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La lettre de Jeannine du 30 octobre (II)

Deuxième partie: Benoît XVI à Mater Ecclesiae (31/10/2013)

>>> La lettre de Jeannine du 30 octobre (I)

Références

II. Benoît XVI à Mater Ecclesiae

Je suis les photos qui paraissent et qui ne sont pas "volées".
En prenant l'ordre chronologique je constate une amélioration très nette de son état et je m'en réjouis.
Sur celles où on le voit avec le Pape François il aisé de remarquer avec quelle spontanéité il accueille celui qui vient le voir ou qu'il rencontre. François en parle très librement, dernièrement le 26 octobre il précisait qu'il l' avait vu quatre jours auparavant. Même si le consensus est très grand autour de François, ce dernier n'ignore pas que le départ du pape émérite reste très sensible pour beaucoup de personnes qui aiment toujours Benoît XVI. Cette précision était dans un article de Angela Ambrogetti - il me semble - et elle me paraît pleine de bon sens. D'ailleurs François qui est très attaché à son diocèse de Buenos-Aires n'apprécierait peut-être pas spécialement de se savoir oublié à cause de sa nouvelle fonction.

J'apprécie et aime toujours autant le locataire du Monastère, de cette petite maison tranquille avec de la verdure, des fleurs, des personnes dévouées, simples, qui veillent avec affection sur sa tranquillité, sur sa santé, son équilibre. Il a retrouvé un rythme de vie bien organisé avec tout ce qu'il aime : la prière, la musique, ses livres, l'écriture, le chapelet récité dans le jardin avec son secrétaire, des visites qui lui font revivre des moments heureux, importants, partagés avec ceux qui ont la grâce de le rencontrer de nouveau. Que ses deux ex-secrétaires, qui travaillent avec François, aient parlé aussi librement dans leurs interviews montre bien que l'atmosphère est sereine.

Certaines visites donnent lieu à des photos. Il en est ainsi de celle du Cardinal Bechara Rai (le 25 septembre) entouré de prélats. C'est Benoît XVI qui l'a crée cardinal en novembre 2012. Il lui présente ceux qui l'accompagnent, il est à la droite du pape émérite et se penche vers lui avec beaucoup de bienveillance. Les sourires sont chaleureux, les mains se serrent longuement et je retrouve sur le visage de Benoît XVI des expressions bien connues. Ces hautes silhouettes en tenue sombre tranchent avec celle, tout de blanc vêtue, qui les reçoit dans son nouveau cadre de vie qui lui convient fort bien.

Peu de temps après du 11 au 14 octobre un orchestre bavarois, celui de la Blaskapelle St. Leonhard se rend en visite au Monastère. D'après les photos un autre groupe de Regensburg est venu aussi le voir et animer ce lieu plein de sérénité. Je ne sais pas déterminer les dates des deux visites car les images parlent de deux groupes différents. Celui de Regensburg avec une bannière comportant cette indication " Deutsch Hospitalie" ( à revoir, rien de sûr) est composé de visiteurs simples, enjoués. La joie est présente, Benoît XVI souriant parle, serre des mains,s' entretient avec un jeune homme, il est très entouré et il apprécie. Son visage est reposé et j'aime le sourire esquissé, tout à fait lui, qu'il pose sur le visiteur dont il tient la main. Le cadre est intime; au pied de l'escalier, sur le muret trois objets sont posés très simplement, la canne attend sagement de remplir de nouveau son office. En hôte très accompli Benoît parle avec un petit groupe et Mgr Gänswein est tout sourire; puis photo de groupe en souvenir de cette visite de l'affection, de l'amitié, du souvenir, qui doit le combler. J'aime beaucoup un dernier cliché : Benoît XVI devant sa porte, prêt à regagner l'intérieur de sa maison adresse un geste de la main pour dire au revoir à ses visiteurs et cela me rappelle le geste pour saluer un groupe de pèlerins devant Saint-Pierre le 29 juin 2006, je ne suis pas nostalgique, le temps a passé, le pas n'est plus le même mais on retrouve la même spontanéité, la même simplicité. Sur la même image son secrétaire, très décontracté, franchit d'un pas allègre le perron et s'éloigne.

L'autre visite regroupe des musiciens avec des instruments très beaux et imposants et arrive avec le célèbre drapeau à damiers bleus et blancs. Ici Benoît retrouve les costumes régionaux et des musiciens toujours chers à son cœur. La signature sur le drapeau mobilise trois personnes dont Mgr Gänswein pour tendre le tissu afin que Benoît, ayant chaussé ses lunettes, entame l'opération avec un marqueur. Je crois qu'il s'agit de la Banda musicale della Baviera. Le pape émérite parle avec ceux qui lui apportent leur amitié, la saveur de sa langue maternelle, la joie de la musique, une affection bien perceptible. Pendant qu'il s'entretient avec un jeune musicien, sous les regards amusés des visages joyeux qui l'entourent, il garde sa main droite dans la sienne et on retrouve un geste familier de sa main gauche, un doigt levé et une expression discrètement heureuse sur son visage. Un joli panier garni lui est remis. Mgr Gänswein, bien que très proche, ne le récupère pas de suite car maintenant le pape émérite n'a plus besoin d'avoir les mains libres pour saluer, le temps n'est plus minuté.

Le 12 octobre c'est l'arrivée de la Vierge de Fatima qu'il accueille dans la chapelle du Monastère.
Les photos de Benoît XVI sont touchantes. Il est bien mais il paraît encore fragile, d'ailleurs une main prévenante se tient parfois près de son coude gauche. Devant la Vierge il s'incline profondément , la décoration florale est belle. Les memores sont présentes et il donne la bénédiction à la fin du temps de recueillement. Il s'attarde devant cette Vierge qui va repartir, tendu vers elle, les mains jointes comme à Lourdes en octobre 2008, comme un enfant qui se confie à sa mère, il s'approche touche la statue et paraît la laisser s'éloigner avec regret; que lui dit-il dans ce cœur à cœur muet? Il regagne le perron pour voir partir la procession vers la place Saint-Pierre. Un jeune échange quelques mots avec lui et je retrouve ces images si belles dans leur simplicité: le maître de maison, visage très souriant, fait signe au revoir de la main à ceux qui s'éloignent avec leur précieux fardeau. Mgr Gänswein, à ses côtés, fait de même. Ils sont réunis sur une belle photo avec Domenico Gianni, comme tout paraît calme, paisible dans ce lieu simple à l'écart du bruit, de l'agitation. Mgr Gänswein s'efface pour laisser passer Benoît , la visite est terminée , il rentre à la maison.

Une photo le montre en promenade avec les memores dans le sous-bois ombragé autour de sa maison ( 22 octobre). La vie suit son cours tranquille avec simplicité, tout ce qu'il aime.
* * *

Je ne suis pas nostalgique car dès le 11 février j'avais intégré que cet effacement impliquait une cassure totale : Benoît XVI disparaissait des écrans mais c'était aussi le début d'un changement profond, souhaité par tant de personnes bien avant qu'il n'annonce sa décision.
Je ne suis pas opposée à François mais le coup de cœur pour Benoît XVI ne s'est pas reproduit. Le changement de statut n'a en rien modifié les qualités de l'homme qui m'ont touchée et c'est à Joseph Ratzinger, devenu le pape émérite Benoît XVI , que je continue de porter une affectueuse attention doublée d'une grande admiration pour ce qu'il est. Pour moi cela ne représente pas une menace pour François, suis-je naïve? Ce que je considère comme une menace et que je réprouve totalement ce sont toutes les bassesses qui ont émaillé la carrière romaine de Joseph Ratzinger: éreintement, articles à charge, tentatives répétées pour disqualifier son autorité, le portrait de lui véhiculé par les médias et qui ne correspondait en rien à l'homme et au pape qu'il était devenu. Je lis beaucoup de choses mais les remarques que je trouve parfois sont "soft", du miel comparées à ce qui a été réservé à son prédécesseur. Je ne consulte pas les blogs, souvent vulgaires, excessifs, dans lesquels , sous couvert de l'anonymat, quel courage!, les gens se défoulent, se renvoient la balle, "balancent" et c'est intentionnellement que j'utilise ce terme, tout ce qu'ils gardent en eux de colère, de haine, d'excès sans trouver une solution à leurs problèmes, une véritable une addiction pour certains.
(...)

A bientôt.
Jeannine