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Il a été tellement question, au cours du voyage, du scandale des abus sexuels aux Etats-Unis, et aussi dans ces pages, qu'il vaut mieux savoir une fois pour toutes comment le Saint-Père a choisi de traiter le problème.

Le blog Whispers in the Loggia reproduit sur son site un article paru sur un site que j'avoue avoir du mal à situer: Saint Louis Platform -mais je me renseigne...

L'auteur relate en termes très émouvants la rencontre du Saint-Père avec les victimes, et le récit, bellement intitulé "Healing in the Chapel" a toutes les apparences du vécu.
Il a bien essayé de panser les plaies, et de guérir, par la prière et par sa présence.

Voici l'article de Whispers in the loggia: whispersintheloggia... healing-in-chapel
Et la version originale: stlplatform.org/...

J'ai traduit de mon mieux, le langage est plutôt du langage parlé et paraît par moments assez maladroit ou répétitif.
L'auteur utilise le mot "survivor" pour qualifier les victimes, j'ai traduit par "survivant" que je trouve un peu excessif, mais je ne trouve rien d'autre que "rescapé", qui ne me paraît pas non plus très approprié.

La guérison dans la Chapelle


Olan Horne, 48, un "survivant" des abus sexuel du clergé estime que la visite aux États-Unis du Pape Benoît XVI marque un tournant dans la façon dont les victimes d'abus sexuels sont traités dans l'Eglise catholique.

"Je l'ai vu dans son visage, j'ai entendu sa voix. Il comprend», a déclaré Horne, l'un des six "survivants" qui ont rencontré le pape jeudi.

"Benoît a demandé aux évêques de rencontrer les survivants, comme il l'avait fait lui-même: ce pape a saisi», a déclaré Horne. «Je tiens à dire que je suis du Missouri et vous allez devoir de me montrer. Benoît m'a montré ."...

"Je n'ai jamais abandonné, j'ai toujours eu l'espoir. Je n'ai pas eu beaucoup la foi, mais j'ai toujours eu l'espoir», a déclaré Horne qui n'a pas assisté à la messe durant des années, et qui a baptisé ses enfants, mais ne les a jamais emmenés à l'église ni laissé faire leur Première Communion.

Bernie McDaid, 52 ans, un autre survivant de Boston, qui est entrepreneur de peinture à Boston, a essayé de raconter son histoire au pape Jean Paul II en 2003. Il s'est rendu à Rome, mais n'a vu que des fonctionnaires du Vatican... Cette fois-ci, c'était différent ....

Environ deux semaines avant la visite papale, Horne et McDaid ont été invités à rencontrer le pape en privé avec d'autres survivants à Washington, dans la résidence de Mgr Pietro Sambi, le nonce apostolique aux États-Unis

Les six survivants des abus sexuel sur des enfants qui ont accepté l'invitation ont également été invités à la messe papale au nouveau Nationals stadium, avant la rencontre. Ensuite ils ont été conduits à la rencontre dans un mini-car, sous escorte policière. Ceux qui ne connaissaient pas les autres victimes ont été présentés seulement par leurs prénoms.
Le pape a pénétré dans la petite chapelle de la résidence et s'est tout de suite agenouillé pour une prière silencieuse. Puis il a parlé aux survivants pendant environ 20 minutes, d'après les souvenirs de Horne. Ensuite, chacun des six a eu un tête-à-tête privé avec le pape.

Une femme membre de l'équipe d'aide aux victimes de l'archevêché de Boston a remis au pape un livre de 1600 prénoms écrit sur ses pages. Le cardinal Sean O'Malley a expliqué au pape que c'était la liste de toutes les victimes des sévices sexuels de l'archidiocèse de Boston, ayant adressé aux évêques une demande de soin pastoral. Des pages avaient été laissées en blanc afin de symboliser les victimes qui n'avaient jamais exprimé leur plaintes tragiques, a expliqué O'Malley.

"Le pape a été choqué par le nombre», a déclaré Horne. "On pouvait lire la sincérité du choc sur son visage. Benoît ne savait pas qu'il y en avait autant à Boston. Il a été stupéfait. De même que le Nonce apostolique Mgr Pietro Sambi. Ce fut un moment. C'était difficile pour eux. "

O'Malley a demandé au pape de prier pour les victimes énumérées dans le livre, et le pape a promis de le faire.

Il se peut que le pape en sache plus sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique que la plupart des évêques américains. Dans son précédent poste à la Congrégation pour la doctrine de la Foi, il a passé en revue tous les cas des évêques ayant déplacé des prêtres abuseurs. Après la fin de 2002, les affaires américaines ont déferlé comme un torrent parmi les affaires qu'il avait à traiter.
Le pape a parlé pendant environ 20 minutes, en demandant pardon et en parlant de sa honte personnelle pour les prêtres dépravés qui ont anéanti l'innocence des enfants, ont dit Horne et McDaid.

Le moment le plus dramatique de la rencontre est celui où la seule femme victime a vu arriver son tour de s'entretenir avec Benoît, dit Horne. Tous avaient détourné la tête par discrétion, elle était debout face au pape. Elle a pleuré, tandis que les mots lui venaient.

"Les sons qu'elle émettait étaient remplis de tristesse, comme une aria», a déclaré Horne. "Si douloureux, mais du son le plus doux qui soit, comme s'ils étaient exhalés. Il y avait un silence complet dans la salle. Nul ne l'a interrompu. Personne n'a dit quelque chose comme "ça va aller, maintenant". Ses sanglots flottaient autour de la salle, se sont installés autour de nous tous dans la pièce. Puis ça s'est arrêté. On pouvait voir la douleur sur le visage de Benoît. "

Des larmes sont venus aux yeux de plusieurs dans la pièce, a dit Horne.

Horne est surpris lui-même de ce qu'il a dit au pape, après des années passées à réclamer une rencontre entre le pape et les survivants.

Depuis qu'il est devenu un adulte, il a rarement été à la messe; quelques heures avant la visite, Horne est allé avec sa fille collégienne à la messe papale au Nationals Stadium.

"Au cours de cette Messe, je me suis rendu compte que je n'avais pas donné la foi à ma fille, mais que je pourrais lui donner quelque chose », a-t-il dit. "Je pourrais montrer comment ne jamais baisser les bras. Il y avait là le chef de toute l'Eglise catholique. Et dans une heure, il était prêt à me rencontrer avec d'autres survivants. Je n'avais jamais perdu l'espoir que les choses pourraient changer. Renoncé à la foi parfois , mais jamais renoncé à l'espoir. "

Dix minutes avant que le pape n'arrive, Horne a demandé à un prêtre d'entendre ses péchés dans le sacrement de la Réconciliation, appelé familièrement confession. Les catholiques croient que, dans ce sacrement, Jésus apporte la grâce de la guérison et le pardon.

Lorsque Horne se trouva face au pape, il se surprit lui-même à lui raconter sa préparation spontanée.

"Je lui ai dit que je n'avais jamais été me confesser en 35 ans, mais j'y suis allé 10 minutes avant de le rencontrer pour demander pardon parce que je l'avais détesté pendant des années, je détestais l'église, je détestais mon Dieu. Je lui ai dit que je voulais le pardon pour que je puisse être à la même place que lui quand je l'ai rencontré. Ainsi, je pourrais ouvrir mon cœur."

Le chagrin dévastait le visage du pape comme un homme debout devant un jury, dit Horne, mais quand il a eu terminé, Benoît a souri et a saisi sa main.

«Pendant un long moment, je lui ai dit que l'Eglise peut montrer au monde comment faire face à cela, comment protéger les enfants contre les abus. Le pape, le chef de toute l'Église, s'est exprimé ."...

"Je pense que le pape est prêt à régler cette question, je l'ai toujours dit, depuis des années," dit Horne ....

McDaid avait répété pendant des jours entiers ce qu'il pourrait dire au pape. Puis, il mit de côté la plupart de ses idées et dit simplement que comme enfant de choeur de 11 ans, un prêtre avait abusé de lui sexuellement dans la sacristie de son église paroissiale.

"À l'endroit où je priais j'ai été abusé sexuellement», a- t-il dit. Le viol n'était pas seulement de son corps mais de son esprit, car il venait de quelqu'un que le garçon voyait comme une autorité spirituelle. McDaid a dit au Pape que, à ce moment-là, il avait perdu son système de croyance et son respect pour toute autorité, y compris ses parents. Pendant des années, il a combattu la dépression, la toxicomanie et s'est détaché de ses parents.

"Le pape avait l'air très triste, il m'a regardé dans les yeux, baissé les yeux, m'a regardé et a tenu ma main, sans la lâcher», dit McDaid. "J'ai vu son langage corporel, ses yeux, j'ai entendu la tristesse dans son anglais à l'accent allemand. Je n'ai pas eu à dire, avez-vous saisi?"

McDaid ressent un sentiment d'accomplissement du fait que Benoît ait écouté leurs histoires. Il regrette seulement que cette réunion n'ait pas eu lieu plus tôt. Au lieu de s'opposer les uns aux autres, les évêques, les laïcs catholiques, les prêtres et les victimes doivent maintenant commencer à travailler ensemble, dit-il.

"Nous devons travailler ensemble pour aider ceux qui ont été victimes d'abus et protéger les enfants contre les abus traîtres qui ont volé notre spiritualité."

McDaid était si débordant de satisfaction qu'il a fait parvenir un message au pape dans son avion juste avant le décollage.

Son message disait simplement: "Merci de tout mon coeur et mon âme ."...

"Maintenant que Benoît leur a parlé et que les antennes de Sambi sont en état d'alerte, le changement doit venir", a dit Horne.

"Le pape a saisi», a dit Horne.

Comme Van Morrison l'a chanté autrefois, "La guérison a commencé ...."

Mais pas assez tôt.