... ou, juste après une difficile mais riche "année sacerdotale", la fausse compassion de l'anti-prêtre, qui n'aime pas Benoît XVI, et le fait savoir. Il vient de publier aux éditions Payot un livre d'entretiens avec deux journalistes, "Avance, et tu seras libre" (4/9/2010)

On aimerait plutôt lui suggérer: pars, et tu seras libre...



Quelques passages saisis au hasard valent mieux qu'un long discours, pour montrer à quel point l'homme "au doux regard bleu" est en réalité un redoutable ennemi. Simplement parce que, malgré la médiocrité de son propos, je prends le pari (en espérant me tromper) qu'il va écumer les studios de radio et les plateaux de télévision, invité tout exprès pour expliquer au bon peuple ignare combien le Pape actuel est mauvais, et qu'heureusement, "une autre Eglise est possible".
Je ne suis pas sûre qu'il n'endosse pas là un vêtement trop grand pour lui, assumant à son insu un rôle qui le dépasse.
Mais ce qu'il dit de l'agression contre le Saint-Père, la nuit de Noël, révèle une autre face de sa personnalité: une vraie méchanceté.

On peut se demander ce qu'il fait encore dans l'Eglise, avec laquelle il est en désaccord sur absolument tout.
Mais, madré, le bonhomme (qui sait fort bien qu'hors de l'Eglise, il n'existerait même pas!) répond ainsi à cette question:
« S'il faut de l'audace pour partir, accordez-moi celle de rester. » Je l'ai toujours dit, je suis reconnaissant à l'Église de m'avoir fait découvrir Jésus et l'Évangile. Elle reste ma famille. Mais pour moi, aujourd'hui, l'Église ce sont les chrétiens avec lesquels je suis sur le terrain, ceux qui vivent l'Évangile en plein monde et sont une rumeur d'espérance. Quitter l'Église, ce serait les quitter et les trahir. Nous traversons en ce moment une zone de turbulences, il y en a déjà eu et il y en aura d'autres. Mais c'est dans la tourmente que s'allument les flambeaux de demain.

Sur tous les sujets, les demi-vérités de "Mgr" Gaillot sont en fait d'odieux mensonges. Il ne peut pas l'ignorer.
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EXTRAITS

Place des femmes (et nuit de Noël)


Question:
Selon l'Évangile, l'intervention et l'audace des femmes provoquaient l'hostilité dans l'entourage de Jésus. Elles étaient aussitót traitées d'hystériques et de déséquilibrées. Question d'époque, mais l'Église n 'a-t-elle pas toujours ce type de réaction face à celles qui dérangent ?
Réponse:
Une anecdote évocatrice. Le soir de Noël 2009 à Rome, le cortège papal s'avance, avec force mitres, crosses, dentelles et brocarts, lorsqu'une femme, sautant prestement une barrière, s'agrippe à Benoît XVI. Une partie du cortège, empétrée dans ses ornements, s'effondre comme un château de cartes. La perturbatrice est aussitót arrêtée et l'on proclame qu'elle est « certainement déséquilibrée ». Imaginons qu'elle ait voulu montrer que l'Église et le pape en particulier font peser sur les femmes quelque chose de très lourd. Mais on ne s'interroge pas : on gomme l'incident et la belle cérémonie peut reprendre. (ndlr: le "on" est particulièrement odieux, car il venait clairement des medias hostiles, qui voulaient ainsi minimiser l'offense, et même le sacrilège contre l'Eglise, ainsi que l'avait très bien compris Carlota: http://benoit-et-moi.fr/2010-I/... )
Pour ma part, je trouve le symbole assez beau: une femme a rompu le grand ordonnancement de Noël, tout ce décorum totalement dépassé, voire provocant (ndlr: si je devine Monseigneur, la "fête" aurait été complète si notre Saint-Père avait été blessé, voire pire!) Dans l'Évangile, Jésus dénonce les scribes et les pharisiens qui exhibent phylactères et franges pour prouver à tous leur piété. Il leur reproche d'aimer occuper les premières places dans les synagogues et les festins, de se faire reconnaitre comme rabbis sur les places publiques. Ce statut de maître les incite à « lier de pesants fardeaux et à les imposer aux épaules des gens, mais eux-mémes se refusent à les remuer du bout des doigts ».
C'est tout cela que nous avons vu s'effondrer symboliquement en ce fameux soir de Noël : le goût de l'apparat et de la richesse, la prétention à détenir la vérité, l'imposition de normes morales intenables pour beaucoup.

Ouverture aux "autres" religions


Q: À ceux qui affirment que l'on doit répondre au Coran par la Bible, s'affirmer en position de force par une application stricte des textes, que répondez-vous ?
R: Que cette stratégie n'a aucun avenir. La modernité nous engage à réinterpréter la Bible en une opération vérité jamais terminée. Pas de dogme ni de nouvelle affaire Galilée : ce serait un mauvais plan. Ouvrons au contraire la porte aux autres religions sans appréhension ni méfiance.

Sur les "problèmes de société"


Q: Votre position à propos du mariage des prêtres ?
R: Le statut clérical masculin est dépassé. De même que je ne vois pas pourquoi les femmes ne pourraient pas être ordonnées prêtres, je ne comprends pas pourquoi les hommes d'Église ne pourraient pas avoir le choix entre mariage et célibat. Le mariage et la paternité ne doivent pas être un obstacle à l'exercice du ministère. L'important, c'est qu'il y ait des prêtres auprès des populations. Des prêtres bien dans leur peau, en phase avec le monde qui les entoure (ndlr: certes! mais le fait qu'on les autorise à se marier suffirait-il à relancer les vocations?).
Une association a été fondée par des femmes de prêtres et j'en suis le président d'honneur. Elle s'appelle Plein Jour. Une manière de dire qu'il faut en finir avec le mensonge. En attendant, cette association représente un lieu de liberté, d'échanges, de soutien pour celles et ceux qui connaissent la dissimulation et la culpabilité. Des prêtres ont des femmes en cachette, parfois des enfants. D'autres choisissent de vivre leur vie de famille et renoncent au sacerdoce. C'est pour eux une véritable déchirure, et pour l'Église la perte d'éléments souvent précieux. La situation actuelle est malsaine et destructrice pour les individus.

Q: Vous défendez cette thèse depuis des années. Autrefois, vos interventions faisaient scandale. Aujourd'hui, certains évêques prennent des positions que vous préconisiez il y a vingt ans. Peut-on parler d'une évolution ?
R: Toujours sur la défensive, l'Église catholique commence par interdire, par refuser, par rejeter, puis elle finit par aller dans le sens de l'évolution. Mais toujours contrainte et forcée, à la traîne, au lieu d'accompagner et même d'éclairer le chemin. C'est un signe criant de rupture entre elle et les individus.
Plusieurs exemples.
- L'avortement. Les évéques de France admettent aujourd'hui qu'il fallait une loi.
- Le mariage des homosexuels provoquait auparavant un tollé dans l'Église. En 2009, lorsque le sujet a de nouveau été évoqué, elle n'a fait aucune remarque.
- Le PACS. Les évêques de France y voyaient une menace pour la famille, s'élevaient contre une reconnaissance de l'union entre homosexuels, affirmaient que notre société était bien malade pour mettre en place un tel dispositif. Alors qu'au contraire, et même si le PACS peut toujours étre amélioré, cette société a montré de l'humanité par rapport à des situations de souffrance.
Prenons le cas des malades du sida. Lorsque l'un mourait, l'autre se retrouvait sans rien. La société a eu de la compassion, pas l'Église. L'Église a fait parler ses principes, pas son cceur. Elle est encore passée à cóté.
En 2009, on a fêté les dix ans du PACS et l'on s'est aperçu en passant que la famille n'en avait pas été détruite pour autant (ndlr: "Monseigneur" a-t-il des oeillères??), que le PACS concernait aussi bien les hétérosexuels que les homosexuels. Tout le monde célèbre le PACS, tout le monde aime le PACS. Plus de dix ans après, l'Église ne dit plus rien (et des boules quiès? ). Que pourrait-elle dire ? Qu'elle s'est trompée. Car lorsque l'Église monte au créneau et se trompe, il faudrait au moins qu'elle le reconnaisse.
Dans le domaine des moeurs, les progrès sont trop lents et pas vraiment significatifs. De plus, n'oublions pas le poids des intégristes. Ils ne sont pas nombreux mais actifs, influents et dangereux. Peut-être plus aujourd'hui qu'hier.

Sur le préservatif


Q: Il y a plus de vingt ans, vous vous étiez exprimé à propos du préservatif, reconnaissant son utilité pour « éviter de donner la mort ». Aujourd'hui, certains évêques admettent enfin son emploi. Le pape, lui, continue à rejeter ce moyen de protection.
R: Benoît XVI déclenche la polémique lors de son tout premier voyage sur le sol africain, un continent où le sida fait particulièrement des ravages. Il écarte ce moyen de lutte alors même que les ONG sur le terrain se battent pour tenter de sauver des vies par la promotion, entre autres, du préservatif. Une nouvelle fois, on cherche à culpabiliser les consciences en assénant des principes en décalage avec la réalité. Pourquoi imposer des fardeaux à ceux qui en portent déjà de très lourds ?
C'est la vision de l'Église sur la sexualité qui est en cause, une vision en parfait décalage avec l'évolution des moeurs. Quand on a tenu la main d'un jeune en train de mourir du sida, on doit renoncer aux grands discours ! (ndlr: Gaillot n'a pas dû écouter le Pape!)

Le silence du Nonce


Depuis l'élection de Benoit XVI, les interventions de Rome sont presque chaque fois sujettes à polémique.
Les paroles du pape ou de ses conseillers jettent parfois le trouble et sèment la consternation. Je le constate régulièrement et j'ai tenté de le dire au nonce apostolique, l'ambassadeur du Vatican en France, un jour que je le croisais à l'UNESCO
« Je suis en colère contre l'Église de Rome. Elle accumule les gaffes. Quel discrédit pour l'Église catholique ! »
Il m'a répondu
« On n'a pas bien compris ce que voulait dire le pape. »
Je l'ai interrompu
« Ne me tenez pas ce discours ! En tant que nonce, vous pouvez interpeller le pape et ses conseillers, lui parler du gàchis que de telles interventions provoquent sur le terrain. Personnellement, j'ai honte. »
Le nonce a gardé le silence.

Si l'anecdote est vraie... on comprend le nonce!

Et a-t-on le droit de dire qu'en tant que catholique, c'est nous qui avons honte de Monseigneur?

Note


L'abbé Laguérie a publié sur son blog (http://blog.institutdubonpasteur.org/...? ) un article étonnant.
Que lui reprocher?
Non pas qu'il ait invité Mgr Gaillot, pourquoi pas? Mais qu'il voit en lui un "persécuté".
Persécuté par qui?
Lui, cajolé, encensé par les medias et l'idéologie dominante, ce serait donc "Rome" qui le persécuterait?
Certes, les propos de l'abbé ne sont à prendre qu'au second degé: humour, en somme.
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"Le lundi 5 juillet dernier, j’avais la joie de recevoir à dîner en la Maison Centrale, Mgr Jacques Gaillot, ancien évêque d’Evreux et actuellement évêque (In partibus infidelium) de Partenia. Ce fut une bonne soirée, vraiment, et sur plus d’un point, malgré des divergences de vues qu’on peut naturellement supposer, très instructives. En tous cas, une confrontation riche de nos différences qui, sur plus d’un point, se rejoignent fort curieusement.
Le dénominateur commun qui me rend cet évêque sympathique est sans doute la persécution.
Vous me direz à juste titre que c’est le motif de la persécution qui importe et qu’il est même des persécutions qu’on n’a pas volées ! Mais enfin, cette persistance à accepter patiemment un sort d’éternel banni finit par vous rendre héroïque !