoire de la droite prend une signification très précise, voire sans équivoque, à moins que l’on ne veuille faire semblant de ne pas la voir.

Les électeurs des pays qui composent l’Union ont utilisé le vote pour exprimer un rejet retentissant de tous les principaux agendas politiques soutenus par la classe dirigeante continentale au sein de la Commission dirigée par Ursula von der Leyen et du Conseil, et par l’axe politique entre la France d’Emmanuel Macron et l’Allemagne d’Helmudt Scholz ; contre la racine abstraite et idéologique de ces agendas ; contre la méthode descendante avec laquelle ils ont tenté de les imposer aux citoyens européens, et de diaboliser et censurer ceux qui n’étaient pas d’accord avec ces agendas.

En particulier, les électeurs ont exprimé leur rejet de la politique « verte » radicale basée sur l’objectif irréaliste et très coûteux d’éliminer les combustibles fossiles ; sur l’électrification forcée et tout aussi irréaliste du secteur automobile qui détruit l’industrie continentale pour ne profiter qu’à la Chine ; sur les obligations absurdes d’adapter les maisons et les bâtiments, avec des débours insoutenables pour les propriétaires ; sur des critères totalement arbitraires de « neutralité » des émissions de CO2. Ils ont dit un « non » retentissant à une politique d’immigration tout aussi idéologisée, toujours obstinément axée sur la priorité de « l’accueil » et sur les dogmes du relativisme culturel, indifférente aux craintes justifiées des populations autochtones et aux risques sans cesse croissants pour la sécurité, la viabilité et la coexistence selon les principes de la civilisation occidentale.

Ils ont également dit non – même si peu le soulignent – à la domination de l’agenda LGBT dans les politiques de l’UE, qui réduisent les droits civils à une soumission aux désirs de pouvoir de minorités dominatrices au détriment des plus faibles – avec comme conséquence l’attaque contre la famille, la maternité, la paternité et la protection de la vie et de l’enfance.

Enfin, ils ont exprimé clairement leur rejet d’une politique étrangère de polarisation et d’exaspération dans l’affrontement avec la Russie sur le conflit ukrainien, jusqu’à l’évocation concrète et inouïe d’une possible implication directe des pays de l’UE dans la guerre.

Cette dernière signification spécifique du vote est niée ou minimisée par certains commentateurs favorables à l’establishment sortant de l’UE, avec l’argument que les formations de droite qui ont accru leur consensus, à quelques exceptions près (l’AFD allemande), ont des positions sur cette question qui sont tout sauf favorables à Poutine (contrairement à la représentation alarmiste de l’ « ultra-droite » mise en avant avec insistance par les médias progressistes continentaux). Mais il est impossible de ne pas lier précisément le succès retentissant de l’AFD (Alternative pour l’Allemagne), l’effondrement correspondant des sociaux-démocrates et des libéraux allemands, et l’authentique débâcle du parti Renaissance de Macron, doublé par le Rassemblement national de Marine Le Pen en France, au fait que c’est précisément Macron et le gouvernement Scholz qui avaient exprimé les positions les plus agressives, « musclées » et militaristes (dans le cas du président français jusqu’aux limites du grotesque) à l’égard de la Russie.

Il faut souligner (et cela a déjà été largement souligné par de nombreux analystes, qui espèrent la permanence du statu quo au sommet de l’Union) que le net succès politique de la droite conservatrice souverainiste et euro-réaliste ne peut pas, actuellement, se traduire en termes arithmétiques par un renversement de la « majorité » au Parlement européen (dans la mesure où ce terme peut avoir une signification technique dans une institution comme celle-ci, qui n’est pas dotée d’un pouvoir législatif), puisque la coalition « Ursula » (PPE, Europe Renouveau, Socialistes) dispose toujours formellement de la majorité des voix au sein de l’assemblée. Mais le fait politique des résultats, dans un système complexe d’équilibres et de contrepoids comme celui des institutions de l’UE, est beaucoup plus important que le fait numérique abstrait, et peut fortement interférer avec lui.

Si les partis de la majorité  » Ursula  » ne tiennent pas compte du message envoyé par les électeurs et n’ouvrent pas un dialogue concret avec les forces de droite (au sein desquelles les deux groupes ID et Conservateurs vont, entre autres, vers une coordination croissante, voire une unification) sur les principaux dossiers, ils prendront une énorme responsabilité, ils créeront une polarisation radicale qu’ils n’ont pas les armes pour gouverner (surtout au sein du groupe PPE, dans lequel les positions conservatrices sont de plus en plus influentes) et ils pourraient faire face à des surprises très désagréables.

Tout d’abord, dès l’investiture du prochain président de la Commission : rappelons que déjà dans le cycle précédent qui a commencé en 2019, bien que la majorité prévue soit beaucoup plus solide, Ursula von der Leyen, paralysée par un grand nombre de « francs tireurs », ne l’a emporté que grâce au « sauvetage » de 14 députés européens du Mouvement 5 étoiles. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus incertaine, le PPE penche beaucoup plus vers la droite, et en outre, les « non-alignés » ont dépassé les 100 membres et constituent un réservoir mystérieux d’où pourraient sortir des résultats imprévisibles.

Les déclarations trop précipitées et téméraires de Mme von der Leyen, qui a chanté la victoire de « sa » coalition, malgré les indications sans équivoque du vote, et parié sur sa continuité, sont davantage une démonstration de faiblesse perçue qu’un signe de force, et une tentative d’anticiper les « contre-attaques » de ses adversaires. Tout comme la décision hâtive de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale française, défiant [Marine] Le Pen en combat singulier et espérant le réflexe habituel d’ « union sacrée » des progressistes et des libéraux français contre le croquemitaine de l’ « invasion barbare » de la droite.

Nous verrons si leur ligne sera partagée par les autres composantes du « bloc » européen de centre-gauche, ou si un processus sain de réflexion et de dialogue s’ouvrira enfin en son sein, avec la correction substantielle de la governance de l’UE.

Annexe:

L’argumentaire de campagne de FX Bellamy sur son site officiel (c’était bien sûr avant le 9 juin).

On dit que « voter LR, c’est voter Ursula von der Leyen » ?

C’est faux. En fait, « voter LR » est la seule façon d’éviter qu’elle soit reconduite.

Les députés LR et leur groupe PPE n’ont pas soutenu la désignation d’Ursula von der Leyen en 2019. Elle est devenue présidente de la Commission par l’intervention d’Emmanuel Macron, qui a fait obstacle au candidat du PPE.

Ils ne la soutiennent pas davantage cette année. François-Xavier Bellamy a été le premier à s’opposer à sa reconduction ; une grande partie du PPE a depuis rejoint cette ligne : la moitié des élus du PPE qui participaient au congrès où elle a présenté sa candidature ne l’ont pas soutenue, alors qu’elle était seule en lice.

Au lendemain de l’élection, la décision se prendra au sein du PPE, qui sera la première force politique en Europe. C’est là qu’il faudra peser en s’alliant avec les députés d’autres pays qui partagent notre vision.

Dans les autres partis, beaucoup critiquent comme nous le bilan de cette Commission ; la différence, c’est que nous serons les seuls à pouvoir agir pour obtenir le changement de cap dont l’Europe a besoin.

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https://www.fxbellamy.fr/2024/05/27/pourquoi-voter-bellamy-lr-ppe-elections-europeennes/#2

Bon, c’est juste pour info…

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