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Poutine, le Pape et l'icône de la Vierge

Le récit par Angela Ambrogetti de la visite du président russe au Pape François, avec un épisode étonnant (26/11/2013)

Les gestes, et même les mots (y compris convenus, comme c'est le cas d'un communiqué officiel) sont vraiment inédits...

>>> Poutine chez le Pape

Le Pape et Poutine, un signe de la croix et le baiser à l'icône
25 novembre 2013
Angela Ambrogetti
http://www.korazym.org
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Quarante-cinq minutes de retard pour la rencontre entre le pape et Poutine au Vatican, par la faute, peut-être de l'avion présidentiel qui a atterri en retard à Rome, mais aussi par habitude du président russe. Un cortège de 17 voitures, entre automobiles et cars, 20 motocyclistes et le président dans l'énorme voiture blindée, la septième du cortège. Seules 7 voitures, cependant, entreront dans la cour de Saint-Damase. Des mesures de sécurité énormes dans la ville.

Vladimir Poutine franchit le seuil de la bibliothèque à 17h49. Une salutation à voix basse, puis l'entretien privé de 35 minutes avec deux interprètes. Enfin, l'échange de cadeaux. François présente une image artistique des jardins du Vatican et Poutine donne au pape une précieuse icône de la célèbre Notre-Dame de Vladimir, connue comme Notre-Dame de la Tendresse, puis demande à Francis si elle lui plaît, fait un ample signe de la croix et baise l'image. Le pape le suit, fait le même geste, le même baiser à l'icône.
Le président russe, pour sa quatrième visite au Vatican, tenait tellement à rencontrer le pape François qu'il a tenu en attente le Pape, la Curie et les médias.

Poutine a été reçu deux fois par le pape Jean-Paul II et une fois par Benoît XVI. Rencontres qui avaient laissé espérer une possible visite à Moscou du pape, qui ne s'est jamais réalisée. Un rêve qu'en particulier Jean-Paul II a caressé tout au long de son pontificat. Cette fois, il n'est venue aucune invitation du président qui s'est pourtant fait l'ambassadeur du patriarche Cyril et a porté au Pape un salut de sa part.

Dans le communiqué officiel reviennent la paix au Moyen-Orient et la lettre envoyée par le Pape en Septembre pour le G20, appréciée par Poutine.

«Au cours des entretiens cordiaux, on a salué les bonnes relations bilatérales et on s'est concentrés sur des questions d'intérêt commun, en particulier sur la vie de la communauté catholique en Russie, en reconnaissant la contribution fondamentale du christianisme dans la société. Dans ce contexte, on a évoqué la situation des chrétiens dans certaines parties du monde, ainsi que la défense et la promotion des valeurs en ce qui concerne la dignité de la personne et la protection de la vie humaine et de la famille. En outre, une attention particulière a été accordée à la recherche de la paix au Moyen-Orient et à la grave situation en Syrie, à propos de laquelle le président Poutine a exprimé ses remerciements pour la lettre adressée par le Saint-Père à l'occasion du G20 de St Pétersbourg. On a souligné la nécessité urgente de mettre fin à la violence et d'apporter une aide humanitaire à la population, ainsi que de promouvoir des initiatives concrètes pour une solution pacifique au conflit, qui privilégie la voie de la négociation et implique les différentes composantes ethniques et religieuses, reconnaissant leur rôle indispensable dans la société».

En Septembre dernier, au moment le plus grave de la crise syrienne, Poutine avait reçu une lettre du pape pour l'ouverture du G20, comme tous les présidents de la rencontre. Mais le texte avait fait les manchettes parce qu'il traitait de la nécessité de la paix pour la Syrie alors qu'on semblait être au bord d'une guerre voulue par les États-Unis.

Poutine «fit un miracle», ou mieux, il offrit une bonne exit-stratégy au président Obama, et le Pape et avec la veillée de prière sur la place Saint-Pierre pour la paix en Syrie sembla vraiment travailler politiquement en tandem avec le «tsar Poutine», comme beaucoup l'appellent en Russie.

Le président est très aimé par le Patriarcat orthodoxe, qui en revanche ne semble pas très intéressé par une rencontre à court terme avec le pape de Rome.
Le problème n'est pas tant, comme on l'a dit à l'époque, la nationalité polonaise du pape, parce que même avec un pape allemand, la rencontre n'a jamais eu lieu. Le problème est plutôt dans l'épineuse question de la restitution des biens de l'Eglise catholique qui pendant le communisme avaient été affectés à l'Église orthodoxe. Et pas seulement cela. Le patriarche actuel, à travers son «ministre des Affaires étrangères» le patriarche Hilarion (ndt: musicien, grand ami de Benoît XVI) a envoyé des cadeaux au pape François, l'a rencontré plus d'une fois, encore il y a une semaine, mais il n'a jamais dit explicitement que le Patriarcat avait invité le pape à Moscou.

Vladimir Poutine a quitté le Vatican à 19h10