Lorenzago di Cadore, 16 juillet 2007

R E C O N N A I S S A N C E   D E S   L I E U X   ( 1 6   J U I L L E T ) 

(ma traduction)

Gare de Mestre (ndt: près de Venise), 12h15. Départ pour Calalzo. Le soleil tape dur, et le thermomètre semble s'emballer. Tant pis. L'antique convoi, à deux voitures, dispose de l'air conditionné.
Cette nouvelle aventure papale se présente de manière un peu différente des fois précédentes, la compagnie de transport n'est pas la même. Mon vélo est chargé de sacoches avec de l'eau glacée, du jus de fruits, des biscuits, une pomme et une banane, mes lunettes pour lire, sans compter l'inévitable provision de journaux pour le trajet. Je sais qu'une dure journée m'attend, pour l'effort physique, combiné à la chaleur. Quoiqu'il en soit, je suis prête à affronter l'entreprise.

Le voyage dure deux heures et demi.

De Calalzo a Lorenzago, il y a à peu près 13 km.
Mais qu'importe! Je sors de la gare, et je suis bien obligée de regarder vers le haut. Avant de m'aventurer, je jette un coup d'oeil vers le lac, au fond d'une descente vertigineuse. Au milieu, il y a un pont, et de là où je suis, on a un panorama grandiose des montagnes et du lac.
Le vent souffle fort de travers, sur le pont. Il est difficile de pédaler. J'ai l'impression que je vais m'envoler à tout moment, et terminer ma course dans le lac.

Je dois prendre la route qui monte vers Lorenzago.
Avant de continuer mon récit, je dois dire que le parcours en vélo est absolument déconseillé à ceux qui n'auraient pas un entraînement suffisant, parce que les descentes et les montées s'enchaînent sans interruption, et le vélo doit être en excellent état, avec des rapports de vitesse qui fonctionnent correctement, sans oublier les freins!
La route n'est pas adaptée pour les cyclistes, et les camions nous frôlent.
La dernière ascension vers Lorenzago est particulièrement dure, avec quelqes courbes en pente. Pourtant, quand j'aperçois au loin la pancarte Lorenzago di Cadore (à 800 m. d'altitude), j'y vais à fond!


Je fais une photo du poster géant qui représente B16 et JPII.

A côté de moi, il y a un homme assis sur un banc. Commence une conversation. Il est de Venise, mais il vit à Lorenzago depuis des années. Nous parlons de Venise, de Mestre, de la bicyclette. Je lui raconte que depuis que je fais du vélo, je n'ai plus jamais attrappé la grippe.
Arrivée sur la place, avant de me reposer, et de me rafraîchir à l'eau de la fontaine, je fais quelques photos. Il y a des gens qui prennent le frais. Je vois les camions de la RAI, et de SKY, qui sont garés là. Il y a ausi des touristes en randonnée, mais je me rends compte que l'endroit est très tranquille.
Je vais au "Parco dei Sogni", là où "papino" s'est rendu la veille. Ce parc se trouve à environ 700 m. de la place. Le chemin qui y mène passe par la route en pente qui mène au chateau de Mirabello. Au sommet (la pente est très abrupte), il y a un barrage policier.
Le parc se signale par sa fraîcheur. Les arbres semblent très hauts, et la végétation est dense. La route est par endroit boueuse, assez dangereuse à parcourir en vélo à cause des pierres et l'espace étroit ménagé pour passer entre les troncs d'arbre. Je croise quelques promeneurs, des prêtres avec leur bréviaire en main. Mais pas d'autre vélo que le mien! Comme je ne peux pas parcourir le chemin jusqu'au bout pour les motifs déjà évoqués, je m'assieds sur un tronc, dans la solitude, pour me reposer et penser... à lui! Je pense qu'Il se trouve juste de l'autre côté de ce parc... Il est 17h45, qui sait, s'il venait de nouveau à se promener par ici... "Papino, vieni!!! j'ai envie de te revoir!!!". Je capte une radio locale, pour voir s'il filtre quelque nouvelle sur la promenade qu'il devrait faire d'ici peu...


Bien, il vaudrait peut-être mieux l'attendre sur la place...

A la sortie du parc, je vois des gens qui montent la route vers le Mirabello, et même une femme avec une poussette. Je prends mon courage à deux mains, et je grimpe jusqu'à la barrière. Les gens sont arrêtés par un policier. Mais eux sont d'ici!... Et moi pas! J'aurais peut-être dû dire au policier que j'étais une soeur des "Sante Coccole" (ndt: boutade intraduisible, il s'agit du nom choisi par les admiratrices du Saint-Père sur le Papa Ratzinger Forum, le verbe italien coccolare signifiant "cajoler"). Il m'aurait sûrement laissé passer!!!

J'arrive sur la place, et je m'accorde un moment de repos. Je laisse le temps s'écouler, tandis que je mâche quelques biscuits. Inexplicablement, je n'ai pas faim, mais il me faut manger quelque chose, à cause de l'effort que je viens de fournir.


Vers 18h30, je me relève pour jeter un coup d'oeil, car je vois des gens apparaître sur la route. On me dit que le Pape va passer. Je m'installe derrière une barrière. Il n'y a pas beaucoup de monde.... Trois hommes de la sécurité, en civil, et avec une oreillette, attendent, les yeux fixés vers le fond de la rue.
Le temps passe. Il est 19 heures, 19 heures 30. Papino, tu me fais souffrir, parce qu'à 19 heures 45, il me faudra repartir vers la gare de Calalzo, pour reprendre mon train.
Il commence à faire plus frais, pas assez pourtant, pour dissiper la sueur dont j'ai souffert toute cette journée, avant que le soleil couchant ne prenne possession des superbes montagnes cadorines.


Mio Papino, ne me déçois pas... Les trois hommes se regardent, et font un signe. C'est le signal qu'il est sur le point d'arriver. Il est 19 heures 40. Le cortège monte tout doucement. D'abord une moto. Puis le 4x4 de la sécurité, lequel nous fait un numéro digne d'un film policier: les deux portes avant s'ouvrent, et deux hommes en surgissent. Mais qui conduit, alors?

De l'autre voiture, derrière, je vois une petite main avec l'anneau papal qui émerge de la fenêtre, et qui salue. J'ai l'appareil photo prêt. Inutilement, comme d'habitude... Je n'aurai jamais l'opportunité de photographier Benoît. La décision est prise: c'est la photo, ou son regard. Je choisis cette dernière option. Cette fois, je ne m'agite pas, je ne crie pas, je me concentre. J'attends qu'il me regarde... et voilà: la petite main continue de saluer, son visage est radieux et souriant, et ses magnifiques yeux bleus me regardent, très grands!! C'est à ce moment que je lui envoie des baisers avec la main. ... La satisfaction est immense! Les manifestations d'amour de ma part ne lui feront pas défaut!!


Je reprends mon vélo, et je parcours à toute allure le chemin fait tout à l'heure à la rencontre du Pape....
Vite, toujours plus vite... le compteur indique 60 km à l'heure. Je me mets à crier de joie dans la descente, "Viva il Papa", en direction d'un automobiliste qui va dans le sens opposé. Je crie tandis que me dépassent les motards de la police --et peu m'importe qu'ils m'entendent!! Je continue ma route, tout en admirant le coucher de soleil à mi-montée. Je réussis à voir Lorenzago de haut.

En une demi-heure, j'arrive à la gare. Je me repose un peu avant le départ, à 21 heures 5.
J'ai mal à la gorge quand je me réveille à la maison, le lendemain matin. Et dire que j'avais parlé à cet homme, à Lorenzago, de la résistance à la grippe...
Tandis que j'écris ces lignes, j'ai un début de rhume. J'espère qu'il ne va pas tourner en grippe. J'ai encore rendez-vous avec Béatrice et Gabrielle, pour l'Angelus de Dimanche!!
Mais, Papino, ne crois surtout pas que des éternuements pourront m'empêcher de me noyer, une fois de plus, dans tes grands yeux!!!


<<< Le récit de Gloria