Les raccourcis et la mauvaise foi du Monde.
Le Monde a choisi de mettre l'accent sur le pessimisme d'un pape "habité par une vision de plus en plus désenchantée du monde actuel".
Le Saint-Père est sans illusion, certes.
Mais faire un titre avec Le pape rappelle la « loi de Dieu » aux partisans de l'avortement relève d'une manipulation des faits. D'autant plus qu'il ne rappelait pas, il exhortait, ce qui n'est pas la même chose. Le paragraphe de son homélie auquel il est fait allusion ici en témoigne (*)
Pire, la référence à la campagne électorale américaine est un véritable détournement du message du Saint-Père. Et ni plus ni moins que du chantage, c'est une façon de lui interdire de s'exprimer (rappelons que nous sommes à sept mois de l'échéance électorale aux Etats-Unis, et que le Saint-Siège a précisément choisi cette date pour ne pas sembler interférer dans la politique intérieure américaine!!)
Le pape venait apporter un message d'espérance, donc d'optimisme, il avait dit lui-même souhaiter que son voyage devienne a time of spiritual renewal for all Americans, ce qui ne peut évidemment s'accomplir dans la répression, fût-elle verbale; alors que cet article ramène volontairement son magistère à cette "somme d'interdits" qu'il veut éviter à tout prix de voir associé à la doctrine catholique.
Il l'a d'ailleurs redit aux jeunes et au séminaristes, lors de la rencontre du samedi soir: Sometimes we are looked upon as people who speak only of prohibitions. Nothing could be further from the truth! Authentic Christian discipleship is marked by a sense of wonder (quelquefois, on nous regarde comme des gens qui ne parlent que d'interdits. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité! Le discipolat authentique du Christ est marqué par un sentiment d'émerveillement).
(22/4)
Fin du voyage de Benoît XVI à New-York, où il a salué les victimes du 11 Septembre
Le pape rappelle la « loi de Dieu » aux partisans de l'avortement
Sous un ciel bas hérissé de grues, Benoît XVI a béni, dimanche 20 avril, le site de Ground Zero, à New York. Entouré de victimes et de proches de victimes des attentats qui ont détruit les tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001, il a demandé à « Dieu d'apporter la paix à notre monde de violence » et de changer « le cœur et l'esprit consumés par la haine » des auteurs des attentats.
L'image du pape, recueilli sur un prie-Dieu en plein cœur du site où ont péri près de 3 000 personnes, restera l'un des moments forts de son premier voyage aux Etats-Unis, qui s'est achevé, dimanche, par une messe au Yankee Stadium, devant plus de 55 000 fidèles enthousiastes.
Cette visite fut d'abord l'occasion pour lui de traiter des affaires de pédophilie de prêtres dont la révélation continue de secouer l'Eglise américaine. Alerté par des évêques conscients de l'ampleur du traumatisme dans les paroisses, Benoît XVI a, à cinq reprises, exprimé sa « honte » (ndr, !!!) et sa « compassion » et plaidé pour le « pardon », sans s'y engager personnellement. Dans un geste inédit, il a même rencontré cinq victimes d'abus sexuels.
Cette insistance a été appréciée dans le milieu catholique, même si, pour une partie des fidèles, une prochaine étape devrait s'attacher à établir les exactes responsabilités de la hiérarchie et en tirer les conséquences. Pour le Vatican, ce voyage visait à apporter un « message d'espoir dans le renouvellement de l'Église américaine ».
« Un oubli grandissant »
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Benoît XVI a aussi profité de ces cinq jours passés entre Washington et New York pour faire l'éloge de la « religion civile » américaine, qui donne aux convictions religieuses toute leur place dans la sphère publique.
Défenseur implacable de la liberté religieuse, il a plaidé avec force pour la nécessaire affirmation de la foi et des convictions catholiques dans l'espace public, incitant les croyants à « rejeter la fausse dichotomie entre foi et choix politique », ainsi qu'il l'a rappelé lors de son homélie au Yankee Stadium, alors que les Etats-Unis sont en pleine campagne électorale.
Plaçant la « défense de la vie » en tête des priorités de la doctrine catholique, le pape a fortement incité les fidèles à s'y engager. « Les vérités [de la foi] sont les seules à pouvoir garantir les droits et la dignité inaliénables de chaque homme, y compris des plus vulnérables de l'espèce humaine, l'enfant dans le ventre de sa mère », a-t-il insisté lors de sa dernière messe, marquant la prééminence de la « loi de Dieu » sur toute autre. (*)
Devant les évêques américains, il avait aussi déploré le « scandale des catholiques qui promeuvent un prétendu droit à l'avortement » (ndr, de quel passage s'agit-il ???: Discours aux évêques américains ). Les candidats à l'investiture démocrate, Hillary Clinton et Barack Obama, sont favorables au droit d'avorter. Le candidat républicain, John McCain, est proche des mouvements « pro-vie ». La défense des droits de l'homme et de la liberté de religion avait été, enfin, au cœur du discours tenu devant l'Assemblée générale des Nations unies.
Benoît XVI, qui a fêté ses 81 ans et les trois ans de son pontificat lors de ce voyage, est aussi apparu, au fil de ses discours, habité par une vision de plus en plus désenchantée du monde actuel, marqué à ses yeux par « un oubli grandissant de Dieu », un effondrement de la culture chrétienne, une violence, un individualisme, un matérialisme et un relativisme inquiétants.
Samedi, devant plusieurs milliers de jeunes catholiques, religieux et laïcs, qui venaient de passer plusieurs heures à chanter et danser sous un soleil printanier, le pape les a saisis en évoquant sa propre jeunesse sous le « sinistre régime nazi ». « Le pouvoir de destruction est toujours là », a-t-il asséné à son public. Avant de l'inviter à placer son « espoir en Jésus-Christ», thème officiel de ce voyage.
STÉPHANIE LE BARS
(*) Homélie au Yankee Stadium
Prier avec ferveur pour l'avènement du royaume signifie aussi être constamment en alerte sur les signes de sa présence, et travailler pour son développement dans chaque secteur de la société. Cela signifie faire face aux défis du présent et du futur, confiants dans la victoire du Christ, et s'engager à étendre son règne. Cela signigie ne pas abandonner, face à la résistance, l'adversité et le scandale. C'est aussi rejeter une fausse dichotomie entre la foi et la vie politique, puisque, ainsi que l'a dit le Concile Vatican II, "il n'y a aucune activité humaine - y compris parmi les affaires séculières - qui puisse être soustraite au domaine de Dieu (Lumen Gentium, 36). Cela signifie travailler à enrichir la société et la culture américaines par la beauté et la vérité de l'Evangile, et ne jamais perdre de vue cette grande espérance qui donne sens et valeur à tous les autres espoirs qui animent nos vies.
(...)
Hier, non loin d'ici, j'ai été touché par la joie, l'espoir et le généreux amour du Christ que j'ai vus sur les visages des nombreux jeunes rassemblés à Dunwoodie. Ils sont le futur de l'Eglise, et ils méritent toutes les prières et le soutien que vos pouvez leur donner. Et ainsi, je veux conclure avec un mot spécial d'encouragement à leur intention.
Mes chers jeunes amis, comme les sept hommes "remplis par l'Esprit et la sagesse" que les apôtres ont chargé de prendre soin de la jeune Eglise, puissiez-vous aller de l'avant et assumer la responsabilité que votre foi en Jésus-Christ place devant vous! Puissiez-vous trouver le courage de proclamer le Christ "de même, hier, aujourd'hui, et à jamais", et les vérités éternelles qui trouvent leur fondement en lui. Ce sont les vérités qui vous rendent libres! Ce sont les vérités qui seules peuvent garantir le respect pour la dignité inaliénable, et les droits de chaque homme, femme et enfant, dans notre monde - y compris celui qui est le plus sans défenses de tous les êtres humains, l'enfant à naître dans le ventre de sa mère. Dans un monde où, comme Jean-Paul II, s'exprimant à cette même place nous l'a rappelé, Lazare continue à être à notre porte, que votre foi et votre amour portent de riches fruits pour atteindre les pauvres, ceux qui sont dans le besoin, et ceux qui n'ont pas de voix.
Voir ici: YANKEE STADIUM, NEW YORK