Accueil

Une interviewe d'Hans Küng

Il s'exprime dans La Repubblica sur l'imminence de frappes en Syrie. Et il ne laisse pas passer l'occasion de lancer des insinuations perfides contre son ennemi Benoît XVI (8/9/2013).

Evidemment, on ne peut qu'être d'accord avec lui, quand il s'oppose aux frappes en Syrie.
Mais ce qu'il dit n'apporte absolument rien de nouveau au débat (il n'a d'ailleurs aucun titre particulier à s'exprimer, sinon celui d'antipape des médias, un rôle qu'il n'a même plus de raison de tenir depuis le départ de Benoît XVI), à part quelques affirmations ambigües sur le rôle "des" religions.
En réalité, il est surtout là pour dire tout le bien qu'il pense de François, en l'opposant à Benoît XVI, et en même temps glisser quelques peaux de bananes sous les semelles de son vieil ennemi.

D'abord, quand il dit que "sans paix entre les religions, il y aura pas de paix au Moyen-Orient", qui pourrait le contredire?
Sauf que, dans le contexte actuel, cette affirmation sonne plutôt comme un mensonge par omission... de précision. De quelles religions parle-t-il? Toutes, vraiment? Mais qu'ont à voir les chrétiens dans les violences au Moyen-Orient, et en ce moment particulier, en Syrie? Serait-ce eux qui ont fait usage d'armes chimiques? Non, la seule arme qu'ils utilisent, aujourd'hui par volonté de François, c'est la prière. Là-bas, ils sont uniquement victimes, et l'inneffable Küng n'a pas un mot de commisération pour eux. Son prochain est partout dans le monde, mais il exclut par principe les chrétiens. C'est un exemple type d'amalgame.

Quant à sa remarque finale, elle ne devrait pas étonner venant de lui mais j'aimerais par ailleurs que l'abbé Küng (après tout, il est encore prêtre de l'Eglise Catholique) cite un seul élément prouvant la validité de son affirmation selon laquelle Benoît XVI et son "incompétent" secrétaire d'Etat Bertone agissaient sans réfléchir en matière de politique internationale.
A moins qu'il ne s'agisse de la sempiternelle allusion au discours de Ratisbonne, qui s'avère pourtant de plus en plus prophétique, et qui est de plus en plus reconnu comme tel.
On comprend décidément pourquoi le (faux) dissident à vie a portes ouvertes à La Repubblica, le Monde, et consort.

Note: J'ai bien relu pour m'assurer de n'avoir pas oublié de phrase!
Une phrase me laisse perplexe, car elle est ambigüe, et j'ai laissé l'original italien.

     

Une interviewe de Hans Küng dans la Repubblica du 7 septembre
------

- Professeur Küng, comment jugez-vous l'appel du pape François à jeûner, une pratique qui est commune aux trois religions monothéistes, au nom de la paix en Syrie?
« Le geste nous montre le vaste horizon œcuménique (ndt: quelle est la conception œcuménique de Küng?) du pape François, le fait qu'il s'adresse aux être humains de toutes les religions, et au-delà: à tous les êtres humains de bonne volonté. Le fait qu'il s'adresse aux trois religions montre qu'il s'emploie avec sérieux et succès à prendre l'enseignement et le message qu'il nous a donné quand, élu pape, il a choisi le nom de saint François d' Assise. Et a décidé de saisir la chance de lancer indirectement un signal à l'Iran ».

- Quel signal ?
« Le signal à tous les Iraniens et tous les êtres humains impliqués dans le cas iranien de se concentrer sur la prière et sur la volonté de paix, qui est le vrai enseignement de la prière , et à inviter ainsi tout le monde, y compris les gouvernants, à réfléchir en ce sens» .

- Que nous enseigne donc l'appel du pape François ?
« Il enseigne et aide à prendre conscience de l'importance de la religion, des religions, pour l'objectif de parvenir à la paix. Il veut nous aider à comprendre que sans paix entre les religions, il y aura pas de paix au Moyen-Orient».

- Le Pape François pense aussi au cas iranien?
« Oui, il a saisi l'oportunité de faire sortir l'Iran de l'isolement qu'il a choisi seul. Le nouveau président iranien, Rohani, et cela n'a certainement pas échappé au pape François, a pour la première fois envoyé aux Juifs du monde entier, et pas seulement ceux qui vivent en Iran, mais tous, y compris les Israéliens, ses meilleurs voeux pour le début de la nouvelle année juive. Un signal aux juifs citoyens d'Israël. En contradiction flagrante avec son prédécesseur Ahmadinejad qui disait vouloir effacer l'Etat d'Israël de la carte du monde. Il est également important que le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères Sarif - François aura bien saisi cette nouveauté - qui est avec moi membre du conseil d'une vingtaine de personnes choisies par l'ancien Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan pour le dialogue entre les cultures, m'a soutenu pour reconnaître l'importance du Weltethos (1), de l'éthique mondiale, auquel je travaille, comme système de valeurs et de normes communes pour mieux se comprendre mutuellement. Ce serait une base sûre pour la paix au Moyen-Orient».

- Et si en revanche, on en arrive à l'attaque de la Syrie ?
« Une attaque armée contre la Syrie sans mandat de l'ONU serait contraire au droit international, elle prolongerait et approfondirait le conflit plutôt que de le résoudre, ce ne serait pas une guerre de 60 seulement jours. L'autre voie est plus prometteuse. Je m'associe à l'appel de Jeffrey Sachs, il a demandé que les États-Unis fournissent à l'ONU des preuves claires sur les armes chimiques et leur utilisation par le régime, et qu'ils demandent au Conseil de sécurité de condamner les responsables des crimes, et de s'en remmettre à la cour la justice internationale. Obama devrait également chercher à imposer que tout le monde ratifie la convention des Nations Unies contre les armes chimiques. S'il ne réussissait pas, diplomatiquement et de manière transparente, la Russie et la Chine pourraient sortir de leur isolement (Se non avesse successo, diplomaticamente e in modo trasparente, Russia e Cina potrebbero uscire dal loro isolamento) » .

- Vous avez immédiatement salué sur "La Repubblica" l'élection de François, espérant des gestes forts de renouveau. Aujourd'hui, les changements au sommet de la Curie sont venus, et puis, cet appel. Ce sont des signaux forts?
« Il agit avec cohérence. Il a remplacé le secrétaire d'Etat par une personne capable, et il a attiré l'attention avec cet appel. Il évite les erreurs de son prédécesseur et de l'ex-secrétaire d'Etat Bertone, qui agissaient d'une manière peu réfléchie dans le domaine de la politique mondiale».

* * *

Note (Wikipedia)
------

(1) Hans Küng se dévoue depuis 1993 à la fondation « Pour une éthique planétaire » (Weltethos) qui cherche à développer et renforcer la coopération entre les religions au-delà d'une vague reconnaissance des valeurs communes. Il cherche particulièrement à initier de véritables initiatives pratiques en vue de la paix et du développement.
Site ici: http://classic.weltethos.org/dat_fra/indx_0fr.htm.

Pour lui, les différentes religions sont ou devraient être au service de l'homme et ne devraient être que des aspects secondaires d'une éthique humaine, et donc mondiale (la « Weltethik »), plus fondamentale, où — finalement — Dieu est au service de l'homme.