Un article du site d'Amy Welborne, traduit par Marianne, à qui je dis un grand merci! (21/4/2008)
ET CUM SPIRITU TUO
Amy Wellborn
20 avril 2008
http://thepope.blogs.nytimes.com/2008/04/20/et-cum-spiritu-tuo/
Le latin. Des vêtements liturgiques de style ancien. Les chants. La forme ancienne de la messe.
Pour décrire le soutien que Benoît apporte à ces éléments de la liturgie, on parle d’attachement indéfini à la « tradition », donnant ainsi l’impression qu’il s’agit d’une question de goût, d’esthétique ou de peur de ce qui est nouveau.
Mais de près ou de loin, ce n’est pas du tout le programme de Benoît.
En tant que bébé « Vatican II » (née en 1960, ma formation fut totalement post Vatican II, la sensibilité religieuse dans laquelle je fus catéchisée était entièrement « nouvelle ». L’Église s’était débarrassée de toutes les bêtises de 2000 ans d’histoire ; c’était des éléments liés à la culture, des développements qui vous enfermaient, et il était temps d’aller de l’avant. N’était-ce pas là l’objet de Vatican II ?
(En fait, non. Si vous lisez les documents et, en particulier, les raisons pour lesquelles Jean XXXIII a réuni un concile, vous verrez que le grand espoir n’était pas que l’Église s’adaptât au monde, mais bien plus qu’elle essayât de comprendre les temps et agisse avec plus d’audace encore afin d’apporter avec plus de puissance dans le siècle l’ancienne foi au Christ.
On pourrait écrire des livres sur ce qui s’est passé après (et on l’a fait), mais l’essentiel, je pense, est qu’on a enseigné à un grand nombre de catholiques que tout ce qui était pré Vatican II était inutile, sans objet voire dangereux, que nous avions besoin de prendre un nouveau départ et de créer une nouvelle Église. Et on les en a persuadés.
Benoît a tout l’air de dire : « Attendez ! Ce n’est peut-être pas cela ».
La lettre qui accompagne le Motu Proprio accordant plus de liberté à la célébration de la messe qui précéda Vatican II ( non pas la messe en latin, car le latin est aussi la langue du missel post Vatican 2) offre la meilleure synthèse et la plus brève de la pensée de Benoît sur ce point.
Dans cette lettre, Benoît écrit : « Ce que des générations précédentes ont tenu pour sacré demeure sacré… On ne peut pas soudain l’interdire entièrement ou même le considérer comme nuisible. Il nous incombe à tous de préserver les richesses qui se sont développées dans la foi et la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place. »
Il y a beaucoup encore à dire là-dessus – par exemple les raison pratiques pour lesquelles tout catholique devrait être familier avec le texte latin de la messe – pourquoi, dans une Église multiculturelle, une assemblée mêlée devrait soit se soumettre à l’impérialisme culturel d’un groupe ethnique et adopter sa langue (par exemple l’anglais) soit briser le symbolisme de l’unité que nous partageons en nous servant de langues différentes ? Ne serait-il pas plus fort de prier tous ensemble dans une langue ancienne commune qui a une résonance sacrée ?
Oui, il y a beaucoup à dire encore, mais je vais conclure en disant que malgré le soutien que j’apporte au pape qui libère la forme extraordinaire (la messe pré-Vatican II), je ne me sens pas à l’aise dans cette forme et je ne suis pas conquise.
Mais à cause surtout de ce que j’ai lu de Benoît, je ne serais pas non plus à l’aise pour l’écarter. Les adhérents de la forme extraordinaire aiment l’appeler « la messe des siècles » et disent d’un ton sec aux critiques : « Cette messe qui était assez bonne pour la plupart des saintes de l’église catholique, ne le serait-elle pas pour vous ? »
Et moi qui suis une fan des saints comme Catherine de Sienne et Thérèse d’Avila, femmes que j’honore non seulement pour leur foi mais aussi pour leurs qualités modernes de force, d’indépendance et d’aptitude à diriger, il faut que j’y pense à deux fois. Puis-je distinguer si facilement ces femmes avec leurs qualités que j’admire de la spiritualité liturgique qui les a nourries ?
Si vous y pensez, Jésus n’était-il pas euh... pré-Vatican II ?