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La grande misère du journalisme, ou quand un "envoyé spécial au Vatican" se permet de colporter des ragots sur la santé du pape, pour faire un scoop. (2/5/2008)

Les "envoyés spéciaux" de la presse française au Vatican (on n'ose parler de spécialistes, tant ils sont médiocres) voient rarement leurs analyses reprises dans la presse étrangère. Et pour cause: elles n'apprennent strictement rien à personne, et leurs auteurs ne font pas le poids, tant du point de vue humain que culturel, par rapport aux poids lourds italiens et américains, par exemple. J'ai déjà eu maintes fois dans ces pages l'occasion de souligner leur malveillance, leurs approximations, leurs erreurs, leur mauvaise foi, en un mot leur absence de professionnalisme.
Cette-fois, le préposé aux questions religieuses (je ne sais de quel nom l'affubler) du Figaro, Hervé Yannou, a fait très fort! Son dernier article a inspiré des commentaires à au moins deux vrais vaticanistes, Andrea Tornielli, et John Allen (voir ci-dessous), et a imposé une mise au point du porte-parole du Saint-Siège lui-même, le Père Lombardi.

Reprenons les faits, de mon point de vue.
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Durant une semaine, absente de chez moi, je n'étais pas connectée à Internet.
Lundi soir, ACB (autrement dit Anne-Claire, ma fille) me téléphone pour m'informer de la parution d'un article dans le Figaro (1). Un article extravagant, indécent, même, où Yannou, sans doute à la recherche d'un scoop expliquait, prétendues preuves à l'appui que le Saint-Père était apparu très fatigué à la fin de son voyage aux Etats-Unis: abandonnant toute retenue, l'auteur allait jusqu'à évoquer la mort de Benoît XVI... et donc sa succession.
Sous le coup de l'indignation, Anne-Claire place sur le site du Figaro.fr une réaction vigoureuse... qui ne sera même pas publiée, le "modérateur" l'ayant peut-être trouvée trop réaliste pour être portée à la connaissance des visiteurs. (2)

Notons au passage qu'on aurait tort de rire de la projection d'un Pape issu de l'hémisphère Sud, qui est un des arguments de l'article. C'est un fantasme récurrent des ennemis de l'Eglise en général et des catholiques progressistes en particulier, et Henri Tincq lui apporte sa caution dans son dernier livre "Les catholiques". Nous en reparlerons sûrement.

Ces rumeurs calomnieuses, et particulièrement injustifiées dans cette circonstance précise ne sont pas nouvelles non plus, pour ce pontificat - je ne parle évidemment pas du précédent.
Caroline Pigozzi (voir par exemple ici: beatriceweb.eu/archives2006/..), autre éminente plume de la presse française, avait déjà évoqué la santé du pape, faisant finement allusion à l'âge de ses artères.
Yannou est en bonne compagnie.


A la suite de cet épisode, il semble que la réprobation ait été vaste, à défaut d'être unanime.
A mon regret, elle ne sera d'ailleurs pas le fait de la presse française, même catholique, pratiquant ici une confraternité proche de la connivence, et plus prompte à dénoncer les dérapages quand les cibles sont ... d'autres, que je laisse mes lecteurs imaginer!
Mais les commentaires publiés sur le site du Figaro (il a dû y en avoir beaucoup d'autres) et sur le blog de Patrice de Plunkett(4) ne laissent aucun doute.
Au final, la méchanceté du récidiviste (voir par exemple le dernier échantillon ici: Benoit XVI dessine son pontificat ) Hervé Yannou se retourne contre lui: elle a révélé de la part du public un attachement à la personne du Saint-Père que je n'aurais peut-être pas soupçonnée sans cela. Quant à son statut de "spécialiste", pour parler familièrement, il en prend un gros coup. Disons qu'il s'est définitivement discrédité, et que les commentaires ironiques de ses "confrères" (mais peut-on parler de confrères, cela signifierait que lui-même est un journaliste, et non un recopieur de dépêches) étrangers valent brevet de nullité professionnelle!
A sa place, je changerais de métier...

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