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Une analyse très perspicace de John Allen, à la veille du voyage (14/4/2008)
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Juste avant l'arrivée du pape, John Allen rédige un billet étonnant de finesse et de perspicacité sur les objectifs du Saint-Père. A part, peut-être, le dernier paragraphe, on ne peut que souscrire à son analyse et à ses prévisions.

John Allen a compris que le Pape pense dans un "arc de temps " vaste, qu'il "sème des graines" plutôt qu'il ne "fait des vagues", et que probablement les fruits de son voyage ne seront pas quantifiables imméditement, ou en tout cas pas mesurables avec les outils sommaires dont les medias se servent habituellement... et que lui-même ne se résout pas tout à fait à abandonner, car ils sont ses instruments de travail!

Article original sur le site de NCR: How Pope Benedict will define 'success' on his American swing
http://ncrcafe.org/node/1728


Quand une personnalité importante vient leur rendre visite, les Américains utilisent en général un ensemble prévisible de mesures visant à évaluer le succès du voyage: quelle était l'importance des foules, si ces foules étaient tièdes ou enthousiastes, si cet épisode a fait la une des grands journaux, ce que les sondages instantanés disent de la réaction du public, et dans quelle mesure les commentaires sont favorable dans les talk-shows et la presse.

Tous ces outils ont une certaine utilité, quand ce n'est que celle de déterminer ce que l'Américain moyen connaît du voyage du dignitaire - y compris, dans de nombreux cas, s'il sait qu'il a eu effectivement lieu.

Pourtant, il y a au moins trois raisons pour lesquelles ces données ne sont presque certainement pas les outils que le Pape Benoît XVI aurait lui-même utilisé pour évaluer les fruits de sa visite pastorale du 15 au 20 Avril aux États-Unis.

Tout d'abord, Benoît est une personnalité calme, cérébrale, dont l'objectif s'apparente davantage à semer des graines qu'à faire des vagues. Il semble vouloir inciter les gens à approfondir leur réflexion intellectuelle et spirituelle, comme par exemple réfléchir à une bonne relation entre la raison et la foi. Dans quelle mesure de telles réflexions découleront de ce voyage, ce sera impossible à quantifier dans l'immédiat, et il ne s'agit certainement pas d'une démarche visant à susciter un rapide "buzz".

Au cours de ses voyages, le pape a en général également proposé de longues réflexions sur des questions fondamentales de la foi et la pratique catholiques - l'Eucharistie, la prière et la dévotion, et la centralité du Christ. Il est bon de se souvenir que la devise officielle de la visite est "Le Christ est notre espérance," créant ainsi délibérément un contexte christologique pour son message.

"Le pape prêche le Christ" n'est probablement pas une idée "sexy" pour les gros titres de la presse, mais elle a de grandes chances d'être au cœur de ce que Benoît lui-même pensera, et dont il parlera au cours de ces six jours.

En second lieu, Benoît ne s'intéresse pas vraiment à des résultats immédiats. C'est une différence entre ses voyages à l'étranger et ceux du pape Jean-Paul II, en particulier le Jean-Paul des premières années. Jean-Paul II voulait faire bouger l'histoire ici et maintenant, et ses voyages en Pologne eurent précisément ce résultat.

Benoît, de son côté, pense dans un "arc de temps" beaucoup plus vaste. Par exemple, il a probablement conçu ses 13 discours publics aux États-Unis avec l'espoir qu'ils seront examinés dans les milieux intellectuels et culturels, dans les séminaires et dans les collèges et les universités, ainsi que les rencontres inter-religieuses et œcuménique, pour les années à venir. ... Sa préoccupation ne sera pas ce que ce que l'Amérique est devenue au bout de 10 jours, à cause de sa venue, mais après 10 ou même 100 ans.

Troisièmement, Benoît XVI considére sans aucun doute la question de savoir si le voyage est un "succès" dans son ensemble comme une détail, un exemple d'accentuation de considérations secondaires au détriment de ce qui est le plus crucial. Comme l'a dit Mère Teresa "je ne me souviens pas que le Seigneur parle jamais de succès. Il parle seulement de fidélité. "

Pour le pape, tant qu'il est fidèle à ce qu'il considère comme les vérités que le monde, la culture américaine et l'Eglise catholique aux Etats-Unis ont besoin d'entendre, il a tendance à penser que le voyage en valait la peine et le temps, sans se préoccuper de ce que des mesures plus conventionnelle pourraient dire à propos de son impact.

Cela ne veut pas dire, bien sûr, que les Américains doivent se sentir obligés d'évaluer le voyage de Benoît exclusivement selon ses propres critères. La taille des foules, les sondages et la couverture médiatique peuvent nous dire beaucoup de choses sur la manière dont les Américains réagissent au pape.

Comprendre la manière dont Benoît lui-même mesure les choses, cependant, peut contribuer à expliquer les choix qu'il fait, et ne fait pas, en cours de route