Document: une interviewe de Mgr Müller dans l'OR

Il répond avec franchise à toutes les questions qui n'avaient pas été abordées dans les autres interviewes. Il en émerge le portrait d'un homme de foi et de conviction, mais aussi d'autorité. Ma traduction complète. (26/7/2012)

>>> Voir aussi sur ce thème:
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Mgr Müller à la CDF
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A propos de la théologie de la libération
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Des soeurs américaines sous enquête.

Il est attachant, sans être forcément "sympathique". Il vient d'un milieu simple, comme le Saint-Père, ce qui explique sa sensibilité aux questions sociales.

Il parle de sa famille (son père était ouvrier chez Opel: une fois de plus, qui mieux que l'Eglise Catholique, sait réaliser à ce point le brassage des ethnies et des cultures, mais aussi des milieux sociaux, surtout aux sommets!) , de ses études et de sa vocation, de sa conception du sacerdoce, de la théologie de la libération (une théologie vécue à la première personne, et non pas de salon, comme pour beaucoup), de ses liens avec le cardinal Ratzinger, du rôle du Préfet de la CDF qui est de "décharger" le Pape. Et des deux premières crises qu'il aura à gérer: celle des religieuses américaines, et celle des lefebvristes (sur cette dernière, peut-être par prudence, il s'exprime très peu, au moins directement).

Texte en italien: Raffaella .
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Entretien avec le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Gerhard Ludwig Müller

Le facteur décisif : Il faut faire resplendir ce qui nous a été confié, surmontant les conflits idéologiques dans l'Eglise

Astrid Haas


«La foi est caractérisé par la plus grande ouverture. C'est une relation personnelle avec Dieu, qui porte en soi tous les trésors de la sagesse. C’est pourquoi notre raison finie est toujours en mouvement vers le Dieu infini. Nous pouvons toujours apprendre quelque chose de nouveau et comprendre toujours plus profondément les richesses de la Révélation. Nous ne pourrons jamais l'épuiser. »

C'est ce qu'a déclaré le nouveau préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Gerhard Ludwig Müller, dans une longue conversation avec l'auteur de cet article et le directeur de notre journal. Au cours de la rencontre dans l'antique palais du Saint-Office, Mgr Müller a également parlé de son arrivée dans le dicastère de la Curie romaine, de sa décision de devenir prêtre, du temps passé comme que professeur de théologie et comme évêque, de ses séjours répétés en Amérique du latine. Il a expliqué qu'il avait appris à connaître et à apprécier Joseph Ratzinger par son Introduction au christianisme qui déjà en 1968 était un best-seller.
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- Parlez-nous de votre première impression de votre toute nouvelle fonction de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans un milieu que vous connaissez bien depuis des années en tant que membre de divers organismes de la Curie romaine.

-- Pendant cinq ans, en tant que membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, j'ai pu assister aux réunions des cardinaux et des évêques, en admirant la façon de travailler consciencieuse et collégiale. Les tâches de ce dicastère ne me sont donc pas inconnues. Pendant de nombreuses années, j'ai aussi fait partie de la Commission théologique internationale, et j'ai pu collaborer avec d'autres dicastères. Dans l'ensemble, cependant, beaucoup de choses sont nouvelles et inhabituelles pour moi. Il faudra un certain temps avant que je puisse m'orienter dans la structure complexe de la Curie. Naturellement, pour moi, ce qui est surtout nouveau, c'est le rôle du préfet. En tant que membre, j'ai approfondi les documents préparés par la Congrégation et j'ai participé aux consultations. Maintenant, en revanche, il faut accomplir et diriger le travail de tous les jours de ceux qui œuvrent dans le dicastère, préparant et la mettant en œuvre les décisions correctement. Je suis reconnaissant au Saint-Père de m'avoir fait confiance et de m'avoir confié cette tâche. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont très grands si l'on regarde l'Eglise universelle, avec de nombreux défis qui doivent être abordés et face à un certain découragement qui se répand dans certains milieux, mais que nous devons surmonter. Nous avons aussi le problème de groupes - de droite ou de gauche, comme on dit - qui occupent beaucoup de notre temps et notre attention. Là naît facilement le danger de perdre de vue notre tâche principale, qui consiste à annoncer l'Evangile et à exposer de manière concrète la doctrine de l'Eglise. Nous sommes convaincus qu'il n'existe pas d'alternative à la révélation de Dieu en Jésus-Christ. La Révélation répond aux grandes questions des hommes de tous les temps. Quel est le sens de ma vie? Comment puis-je affronter la souffrance? Existe-t-il une espérance qui va au-delà de la mort, puisque la vie est courte et difficile? Nous croyons fondamentalement que la vision laïque et immanente ne suffit pas. Nous ne pouvons pas trouver une réponse convaincante par nous-mêmes. Pour cela, la Révélation est un soulagement, puisque que nous n'avons pas besoin de chercher à tout prix des réponses. Mais nos capacités sont si grandes qu'elles rendent l'être humain "capax infiniti". Dans le Christ, le Dieu infini s'est manifesté à nous. Le Christ est la réponse à nos questions les plus profondes. Pour cela, nous envisageons l'avenir avec joie et avec force.


- On a beaucoup écrit sur le nouveau préfet. Pouvez-vous plutôt nous dire vous-même quelque chose de vous, de votre famille, de vos études, du choix de devenir un prêtre, de l'expérience de chercheur et de professeur en théologie, d'évêque?

-- Mon père a été pendant près de quarante ans un simple ouvrier à l'usine Opel de Rüsselsheim. Nous habitions tout près, à Mayence-Finthen, une petite ville fondée par les Romains et encore aujourd'hui on y trouve les vestiges d'un aqueduc construit par eux. De ce point de vue, notre empreinte fondamentale est romaine. A Mayence (Mainz), on est toujours très conscient de cet héritage, et nous en sommes fiers. Avoir un horizon romain au cœur de l'Allemagne a laissé une marque. Et quand on est catholique, les deux réalités se relient automatiquement. Ma mère était une femme au foyer. Je suis reconnaissant à mes parents de nous avoir éduqués d'une manière normale du point de vue humain, sans exagération dans un sens ou un autre. Ainsi, nous avons grandi dans la foi catholique et dans sa pratique, dans le juste équilibre entre liberté et contrainte, avec des principes clairs. Aujourd'hui encore, je suis entièrement d'accord avec mes parents. Puis ont suivi les études théologiques à travers lesquelles je me suis approprié une dimension plus profonde de la foi. Pour mon choix de devenir prêtre, il a été important d'avoir continué à rencontrer des prêtres qui menaient une vie spirituelle exemplaire, avec une exigence intellectuelle. De ce point de vue, pour moi il n'y a jamais eu de contradictions entre le fait d'être prêtre et l'étude. J'ai toujours été convaincu que la foi catholique correspond aux exigences intellectuelles les plus élevées et que nous ne devons pas nous cacher. L'Eglise ne peut se vanter de nombreuses grandes figures de l'histoire de la culture. C'est pourquoi nous pouvons répondre avec assurance aux grands défis des sciences naturelles, de l'histoire, de la sociologie et de la politique. La foi est caractérisée par la plus grande ouverture. C'est une relation personnelle avec Dieu, qui porte en soi tous les trésors de la sagesse. C'est pourquoi notre raison finie est toujours en mouvement vers le Dieu infini. On peut toujours apprendre quelque chose de nouveau et comprendre toujours plus profondément la richesse de la Révélation. Nous ne pourrons jamais l'épuiser. Comme évêque, j'ai continué à souligner aux séminaristes que l'identité de la vocation à la prêtrise a besoin de la rencontre avec des prêtres authentiques. La foi commence par des rencontres personnelles, à commencer par les parents, les prêtres, les amis, la paroisse, le diocèse, dans cette grande famille qu'est l'Eglise universelle. Elle ne doit jamais craindre le débat intellectuel: nous n'avons pas une foi aveugle, mais la foi ne peut être réduite de manière rationaliste. Je souhaite à tous de vivre une expérience semblable à la mienne: celle de s'identifier simplement et sans problème avec la foi catholique, et de la pratiquer. C'est très beau.


- Le pape Benoît vous a confié le soin de ses «Gesammelte Schriften» (Ouvres complètes). Il vous a aussi laissé son appartement à Rome, où le cardinal Ratzinger a vécu jusqu’au conclave de 2005 et où il ya encore beaucoup de ses livres. Comment avez-vous connu Joseph Ratzinger?

-- Comme jeune étudiant, j'ai lu son livre Introduction au christianisme. Il a été publié en 1968, et nous l'avons pratiquement absorbé comme des éponges. Dans ces années-là, en effet, il y avait une incertitude dans les séminaires. Dans le livre la profession de foi de l'Église est exposée de manière convaincante, analysée à l'aide de la raison et expliqué avec maestria. Il s'agit d'un thème important qui caractérise toute l'œuvre théologique de Joseph Ratzinger: fides et ratio, la foi et la raison. Puis j'ai rencontré et appris à apprécier Ratzinger personnellement. Dans mon travail comme professeur et évêque, il a été pour moi un soutien et un point de référence clair. Je le définirais comme un ami paternel, étant plus âgé que moi d'une génération. Et je considère que le motif de ma venue à Rome n'est certainement pas de faire peser sur lui les différents problèmes. Mon travail consiste à le soulager d'une partie du travail et de ne pas lui présenter de problèmes qui peuvent être résolus déjà à notre niveau. Le Saint-Père a la mission importante de proclamer l'Evangile et de renforcer ses frères et sœurs dans la foi. Il nous revient de traiter toutes les questions moins agréables, afin qu'il ne soit pas accablé par trop de choses, tout en restant bien sûr toujours informé des faits essentiels.


- Juste avant la conclusion du Concile, Paul VI a transformé le Saint-Office en Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Que pensez-vous de ce changement et du rôle du dicastère aujourd'hui?

-- L'Eglise est avant tout une communauté de foi et donc la croyance en la révélation est le bien le plus important, que nous devons transmettre, annoncer et préserver. Jésus a confié à Pierre et à ses successeurs le Magistère universel, et c'est cela que le dicastère doit servir. Donc, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a la responsabilité de ce qui concerne l'Église tout entière en profondeur: la foi qui nous conduit au salut et à la communion avec Dieu et entre nous. Je pense que l'aspect le plus important de la transformation du dicastère n'a pas porté sur la relation avec d'autres institutions du Saint-Siège, mais plutôt à l'orientation principale de son travail. Le Pape Paul VI a voulu que soit mis au premier plan l'aspect positif: la Congrégation doit d'abord promouvoir et rendre compréhensible la foi, et c'est le facteur décisif. A cela s'ajoute aussi le fait que la foi doit être défendue contre les erreurs et les dévaluations. Justement à l'heure actuelle nous avons besoin d'espérance et de signaux pour repartir. Si nous regardons le monde, en particulier dans nos pays européens, qui bien sûr sont ceux que je connais le mieux, nous voyons beaucoup de politiciens et d'économistes qui font des choses extraordinaires, mais ce ne sont pas eux que l'on regarde en premier quand il s'agit de transmettre l'espoir et la confiance. C'est là que je vois une des grandes tâches de la Congrégation et de l'Eglise en général: nous devons redécouvrir et faire resplendir à nouveau la foi comme une puissance positive, comme une force d'espoir et un potentiel pour surmonter les conflits et les tensions, et de continuer à nous rencontrer dans la profession commune du Dieu Un et Trine.

- On connaît la préoccupation du Pape pour la proclamation de la foi. Elle s'est également exprimée dans la création du Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation et dans l'appel d'une «année de la foi». Quels sont les projets de votre dicastère?

-- La foi se réalise dans la sainte messe, dans la vie chrétienne, dans les familles. En réalité, nous ne pouvons pas faire autrement que d'apporter notre soutien. Il y a déjà beaucoup de textes valides pour les enfants, les jeunes et les adultes, ainsi que des études théologiques et les documents du Magistère. Le prochain Synode des évêques doit donner aux participants et à toute l'Église un nouvel élan à la transmission de la foi. Je considère comme ma tâche personnelle d'encourager les évêques et les théologiens dans ce sens. Nous devons nous renforcer les uns les autres. Le Seigneur Lui-même dit à Pierre: affermis tes frères et tes sœurs. Cela vaut particulièrement pour le Pape, mais pas seulement. Justement pour ceux qui annoncent, il est important de rester sur le terrain de la foi, de puiser à ses sources, à l'Ecriture Sainte, aux Pères de l'Église, aux documents des conciles et des papes, aux grands théologiens et des auteurs spirituels. Lorsque cela ne se produit pas, tout reste aride et vide. Mais quand la foi est acceptée avec joie et détermination, naît la vie. L'Ecriture nous propose quelques belles images: la lumière sur le chandelier, le sel qui donne du goût à tout, l'Évangile comme un levain dans le monde. Comme évêque d'un diocèse, comme prêtre en charge d'âmes, on regarde les gens en face. On les voit concrètement dans leur situation de vie. On ne peut pas leur annoncer l'Evangile si on ne les aime pas et si on ne voit pas que chacun d'entre eux est un mystère, image et ressemblance de Dieu. Il faut continuer à se répéter que le Christ est mort sur la croix pour nous tous. Nous sommes conscients que notre vocation est d'être amis de Dieu, et ainsi découvrir à quelle espérance nous sommes en réalité destinés. Cela dissipe les doutes du cœur. Les athées et les ennemis de l'Église devraient peut-être eux aussi se demander, dans un esprit d'autocritique, s'ils ont eux-mêmes les moyens de salut à offrir aux hommes d'aujourd'hui.


- Vous avez de nombreux contacts avec l'Amérique latine: comment est née cette relation?

-- Je suis allé très souvent en Amérique latine, au Pérou, mais aussi dans d'autres pays. En 1988, j'ai été invité à assister à un séminaire avec Gustavo Gutiérrez. J'y suis allé avec quelques réserves, comme théologien allemand, aussi parce que je connaissais bien les deux déclarations de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la théologie de la libération publiées en 1984 et en 1986. J'ai toutefois pu constater qu'il faut faire la distinction entre une théologie de la libération erronée, et une autre correcte. Je crois que toute bonne théologie a à voir avec la liberté et la gloire des enfants de Dieu. Certes, cependant, un mélange de la doctrine d'une auto-rédemption marxiste avec le salut offert par Dieu doit être rejeté. D'autre part, nous devons sincèrement nous poser la question: comment pouvons-nous parler de l'amour et de la miséricorde de Dieu au milieu de la souffrance de tant de personnes qui manquent de nourriture, d'eau ou d'assistance sanitaire, qui ne savent pas comment offrir un avenir à leurs enfants, donc là où manque vraiment la dignité humaine, où les droits humains sont ignorés par les puissants? En ultime analyse, cela n'est possible que si on est également disposés à être avec les gens, à les accepter comme des frères et sœurs, sans paternalisme d'en haut. Si nous nous considérons comme la famille de Dieu, alors nous pouvons faire en sorte que ces situations indignes sont modifiées et améliorées. En Europe, après la seconde guerre mondiale et les dictatures, nous avons construit une nouvelle société démocratique grâce à la doctrine sociale catholique. En tant que chrétiens nous devons souligner que c'est à partir de christianisme que les valeurs de justice, de solidarité et de dignité humaine ont été introduites dans nos Constitutions. Je suis moi-même de Mayence. Là, au début du XIXe siècle, il y avait un grand évêque, le baron Wilhelm Emmanuel von Ketteler, qui est à l'origine de la doctrine et des encycliques sociales. Un enfant catholique de Mayence a la passion sociale dans le sang, et j'en suis fier. C'est certainement cela l'horizon dont je suis venu, en Amérique latine. Durant une quinzaine d'années, j'y ai toujours passé deux ou trois mois par an, vivant dans des conditions très simples. Dans un premier temps, pour un habitant d'Europe Centrale, cela implique un gros effort. Mais quand on apprend à connaître les gens en personne et voir comment ils vivent, alors on peut l'accepter. J'ai aussi été en Afrique du Sud avec nos Domspatzen, le célèbre chœur que le frère du pape a dirigé pendant trente ans. J'ai organisé plusieurs séminaires et conférences dans les universités, non seulement en Amérique latine mais aussi en Europe et en Amérique du Nord. Et c'est cela que j'ai vécu: tu es chez toi partout; là où il y a un autel, le Christ est présent; où que tu sois, tu fais partie de la grande famille de Dieu


- Que pensez-vous des discussions avec les lefebvristes et les religieuses américaines?

-- Pour l' l'avenir de l'Eglise, il est important de surmonter les affrontements idéologiques, d'où qu'ils viennent. Il n'existe qu'une seule révélation de Dieu en Jésus-Christ, qui a été confiée à l'Eglise tout entière. Pour cette raison, il n'y a pas de négociations sur la Parole de Dieu et on ne peut pas croire, tout en ne croyant pas. On ne peut pas prononcer les trois vœux religieux et ensuite ne pas les prendre au sérieux. Je ne peux pas me référer à la tradition de l'Eglise et ensuite n'en accepter que certaines parties. Le chemin de l'Eglise porte vers l'avant, et chacun est invité à ne pas se refermer dans un mode de pensée autoréférentiel, mais à accepter la plénitude de la vie et de la foi de l'Église. Pour l'Église catholique, il est tout à fait évident que l'homme et la femme ont la même valeur; le récite de la création le raconte déjà et l'ordre du salut le confirme. L'être humain n'a pas besoin de s'émanciper, autrement dit de se créer ou de s'inventer soi-même. Il est déjà émancipé et libéré à travers la grâce de Dieu. De nombreuses déclarations concernant l'admission des femmes au sacrement de l'Ordre ignorent un aspect important du ministère sacerdotal. Être un prêtre ne veut pas dire se créer une position. On ne peut pas considérer le ministère sacerdotal comme une sorte de position de pouvoir terrestre et penser que l'émancipation n'existe que lorsque tout le monde peut l'occuper. La foi catholique sait que ce n'est pas nous qui dictons les conditions pour l'admission au ministère sacerdotal, et que derrière l'état de prêtre, il y a toujours la volonté et l'appel du Christ. J'invite à renoncer aux polémiques et à l'idéologie et à s'immerger dans la doctrine de l'Eglise. Justement en Amérique, les religieuses et les religieux ont accompli des choses extraordinaires pour l'Eglise, pour l'éducation et la formation des jeunes. Le Christ a besoin de jeunes qui continuent dans cette voie et qui s'identifient à leur choix fondamental. Le Concile Vatican II a dit des choses merveilleuses pour le renouvellement de la vie religieuse, ainsi que sur la vocation commune à la sainteté. Il est important de renforcer la confiance mutuelle plutôt que de travailler les uns contre les autres.


- A part Merry del Val, de 1914 à 1930, le dicastère a toujours été dirigé par des Italiens. Après 1968, ont été nommés préfets Šeper, Ratzinger, Levada, et maintenant vous. Que manifeste cette nouvelle tendance?

-- Avant, il n'y avait pas la possibilité des voyages fréquents, d'où les personnes de la Curie venant des alentours de Rome ou d'Italie. Aujourd'hui, les moyens techniques modernes nous aident à vivre plus concrètement la catholicité de l'Eglise. Puisque la primauté du pape est associée à l'Église de Rome, il est évident qu'il y a encore beaucoup d'italiens à la Curie. L'internationalisation a de toute façon à voir avec la catholicité de l'Eglise. Déjà au temps de l'Empire, il y avait à Rome beaucoup de chrétiens et même des papes d'autres endroits, par exemple, d'orient. Aujourd'hui, comme alors, dans l'Église, nous sommes membres d'une même famille et nous devons, pour ainsi dire, être le moteur du progrès authentique de l'humanité. Aucune autre organisation, en en effet, n'a cette dimension internationale, qui embrasse l'humanité s'engage autant pour l'unité des personnes et des peuples. Partout où nous célébrons l'Eucharistie, nous partageons la partie la plus intime de notre conviction et nous avons la même communion de vie avec le Christ, même si la culture et la langue sont différentes. Nous sentons immédiatement que nous sommes une seule chose, que nous sommes membres d'un même corps, et qu'ensemble, nous construisons le temple de Dieu; c'est en quelque sorte une continuation de l'expérience de la Pentecôte: nous provenons de tous les pays et nous pouvons tous rendre gloire à Dieu ensemble, nous pouvons écouter dans notre langue, l'unique Parole de Dieu. L'Esprit Saint nous parle dans la langue de l'amour qui nous unit tous en Dieu notre Père.

(© L'Osservatore Romano, 26 Juillet 2012)