USA: les droits des poly-amoureux

Une nouvelle frontière, aux USA: article de Marco Tosatti dans La Stampa sur "les droits des poly-amoureux" (5/11/2012)

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Il y a à peine deux mois, le cardinal Barbarin avait été traîné au tribunal de la moderne inquisition médiatique pour avoir osé émettre l'hypothèse que le mariage homosexuel ouvrirait la voie à la polygamie et à l’inceste. Les hurlements étaient évidemment de pure façade (il s'agissait de réduire lle cardinal au silence par l'intimidation), et l'idée fait doucement et sournoisement son chemin.

L'idée n'est d'ailleurs pas nouvelle. En 1977, elle était développée dans un film de Coline Serreau "Pourquoi pas!", avec Samy Frey (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pourquoi_pas_! ) Le film avait même obtenu plusieurs récompenses.

     

De nouvelles frontières de coexistence commencent à émerger aux États-Unis: les poly-amoureux «officiels»
MARCO TOSATTI
La Stampa
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Go West, my boy, and grow with the Country. Va vers l'ouest, mon garçon, et grandis avec le pays: c'était le mot d'ordre qui a poussé des centaines de milliers d'Américains à traverser les grandes plaines et les montagnes Rocheuses pour coloniser l'Ouest. Il m'est revenu à l'esprit lors de la lecture d'un article dans «Tempi» sur les toujours nouvelles frontières et sur l'émergence prudente des droits des «poly-amoureux».

Le 6 Novembre, en plus du futur président des Etats-Unis, dans le Maine, le Maryland, le Minnesota et dans l'état de Washington se tiendra un référendum sur la confirmation ou le refus de célébrer des mariages homosexuels. Et à Minneapolis, la capitale du Minnesota, la revue «City pages» a publié un article sur les droits des «poly-amoureux», c'est-à-dire les couples qui ont décidé de se transformer en triplets.

«Tempi» écrit: «Un point intéressant des articles de cette semaine était l'idée que les gens poly-amoureux (ainsi que l'on commence à définir la polygamie) ayant des enfants étaient réticents à parler aux médias par crainte de contrôles possibles et de répercussions juridiques. Il est apparu que cela n'est pas du tout vrai».
L'histoire est celle de Julia Janousek, habitant au nord de Minneapolis: «Moi et mon mari, Jim, nous avons été mariés pendant 12 ans. En Août 2009, nous avons décidé d'ouvrir notre mariage». La femme raconte qu'elle a très vite trouvé un petit ami. Et à la question sur la façon dont ont réagi ses deux enfants, âgés de 10 et 8 ans, Janousek répond: «Nous vivons nos vies sans en faire un gros problème, de sorte que même eux n'en pensent pas grand'chose non plus».
Janousek raconte la tentative de cacher sa nouvelle relation à ses fils: «Au début, quand Justin passait la nuit avec nous, nous avons essayé de nous réveiller avant les enfants et de dire des choses du genre: "Mon ami Justin est venu, et il reste pour le petit déjeuner». Par la suite, Janousek a arrêté, parce que «mes enfants se réveillent trop tôt, je ne pouvais pas continuer comme ça».

En raison de sa relation poly-amoureuse, Janousek n'a eu aucun problème avec des amis, dont beaucoup vivent de la même manière (10 pour cent du cercle libéral qu'elle dit fréquenter), «grâce aussi à l'attention qu'a reçue le poly-amour ces deux dernières années».
La femme explique ensuite qu'elle ne craint pas de faire du mal à ses enfants: «Je crois que quand mes enfants iront à l'université, ce ne sera plus considéré comme un gros problème».
Enfin, le journaliste demande à Janousek si elle poussera ses enfants vers la polygamie. «J'espère qu'ils n'auront pas à passer par des choses comme "Ce garçon m'a quitté, ma vie est finie". Nous les ferons asseoir et nous leur ferons comprendre qu'ils ne doivent pas sortir avec ce garçon ou cette fille, (...) nous nous assurerons qu'ils savent qu'ils ne doivent pas s'en tenir à une seule personne».

Conclusion de «Tempi»: pas plus tard qu'en Janvier dernier, Rick Santorum, parmi les candidats à la primaire républicaine avec Mitt Romney, a été insulté pour avoir émis l'hypothèse que si on autorisait le mariage gay sur la base d'un sentiment générique, il n'y avait alors aucune raison d'interdire la polygamie.