Le grand vaticaniste italien commente le voyage au jour le jour.
Une exceptionnelle leçon de journalisme.
Voici l'article correspondant à la dernière étape, c'est-à-dire à la prière à Ground Zero, et à la messe au Yankee Stadium de New York:
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Benoît XVI a ouvert sa dernière journée aux Etats-Unis par un moment de prière à Ground Zero, le cratère qui s’est creusé là où se trouvaient les tours jumelles. Ciel gris, rafales de vent, les notes méditatives des suites pour violoncelle de Bach.
Le pape reste longuement agenouillé, en silence. Puis il donne sa bénédiction et il prie. Pour les victimes innocentes et pour "les premiers et héroïques sauveteurs". Pour la "guérison" des blessés et de leurs familles. Pour la conversion de "ceux dont le cœur et l’esprit sont consumés par la haine".
Scénario tout à fait différent l’après-midi, à la messe célébrée au Yankee Stadium.
Dans son homélie, Benoît XVI envoie une vague d’optimisme aux fidèles qui remplissent les gradins. Certes il leur parle d’autorité et d’obéissance, "des mots pas faciles à prononcer". Mais surtout il lance un hymne à la liberté chrétienne, dans un pays qu’il trouve fait pour celle-ci.
La liberté chrétienne, dit le pape, est à l’opposé des "faux évangiles de liberté et de bonheur" et de la "fausse séparation entre foi et vie politique". C’est une liberté qui se nourrit des "immuables vérités dont le Christ est la base". Les applaudissements des fidèles atteignent leur maximum quand il dit que le binôme liberté-vérité est le seul qui puisse défendre "les plus faibles parmi les êtres humains, les bébés non encore nés qui sont dans le sein de leur mère".
Benoît XVI perçoit chez les catholiques américains l’action d’une dynamique très prometteuse, capable de redressement malgré leurs péchés. En ce qui concerne le scandale des abus sexuels, le pape s’est montré aussi sévère qu’impliqué. Il a pris sur lui aussi la charge des fautes. Le geste le plus touchant et le plus inattendu de ses six jours de voyages a été sa rencontre avec cinq victimes d’abus sexuels. Elle a eu lieu à huis clos, loin des caméras de télévision. Mais le pape s’est exprimé si clairement en public sur ce scandale que la rencontre silencieuse n’avait pas besoin d’explications et qu’elle a été comprise et approuvée par à peu près tout le monde.
Benoît XVI a déjà accompli de tels gestes à la fois silencieux et très éloquents. On peut rappeler le précédent de la Mosquée Bleue à Istanbul. Bien qu’il y ait prié en silence, tourné vers la Mecque, il n’a pas créé d’équivoque. Le travail de clarification avait déjà fait à Ratisbonne.
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Les étapes
- Premier jour du pape aux Etats-Unis. Contre les abus sexuels et pour l'Amérique "modèle de laïcité positive" -Benoît XVI dit ce qu'il faut faire pour que le "scandale" ne se produise plus. Et il présente le rapport entre religion et politique en vigueur aux Etats-Unis comme un modèle pour l'Europe
- Deuxième jour du pape aux Etats-Unis. Benoît XVI indique aux évêques les lignes directrices - Le texte intégral du discours qu'il a adressé aux évêques des Etats-Unis et, à travers eux, à ceux du monde entier. Avec la transcription de l’échange qui a suivi
- Troisième jour du pape aux États-Unis. Avec les éducateurs catholiques, les autres religions, les juifs - A propos du dialogue interreligieux, Benoît XVI affirme que l'objectif principal n'est pas la paix mais de "découvrir la vérité". A savoir Jésus. Qui a dit que "le salut vient des juifs". Hors programme, la rencontre avec des victimes d'abus sexuels
- Le pape à l'ONU: "La personne humaine est le point central du dessein créateur de Dieu pour le monde et pour l’histoire" - Discours à l’Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies, New York, 18 avril 2008
- Quatrième jour du pape aux États-Unis. Benoît XVI explique pourquoi les chrétiens sont si divisés - Parce qu'ils se conforment au monde. Et qu'au lieu de prêcher la vérité objective de la foi, ils incitent à choisir la communauté qui correspond le mieux aux goûts de chacun. Le discours choc que le pape a lu aux représentants de l'œcuménisme
- Cinquième jour du pape aux États-Unis. L'homélie au cœur de Manhattan et la rencontre avec les jeunes - Une "nouvelle Pentecôte de l'Eglise en Amérique": c'est le rêve de Benoît XVI. Pour l'expliquer, il s'inspire du "pur style gothique" de l'église où il dit la messe. Et aux jeunes, il donne cette consigne: suivez l'exemple des saints
- Sixième jour du pape aux Etats-Unis. La prière à Ground Zero et la dernière homélie "sur cette terre de liberté" - Benoît XVI prie pour la conversion des terroristes. Et il explique aux catholiques américains que la vraie liberté se fonde sur le Christ qui est ""a voie, la vérité et la vie". Pour le pape théologien, le succès dépasse les prévisions
- Un problème américain: faut-il ou non donner la communion aux hommes et femmes politiques catholiques pro avortement? La polémique fait rage aux Etats-Unis après que Nancy Pelosi, John Kerry, Ted Kennedy et Rudy Giuliani ont communié au cours des messes pontificales. Le cardinal Egan condamne fermement l'ancien maire de New York. Les thèses de Joseph Ratzinger sur cette question