Rechercher:

benoit-et-moi.fr:

Accueil

Bienvenue, Benoît!

Ceci est le texte de l'éditorial du "numéro spécial" d'avril 2008 d'Inside the Vatican.

Il est réconfortant de lire -enfin!!- que le voyage du saint-Père suscite un grand enthousiasme et un grand espoir outre-Atlantique.
Article original: Welcome, Benedict!, site Inside the Vatican
Robert Moynihan

--------------------

La visite du Pape Benoît XVI aux États-Unis, le 15 avril, a suscité un grand enthousiasme chez les Américains à partir du moment où elle a été annoncée pour la première fois. L'intérêt pour le voyage correspond ou dépasse à certains égards, le succès incroyable des visites de Jean-Paul II.

Il y a deux mois, Mark Ackerman, directeur des services de l'archidiocèse de New York chargés de coordonner les six apparitions papales dans cette ville, a déclaré qu'il y avait déjà 180.000 demandes contre 90.000 places disponibles, pour la messe papale au Yankee Stadium. Cette situation difficile, était selon lui «à fendre le coeur» en raison des réactions de tristesse des gens quand on leur disait qu'il n'y avait plus de places disponibles. L'archidiocèse de Washington fait face à des demandes similaires de billets.

Certains commentateurs attribuent cette excitation uniquement au fait que le temps que passera Benoît aux États-Unis est relativement bref et sera restreint à deux villes. Ils disent que la brièveté du voyage et l'âge du pape - il aura bientôt 81 ans - ont créé le sentiment que cette visite était "une opportunité unique dans une vie". Il est fort probable que le pape ne reviendra pas de sitôt.

Mais il y a d'autres raisons à cela. Derrière l'enthousiasme pour Benoît, il y une Église en souffrance et une nation qui souffre en cherchant sa voie. Ce n'est pas tant la curiosité que Benoît suscite chez les Américains, que le doute et la souffrance chez les personnes présentes, associées avec l'admiration pour ce Bon Pasteur.

Les gens font la preuve de l'exactitude d'une prévision faite il y a 70 ans par l'historien britannique Christopher Dawson. Il faisait valoir que la papauté romaine, en raison de son origine unique et de son histoire, est plus que jamais indispensable à l'unité et au progrès moral de l'humanité. Dawson est arrivé à sa prédiction sur la base des travaux et écrits des papes du 20ème siècle. Il ne connaissait pas les travaux de Jean-Paul II ou de Benoît, qui ont encore accru la stature morale du Vatican dans le monde.

Comment ceux qui sont les plus impatients de voir Benoît expliquent-ils leurs raisons? Ils désespérent de trouver un soulagement à la souffrance et à la confusion dans l'ensemble du pays. Ils aspirent à être en présence du pape car les gens ont envie de rencontrer des personnes remarquables et des saints à toutes les époques de l'histoire. Ils ont bon espoir qu'il va dire quelque chose qui va les aider à affronter l'avenir avec une réel espérance.
Quelle est la confusion et la souffrance qu'ils ressentent? Je pense que c'est cela: que l'Amérique, à la consternation de tous, n'est plus la "terre des hommes libres et la demeure des braves", mais une terre de guerre contre les enfants à naître, de graves violences dans les médias et dans les rues, de corruption politique, du sort des immigrants, et de la prise de conscience du coût élevé d'une guerre étrangère à la nation concluse à l'instigation de groupes d'intérêts particuliers dont le souci premier n'est pas le bien-être général de la nation dans son ensemble.

Personne ne s'attend à ce que Benoît puisse faire face à tous ces maux. Ce que les gens espérent, cependant, c'est un direction, un chemin que les individus, l'Eglise, et le pays pourraient emprunter afin de sortir de cette sombre vallée.
En un sens, Joseph Ratzinger a montré cette voie durant toute sa vie - la façon dont les individus et les sociétés peuvent aller de la Cité de l'homme à la Cité de Dieu. Au centre de sa pensée il y a le fait que les individus doivent se tourner vers Jésus. Comme Pape, il a à plusieurs reprises exhorté le public à prier, méditer, étudier et mener une vie de charité et d'abnégation - toujours dans la conversation personnelle avec Jésus. Il a décrit cela comme la plus grande aventure, la vie la plus joyeuse et la plus chargée de sens qui puisse être vécue.

La visite de Benoît sera intensément évangélique. Benoît dira souvent et avec insistance - au président Bush, aux évêques et aux éducateurs catholiques, aux spectateurs dans les stades, aux groupes interreligieux, aux jeunes, et à chacun d'entre nous par sa prière silencieuse à Ground Zero - que Dieu appelle chacun d'entre nous, individuellement et en tant que nation, pour construire une civilisation de l'amour, de la vraie liberté et de la justice. Une telle reconstruction ne peut se fonder que sur un fondement religieux de foi, d'espérance et d'amour.

Une fois, j'ai eu une conversation avec le Saint Père, bien avant qu'il ne soit Pape, et je lui ai demandé comment il avait l'intention d'évangéliser en ces temps difficiles pour la foi, et il a dit: "Ce qui semble être important pour moi est que la foi ne reste pas une série de règles positivistes, mais qu'elle soit perçue comme une chose devant être comprise, vécue, acquise, et visible dans la vie quotidienne.

"Oui, cela vaut la peine d'y croire: une foi qui est un chemin à vivre, une foi qui aidera à trouver les réponses à des questions troublantes de la vie."

Benoît XVI et Dieu

Ce qui suit est un autre extrait d'un article du numéro spécial d'avril de la revue Inside the Vatican.

"Nous aimons Dieu dans tout ce que nous aimons".

Le rédacteur en chef de l'édition anglaise de la revue Communio analyse le système théologique de Benoît
-------------------
Article d'Emily Rilley ici: http://www.insidethevatican.com/newsflash/...

David Schindler est rédacteur en chef de l'édition en langue anglaise de Communio : International Catholic Review, une revue théologique fondée en 1972 par Joseph Ratzinger, Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac, entre autres.
Il y a 15 éditions différentes de Communio, dont les rédacteurs se rencontrent deux fois par an pour planifier leur travail commun.
.....
La totalité de l'article est disponible sur le site d'Inside the Vatican, au format PDF.

Voici la traduction des deux premières pages (sur 8!). Il y est dit des choses très belles, notamment, et c'est vraiment un bel hommage: il fait de la théologie à la manière des grands saints et docteurs de l'Église .
C'est quelqu'un qui le connaît, qui dit cela.

- Professeur Schindler, vous avez été impliqué dans Communio depuis que l'édition nord-américaine a été fondée.
Dans son autobiographie, "Ma vie", le Cardinal Ratzinger a décrit les objectifs des fondateurs de Communio: être "une revue internationale dont les travaux devraient à la fois partir de la communion dans le sacrement et dans la foi, et censer y introduire.... mais puisque la crise de la théologie provenait d'une crise de la culture, voire d'une révolution culturelle, la revue devait aborder aussi le domaine culturel." (page 130) Quel rôle joue Communio dans le paysage culturel d'aujourd'hui?

DAVID L. SCHINDLER: Plus fondamentalement, le journal a été fondé pour retrouver une compréhension de l'Église et de l'être humain centrée sur Dieu. Et aussi pour retrouver le fait que la réalité de notre être, dans l'Eglise et la réalité de notre être dans le monde est une question d'amour, au sens le plus profond.
Cette tâche de reconstruction est au coeur du Concile Vatican II, et je dirais qu'elle est encore plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'était alors.
Joseph Ratzinger a dû laisser tomber son travail éditorial pour l'édition allemande quand il s'est installé à Rome, bien sûr, mais il a continué à écrire des articles. Il a donné un texte, "Communio: un programme", en 1982, pour le 10e anniversaire de la fondation du journal, qui a été une belle récapitulation de son histoire et de sa mission.
En décembre dernier (2007), il a invité les différents éditeurs nationaux à tenir leur réunion annuelle d'hiver à Rome, où il les a reçus au Vatican et a pu saluer chacun personnellement. Entre autres, il a fait allusion à des articles de Communio datant de 2006, consacrés aux Noces de Cana de Jésus de Nazareth, dans la section sur les symboles dans l'Evangile de Jean, et il dit qu'il continue à lire régulièrement l'édition allemande.

- Comment avez-vous rencontré le Cardinal Ratzinger?

SCHINDLER: Par le biais de Hans Urs von Balthasar, le théologien suisse et co-fondateur de Communio. En 1984, Balthazar a reçu le Prix international Paul VI, par le Pape Jean-Paul II, qui lui a demandé d'organiser une conférence en septembre 1985 sur les travaux d'Adrienne von Speyr. Ratzinger ménagea une réception pour Balthasar à Castel Gandolfo, immédiatement après la conférence, et c'est à cette réception que Balthasar m'a présenté à Ratzinger. Cela faisait 3 ans que j'étais rédacteur en chef de l'édition de Communio pour l'Amérique du Nord.

- Comment caractériseriez-vous Joseph Ratzinger comme théologien?

SCHINDLER: ce qui est caractéristique est sa capacité d'intégration. Son érudition est marquée par une grande intégration de la théologie et de la spiritualité universitaire - et toujours dans un sens qui part du cœur de nos problèmes culturels. Un signe de cette intégration: quand vous lisez ses homélies, elles vous incitent à penser, et quand vous lisez sa théologie, elle vous rend enclin à vous prier. Simplement, il fait de la théologie à la manière des grands saints et docteurs de l'Église - une façon de faire de la théologie qui est absolument nécessaire à notre époque.

- Le philosophe allemand Robert Spaemann a parlé de la théologie de Benoît comme d'une récupération, un enrichissement mutuel entre l'ancien et le nouveau, il explique que le théologien Ratzinger n'a jamais ressenti la nécessité de reconstruire la théologie à partir de zéro grâce à un nouveau schéma, ... parce que Ratzinger avait trop de motifs historiques pour le faire. Dans quel mesure Benoît récupére-t'il quelque chose qui était à la fois déjà là, et, en un sens, manquait à notre époque?

SCHINDLER: nouveauté et passé (oldness): une très belle idée. Pour moi, c'est encore la grandeur de Benoît. Il fait tout simplement ce que chaque saint et docteur de l'Église a accompli. Il est retourné aux racines de son être propre et de l'être de l'Eglise: l'Evangile. Et il l'a fait de façon tout à fait naturelle, dans le sens qu'il y retourne précisément dans son propre contexte historique. C'est-à-dire tout en vivant au 20ème siècle et aujourd'hui, face aux problèmes du nazisme, du communisme et du libéralisme. Le résultat en est un développement.
Ainsi l'idée que l'accent qu'il a mis sur, disons, la structure de l'être comme centré sur Dieu et sur la filialité, serait en quelque sorte une invention récente est absurde. Tout cela est au cœur de l'Evangile. En d'autres termes, cette redécouverte et ce développement, c'est ce que font les vrais théologiens. Ceci est incarné en Benoît, et peut également expliquer pourquoi un si grand nombre de théologiens deviennent obscurs: ils veulent faire du nouveau. Benoît ne cherche pas à être nouveau. Il cherche à être fidèle. ... Tout le monde, en particulier les théologiens, doivent regarder leur propre travail et se demander: qu'est-ce qui fait que c'est obscur? ... ce qui est remarquable dans le travail de Benoît, et ce qui est réellement l'un de ses grands dons à l'Eglise, est que sa pensée est libre de tout jargon technique. Et c'est parce qu'il n'a aucun intérêt à la spéculation, dans le sens de dire, spéculons sur ce sujet, disons, de l'intégrité de la vie humaine et la vie ecclésiale. Il dit ce qu'il a à dire pour garder vivante la mémoire de ce qui a été donné.

- Le Pape Benoît XVI a fait de l'oecuménisme chrétien et du dialogue avec les gens d'autres confessions les principaux objectifs de son pontificat.
Pourriez-vous nous dire quelque chose sur sa façon d'engager la conversation avec les gens?

SCHINDLER: Il est très simple et très gentil, toujours curieux de connaître le monde. Toujours rempli d'étonnement pour les choses. Il a une grande capacité d'écoute. Si vous ne l'interrompez pas pendant une conversation, vous pouvez facilement passer tout le temps à parler surtout sur vous-même, à répondre à ses questions sur vous et votre travail.

- Comment se comporte-t'il avec les gens avec qui il n'est pas d'accord?

SCHINDLER: Les gens qui sont en désaccord avec lui, sont souvent un peu désarmés de découvrir combien il est respectueux de ce qu'ils ont à dire. Dans toute conversation, il est préoccupé par la vérité, mais il est toujours clair que dans la défense de la vérité, il défend quelque chose qui fait partie intégrante de la dignité de l'autre personne. Il ne défend pas son ego, mais plutôt quelque chose qui est plus grand que lui-même et qui est nécessaire à la réalisation de la dignité à la fois de lui-même et de l'interlocuteur.

- Comment le pape Benoît XVI aborde-t'il la question de la culture?

SCHINDLER: Au coeur de sa proposition de base pour la culture il y a une conception particulière du dialogue. Le dialogue pour Benoît, c'est qu'une chose à laquelle nous faisons face est une chose que nous faisons. Pour Benoît, l'existence humaine est le dialogue avec Dieu, plus précisément, avec le Créateur. La relation à Dieu est au cœur de notre être comme créature, et donc implicitement, nous invoquons la question de la nature et de l'existence de Dieu dans l'ensemble de nos actes conscients. Comme le dit Saint-Thomas d'Aquin, nous savons Dieu implicitement dans tout ce que nous savons, et nous aimons Dieu implicitement dans tout ce que nous aimons.
Enraciné dans le dialogue avec Dieu il y a un dialogue implicite avec toutes les autres créatures, relation qui nous est donnée dans la relation avec le Créateur.
...