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Le Pape à la synagogue

... en novembre prochain. Une invitation pas si cordiale. (19/9/1009)


A l'occasion du Nouvel An juif, le Pape a adressé au grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni, un message d'amitié, où on peut lire aussi, en ouvrant les yeux un avertissement qui ne semble pas avoir été souligné: dans ce message il invoque en effet sur le peuple juif "d'abondantes bénédictions", et un "encouragement pour l'engagement " à promouvoir " la justice, la concorde et la paix ".
Et d'ajouter:
"Je vous renouvelle mon amitié cordiale dans l'attente d'accomplir avec joie, après vos fêtes, la visite à cette communauté et à la synagogue, animé par le vif désir d'exprimer ma proximité personnelle et celle de toute l'Eglise catholique".

Le Rabbin s'est empressé de rendre le message public, et a exprimé sa satisfaction pour ce message "si significatif et si important...":
(http://zenit.org/...)

Malgré le souci évident de certains de nous jouer l'air du "tout va très bien ...", en attendant sans doute de se déchaîner, contre le Pape s'il dit quelque chose qui ne plaît pas (ou même s'il ne dit pas ce qu'on attend de lui) il ne faut pas trop être dupe des manifestations d'amitié du rabbin, qui a l'habitude fâcheuse de souffler alternativement le chaud (un peu) et le froid (beaucoup).
Cela depuis longtemps: je me souviens très bien qu'à peine le Pape avait-il prononcé son magnifique discours d'Auschwitz, en mai 2006 (en fait, il était encore dans l'avion qui le ramenait à Rome, le jour-même) qu'une polémique éclatait, lancée ou relayée par le grand rabbin de Rome qui se répandait dans les medias italiens pour exprimer son mécontentement (voir ici).
Mais, il n'est pas nécessaire de remonter aussi loin dans le temps, et en mettant de côté la prière du Vendredi Saint, la béatification de Pie XII, la visite à Yad-Vaschem et l'affaire Williamson (ce qui fait quand même beaucoup!! et presque à chaque fois, il s'agit de cas d'ingérence caractérisés) , les derniers exemples sont très récents:

- Le 19 avril, le Rabbin accordait une interviewe à La Stampa, y dénonçant en termes plus que vifs (il se disait "alarmé" et "préoccupé") la participation de l'Eglise à la conférence Durban II, boycottée par les Etats-Unis, l'Italie, et d'autres pays occidentaux pour son "extrémisme anti-israélien". (http://benoit-et-moi.fr/2009-II/... )
- Le 8 août dernier, apès l'homélie d'Angelus où Benoît XVI mettait en garde contre le danger pour l'homme de se substituer à Dieu (http://benoit-et-moi.fr/2009-II/... ) et alors que les médias n'en avaient retenu que l'allusion aux camps d'extermination nazis, le rabbin De Segni avait exprimé en ces termes son mécontentement, toujours dans La Stampa:
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"Je ne vois aucun pas en avant. Le problème reste son interprétation de la shoah et du nazisme, c'est-à-dire une bande de délinquants qui tint sous son poing la nation allemande toute entière. Par rapport à cette thèse, l'Angelus n'apporte aucune modification substantielle. De divers côtés, Benoît XVI a été contesté dans ses visites à Auschwitz et au Mémorial de l'holocauste “Yad Vashem”, car il avait bien fait la distinction entre l'Allemagne et le peuple allemand d'une part, et les responsabilités du nazisme de l'autre. Par rapport à ce problème, il ne me semble pas qu'aujourd'hui, le Pape se soit démarqué de cette ligne."
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On peut donc se poser la question: pourquoi Benoît XVI se rend-il à la Synagogue (une démarche que pour ma part j'appréhende presque autant que son voyage en Israël, où l'on a vu quelle sorte d'accueil lui a été réservé), alors qu'il ne peut ignorer qu'il n'y sera pas accueilli par le plus loyal des amis?
Je ne trouve qu'une explication, en mettant de côté tout ce qui a un rapport avec sa conviction chrétienne qu'il faut rendre le bien pour le mal d'une part, et les nécessités diplomatiques de l'autre. Il s'agit d'affirmer avec force: "si nos relations sont difficiles, cela ne vient pas de nous (les catholiques) ni de moi (le pape allemand). A vous de voir si vous voulez vraiment poursuivre le dialogue...". Une façon de mettre la balle dans leur camp, en quelque sorte.
Mais, comme le dit Raffaella, il est clair que rien de ce que fera ou dira Benoît XVI ne sera jamais suffisant.


Voici un article paru cette semaine dans la presse italienne, qui brosse un tableau assez juste quoique non exhaustif de l'arrière-plan.
Article de La Gazetta del Sud sur le blog de Raffaella.
Ma traduction.

Le Pape à la synagogue

Ratzinger se rendra à l'automne "avec joie" dans la synagogue de Rome
Confirmant sa volonté de ne pas abandonner le dialogue entre catholiques et juifs

Domitilla Conte
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23 ans après la première et dernière visite d'un pape à la synagogue de Rome, Benoît XVI va en franchir le seuil cet automne, ce qui confirme son intention de ne pas abandonner le dialogue entre catholiques et juifs, malgré les malentendus persistants.
La confirmation de la visite, déjà annoncé en Mars cette année et pour laquelle aucune date précise n'a encore été fixée, sinon qu'elle aura probablement lieu le deuxième dimanche de Novembre, est arrivée en même temps que le salut adressé hier au grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni, pour les célébrations à venir du Nouvel An juif, Yom Kippour et Souccot. Un télégramme de quelques lignes que le rabbin lui-même, a pourtant décrit comme «significatif et important", remerciant le pape.
"Cette année encore, à l'occasion de la célébration de Rosh Ha Shana 5770, de Yom Kippour et de Souccot - lit-on dans le télégramme, rendu public par Di Segni - j'exprime volontiers mes plus chaleureuses félicitations à vous et à la communauté juive de Rome, et tout en espérant que ces fêtes seront un motif de sainte joie, j'invoque de l'Eternel pour tous les juifs d'abondantes bénédictions et l'encouragement constant d'efforts pour promouvoir la justice, l'harmonie et la paix." "Je vous renouvelle mon amitié cordiale - ajoute le message - dans l'attente d'accomplir avec joie après vos fêtes, la visite à cette communauté et à la synagogue, animés par le vif désir d'exprimer ma proximité personnelle et celle de toute l'Eglise catholique.

Cette proximité n'est pas toujours évidente, même si Benoît XVI s'est déjà rendu dans deux synagogues, celle de Cologne, en Allemagne, en août 2005, et celle de Park East à New York en avril 2008. Immédiatement après l'élection à la papauté en avril 2005, Benoît XVI avait exprimé dans un message au rabbin Di Segni sa volonté de se confier "à l'aide du Très-Haut pour poursuivre le dialogue et renforcer la collaboration avec les fils et les filles du peuple juif". Une volonté renforcée au cours du voyage en Terre Sainte, où Benoît XVI a visité, entre autres, le mémorial de Yad Vashem. Mais même en cet endroit, les polémiques de quelques franges juives n'ont pas manqué, pour ses appels au dialogue avec l'islam et une condamantion de l'antisémitisme et de l'Holocauste que certains d'entre eux ont jugé insuffisante.
Sur ce voyage avaient pesé plusieurs motifs de friction: la prière du vendredi saint, sur laquelle les juifs de Rome, justement, venaient de montrer la position plus intransigeante, les tensions soulevées par les affirmations négationistes de Mgr Richard Williamson, la controverse sur la béatification Pie XII. Tensions qui semblent sorties de la phase la plus aiguë, mais n'ont pas complètement disparu.

Malgré tout, le pape allemand montre toutefois qu'il veut le dialogue, et, après des condamnations répétées et explicites de l'Holocauste, il attend "avec joie" de parcourir sur les traces de Jean Paul II "le plus long voyage», celui qui sépare la cité du Vatican de la synagogue, de l'autre côté du Tibre.

© Copyright Gazzetta del sud, 18 Septembre 2009

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