Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Sites reliés Recherche St-Siège
Page d'accueil La voix du Pape

La voix du Pape


60 ans de sacerdoce Saint-Marin, 19 juin Avec les tsiganes, 11 juin Croatie, 4-5 juin 2011 A bord de la Navette spatiale 7-8 mai: Aquilée et Venise Béatification de JP II Voyages 2011

Le corps et la sexualité: des dons de Dieu

Splendide discours devant les participants à la rencontre organisée par l'Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Le Saint-Père poète et esthète cite Michel-Ange, Dante et Paul Claudel (13/5/2011)

Points forts:
--------------

- La vraie fascination de la sexualité résulte de la grandeur de cet horizon qui s'ouvre: la beauté intégrale, l'univers de l'autre personne et du "nous" qui naît de l'union, la promesse de communion qui s'y cache, la fécondité nouvelle, le chemin que l'amour ouvre vers Dieu, source de l'amour. L'union en une seule chair, se fait alors union de toute la vie, jusqu'à ce que l'homme et la femme deviennent aussi un seul esprit.
- La famille est le lieu où la théologie du corps et de l'amour s'entrecroisent. C'est là qu'on apprend la bonté du corps, dans l'expérience d'amour reçue des parents.
- Un personnage de Claudel dit à l'aimé: "la promesse que mon corps t'a faite, je suis incapable de l'accomplir", à quoi suit la réponse: «le corps se rompt, mais pas la promesse ...» ( Le Soulier de satin , Jour III, Scène XIII)
[cf. Joseph Ratzinger et Paul Claudel ]
- Quand on le détache de son sens filial, de sa connexion avec le Créateur, le corps se rebelle contre l'homme, il perd sa capacité à faire transparaître la communion et devient champ d'appropriation de l'autre. N'est-ce pas là le drame de la sexualité, qui aujourd'hui reste enfermée dans le cercle étroit de son propre corps et de l'émotivité, mais qui en réalité, ne peut s'accomplir que dans l'appel à quelque chose de plus grand?

Ma traduction de son discours.

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

Je vous accueille avec joie aujourd'hui, quelques jours après la béatification du pape Jean-Paul II, qui il y a trente ans, comme nous l'avons entendu, a voulu fonder en même temps le Conseil Pontifical pour la Famille et votre Institut pontifical; deux organismes qui montrent qu'il était fermement convaincu de l'importance décisive de la famille pour l'Eglise et pour la société. Je salue les représentants de votre grande communauté aujourd'hui éparpillées dans tous les continents, ainsi que la fondation pour le mariage et la famille que j'ai créée pour soutenir votre mission. Je remercie le président, Mgr Melina, pour les paroles qu'il m'a adressées au nom de tous. Le nouveau bienheureux Jean-Paul II , qui, comme cela a été rappelé, subit il y a tout juste trente ans le terrible attentat de la Place Saint-Pierre, vous a confié, en particulier, pour l'étude, la recherche et la diffusion, ses "Catéchèses sur l'amour humain", qui contiennent une profonde réflexion sur le corps humain. Conjuguer la théologie du corps avec celle de l'amour pour trouver l'unité du chemin de l'homme: tel est le thème que je voudrais vous indiquer comme horizon pour votre travail.

Peu de temps après la mort de Michel-Ange, Paul Véronèse fut appelé devant l'Inquisition, accusé d'avoir peint des images inappropriées autour de la dernière Cène. Le peintre dit que même dans la chapelle Sixtine, les corps étaient représentés nus, avec peu de respect. Ce fut justement l'inquisiteur qui prit la défense de Michel-Ange avec une réponse devenue célèbre: "Ne sais-tu pas que dans ces figures, il n'est rien que d'esprit?".
Comme homme moderne, nous avons du mal à comprendre ces paroles, parce que le corps nous apparaît comme une matière inerte, pesante, par opposition à la connaissance et à la liberté propres à l'esprit. Mais les corps peints par Michel-Ange sont habitée de lumière, de vie, de splendeur. Il voulait montrer ainsi que nos corps cachent un mystère. En eux, l'esprit se manifeste, et est à l'oeuvre. Ils sont appelés à être des corps spirituels, comme le dit saint Paul (cf. 1 Cor 15:44). On peut alors se demander: ce destin du corps peut-il éclairer les étapes de son périple? Si notre corps est appelé à être spirituel, son histoire ne doit-elle pas être celle de l'alliance entre le corps et l'esprit? En fait, loin de s'opposer à l'esprit, le corps est le lieu où l'esprit peut habiter. À la lumière de cela, on peut comprendre que nos corps ne sont pas matière inerte, pesante, mais ils parlent, si nous savons les écouter, le langage de l'amour vrai.

Le premier mot de ce langage se trouve dans la création de l'homme. Le corps nous parle d'une origine que nous ne nous sommes pas donnés nous-même. "Tu m'as tissé dans le ventre de ma mère", dit le Psalmiste au Seigneur ( Ps 139,13). Nous pouvons dire que le corps, en nous révélant l'Origine, porte en soi une signification filiale, parce qu'il nous rappelle notre génération, qui puise, par nos parents qui nous ont transmis la vie, à Dieu le Créateur. C'est seulement quand il reconnaît l'amour originel qui lui a donné la vie, que l'homme peut s'accepter, peut se réconcilier avec la nature et avec le monde. À la création d'Adam succède celle d'Ève. La chair, reçue de Dieu, est appelée à rendre possible l'union d'amour entre l'homme et la femme et transmettre la vie. Les corps d'Adam et d'Ève, avant la chute, apparaissent en parfaite harmonie. Il y a en eux un langage qu'ils n'ont pas créé, un eros enraciné dans leur nature, les invitant à se recevoir mutuellement du Créateur, afin de pouvoir se donner. Nous comprenons alors que, dans l'amour, l'homme est "re-créé". Incipit Vita Nova , disait Dante ( Vita Nuova I, 1), la vie de la nouvelle unité des deux en une seule chair.
La vraie fascination de la sexualité résulte de la grandeur de cet horizon qui s'ouvre: la beauté intégrale, l'univers de l'autre personne et du "nous" qui naît de l'union, la promesse de communion qui s'y cache, la fécondité nouvelle, le chemin que l'amour ouvre vers Dieu, source de l'amour. L'union en une seule chair, se fait alors union de toute la vie, jusqu'à ce que l'homme et la femme deviennent aussi un seul esprit. Ainsi s'ouvre un chemin dans lequel le corps nous enseigne la valeur du temps, de la lente maturation dans l'amour. Dans ce contexte, la vertu de chasteté reçoit un nouveau sens. Ce n'est pas un «non» aux plaisirs et aux joies de la vie, mais un grand «oui» à l'amour comme communication profonde entre les personnes, qui nécessite temps et respect, comme chemin ensemble vers la plénitude, et comme amour qui devient capable d'engendrer la vie et d'accueillir généreusement la vie nouvelle qui naît.

Il est vrai que le corps contient aussi un langage négatif: il nous parle de l'oppression de l'autre, du désir de posséder et d'exploiter. Cependant, nous savons que ce langage n'appartient pas au dessein originel de Dieu, mais est le fruit du péché. Quand on le détache de son sens filial, de sa connexion avec le Créateur, le corps se rebelle contre l'homme, il perd sa capacité à faire transparaître la communion et devient champ d'appropriation de l'autre. N'est-ce pas là le drame de la sexualité, qui aujourd'hui reste enfermée dans le cercle étroit de son propre corps et de l'émotivité, mais qui en réalité, ne peut s'accomplir que dans l'appel à quelque chose de plus grand?
À cet égard, Jean-Paul II parlait de l'humilité du corps.

Un personnage de Claudel dit à l'aimé: "la promesse que mon corps t'a fait, je suis incapable de l'accomplir", à quoi suit la réponse: «le corps se rompt, mais pas la promesse ...» ( Le Soulier de satin , Jour III, Scène XIII).
La force de cette promesse, explique comment la Chute n'est pas le dernier mot sur le corps dans l'histoire du salut. Dieu offre aussi à l'homme un chemin de rédemption du corps, dont le langage est préservé dans la famille. Si après la chute Eve reçoit ce nom, Mère des vivants, cela démontre que la force du péché ne réussit pas à détruire le langage originel du corps, la bénédiction de vie que Dieu continue à offrir lorsque l'homme et la femme sont unis en une seule chair.
La famille, voilà le lieu où la théologie du corps et la théologie de l'amour s'unissent intimement. Là, on apprend la bonté du corps, le témoignage d'une origine bonne, dans l'expérience de l'amour que nous recevons des parents. Ici, on vit le don de soi en une seule chair, dans la charité conjugale, qui relie les époux. Là, on fait l'expérience de la fécondité de l'amour, et la vie est liée à celle des autres générations. C'est dans la famille que l'homme découvre sa relationalité, non pas comme un individu autonome qui s'auto-réalise, mais comme fils, époux, parent, dont l'identité se fonde sur l'"être" appelé à aimer, à se recevoir d'autres et à se donner à d'autres .

Ce chemin depuis la création trouve sa plénitude avec l'Incarnation, avec la venue du Christ. Dieu a assumé le corps, il s'est révélé en lui. Le mouvement du corps vers le haut est ici intégré dans un autre mouvement plus originel, le mouvement humble de Dieu qui s'abaisse vers le corps, pour ensuite l'élever vers lui. Comme Fils, il a reçu le corps filial dans la gratitude et dans l'écoute du Père et il a donné ce corps pour nous, afin de générer le corps nouveau de l'Eglise. La liturgie de l'Ascension chante cette histoire de la chair, pécheresse en Adam, assumée et rachetée par le Christ. C'est une chair de plus en plus remplie de lumière et d'Esprit, remplie de Dieu. Ainsi apparaît la profondeur de la théologie du corps. Celle-ci, quand elle est lue dans l'ensemble la tradition, évite le risque de la superficialité, et nous permet de cueillir la grandeur de la vocation à l'amour, qui est un appel à la communion des personnes dans la double forme de vie de la virginité et du mariage.

Chers amis, votre Institut est sous la protection de la Sainte-Vierge. De Marie, Dante dit des mots illuminants pour une théologie du corps: "dans ton ventre était ravivé l'amour" ( Paradis , XXXIII, 7). Dans son corps de femme a pris corps cet Amour qui engendre l'Eglise. Que la Mère du Seigneur continuer à protéger votre chemin et à rendre fécondes vos recherches et votre enseignement au service de la mission de l'Église pour la famille et la société. Que ma Bénédiction apostolique, que je donne de tout coeur à vous tous, vous accompagne. Merci.

Deux discours importants, à Venise Doctrine sociale dans la continuité du magistère