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Eglise et immigration (2)

Suite du billet du père Scalese. Et si on regardait vers l'Irlande? (22/11/2009)

Voir ici la 1ère partie: Eglise et immigration

Le Père Scalese a donné une suite à son billet "Eglise et immigration".
Un billet provoquant, mais qui abordait les vraies questions, pour les catholiques.
L'Eglise nous donne l'orientation vers le bien, disait-il.
Un message qu'on ne peut qu'accueillir avec "engagement" (je cherche un mot français pour traduire "impegno").
Et surtout, dans toute chose, il y a du bon et du mauvais.
L'exemple est donné avec l'immigration massive des irlandais aux Etats-Unis, suite à la Grande Famine du XIXe siècle.
Dans l'expérience irlandaise, l'aspect positif a été la "catholisation" des Etats-Unis.

Donc, selon cette logique, de cette immigration extra-européenne, il pourra émerger aussi un bien.
C'est possible, même si c'est difficile à imaginer, mais selon moi pas à échelle temporelle humaine: ce "bien" mettra plus d'une génération à se décanter. Nous risquons de ne pas le voir.
-> Sur ce sujet: Immigrationnisme.

Texte en italien: Encore sur l'immigration (http://querculanus....)



Comme souvent, le Père Scalese prend comme point de départ de sa réflexion la réaction d'un lecteur, ici un de ses anciens élèves, David.
Pour parler du phénomème de migration, David nous renvoie en 1846, plus précisément aux apparitions de la Vierge à La Salette.
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En 1846, à La Salette, la Sainte Vierge fit une prophétie: "Les pommes de terre vont pourrir dans la terre."
En 1847, le mildiou, un parasite venu d'Amérique, détruisit la récolte du précieux aliment dans toute l'Europe.
Pour ceux qui disposaient de céréales, de légumineuses et de vin pour se nourrir, la perte fut grave mais pas catastrophique. Pour les Irlandais, qui depuis des générations se nourrisssaient avec 5/6 kg de pommes de terre (mélangées à du lait) par jour, cela signifia la famine la plus grave de son histoire. Pendant cinq ans, l'île verte fut dévastée par la faim (la «grande famine»), les épidémies et... l'indifférence des maîtres, les Britanniques, qui saisirent l'occasion pour appliquer de manière intégrale la doctrine malthusienne: ils n'ont pas de nourriture parce qu'ils sont trop nombreux, ils sont trop nombreux parce qu'ils font trop d'enfants, donc laissons la nature suivre son cours ...
En effet, Londres n'était pas complètement indifférent, de même que les organisations internationales et les multinationales ne sont pas complètement sourdes à la misère de certaines parties du Tiers-monde; le Parlement adopta une "loi sur les pauvres", qui contraignait les paysans irlandais à vendre leurs terres pour obtenir les aides utiles à la simple survie. Je me demande si les oreilles ne sifflent pas à certains promoteurs de campagnes d'aide humanitaire ou à des investisseurs en Afrique sub-saharienne ...
Le résultat fut que l'île, qui avait une population de 8,2 millions de personnes en 1841, a perdu 25% de la population en dix ans et quatre autres millions au cours des deux décennies suivantes.
La famine, l'exploitation, la lutte insensée contre le surpeuplement sont des réalités que depuis deux générations, de nombreux pays africains et asiatiques connaissent bien.
Le résultat est le même que pour les Irlandais au XIXe siècle: des millions de personnes ont alors émigré, principalement vers les États-Unis, produisant un choc énorme pour un pays qui était alors massivement WASP: White, Anglo-saxon and Protestant.
Les Irlandais, suivis plus tard par les Italiens et les Polonais, ont apporté un changement radical aux États-Unis; apparurent les premières églises catholiques, les monastères, et enfin les premiers sanctuaires Mariaux, sur la Côte Est.

Aujourd'hui, on a l'impression que l'immigration doit inévitablement conduire à une islamisation du pays d'accueil. Et aussi à une augmentation du taux de criminalité....
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David poursuit son exposé avec des arguments que nous, français, avons peut-être plus de mal à admettre: en particulier il affirme (?) que la grande majorité des immigrants viennent de pays de foi orthodoxe (Roumanie, Russie, Ukraine) ou catholique (Philippines, Pologne, Croatie et en Amérique du Sud) - convenant quand même que les "Arabes musulmans sont principalement concentrés dans certaines régions (Nord-Ouest de l'Italie, les Pays-Bas du Sud, du Royaume-Uni, Paris), où la bêtise de certains hommes politiques leur a donné des privilèges indus et souvent même pas réclamés".
Il a oublié les turcs, très présents en Allemagne, et dans l'Est de la France.

Concernant le discours sur la criminalité, David argumente que le phénomème ne dépasse pas, au moins en Italie, celui ayant accompagné "la grande migration du Sud, qui avait déversé - parmi des millions de gens honnêtes issus de Campanie, de Calabre, de Sicile et des Pouilles - une grande partie de la lie de la criminalité du Sud dans les capitales industrielles du Nord...Inutile de se cacher derrière son doigt: les organisations mafieuses chinoises, russes, nigériennes et marocaines ont tiré les mêmes avantages qu'en son temps la Camorra,.. et Cosa Nostra".

Enfin, selon David, l'accueil qui accompagne les migrations n'est pas toujours un choix en faveur des pays d'origine : ... parce que pour l'Irlande, la perte des trois quarts de sa population signifiait la condamnation à un état de dépression constante et de sous-développement..
"Petite, pauvre et très isolée, l'Irlande a catholicisé le monde, mais à un prix énorme".

Tout cela resterait vrai de nos jours pour les pays d'origine des immigrés...

Voici la conclusion du Père Scalese:
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Il est toujours bon d'envisager les choses sous différents points de vue, car alors on en découvre des aspects qui autrement resteraient cachés.
Je pense toujours qu'il ne s'agit pas tant d'exprimer un jugement de valeur sur les migrations: si elles sont opportunes ou pas. Elles sont une réalité dont nous devons prendre acte. Comme je l'ai dit hier, dans toutes les choses, nous pouvons découvrir des points positifs et négatifs (dans l'expérience irlandaise, l'aspect positif a été la "catholisation" des Etats-Unis, le côté négatif, la dépression de ce pays jusqu'à nos jours).
La préoccupation de l'Eglise n'est pas tant de porter des jugements de valeur sur les événements historiques, que d'"humaniser" certaines situations qui ne dépendent pas d'elle: c'est le discours de l'accueil.

Bien sûr, ce serait beau si tout le monde pouvait resterchez soi, et ainsi contribuer au développement de son pays. Peut-être que, comme nous l'avons déjà dit, l'Église ne devrait pas se limiter à réclamer l'accueil, elle devrait également se faire promotrice du progrès sur place (et dans une certaine mesure, elle le fait déjà). Mais en attendant, elle doit composer avec une réalité qui existe, face à laquelle elle ne peut rester indifférent ; et elle le fait, non seulement en invitant à l'accueil, mais aussi en essayant de transformer, comme nous le disions hier, ce qui peut sembler juste un problème, en une "opportunité".

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