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Les propos imprudents du Pape à Scalfari

Ceux tenus dans la seconde interviewe, sur l'existence de cardinaux pédophiles auraient provoqué une fronde dans le Sacré collège, justifiant la mise au point-démenti du Père Lombardi (19/7/2014)

     

Francesco Antonio Grana, le vaticaniste de Il Fatto Quotidiano, feuille gauchiste qui fut un relais actif des vatileaks, et très hostile à Benoît XVI, retrace l'historique de l'interview-fantôme à Scalfari (je veux parler de la première, apparue-disparue-réapparue-redisparue sur le site du Vatican), entre le 1er octobre 2013 et le 17 juillet 2014.
Cette partie de l'article n'apporte pas d'éléments nouveaux par rapport à ce qui a été dit ici.
Les motifs profonds de cette valse-hésitation restent obscurs, certains parlant d'une erreur d'un technicien chargé de la maintenance du site (c'est toujours possible, mais j'ai beaucoup de mal à y croire: la procédure de sauvegarde du site doit être automatique, et d'ailleurs, il y a une probabilité infinitésimale que ce soit ce fichier précis, parmi des milliers, qui ait donné lieu à l'erreur, au moment où la polémique faisait rage autour d'une autre interviewwe de Scalfari).

La suite est plus intéressante, et comme les faits rapportés ici croisent les informations de Matteo Matzuzzi sur La Bussola d'hier et d'Antonio Mastino (1), ils sont crédibles.

     

Francesco Antonio Grana
www.ilfattoquotidiano.it
17 juillet 2014
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(...) Scalfari et le pape continuent à se parler au téléphone et à se voir en tête-à-tête à Santa Marta; trois rencontres sont certaines, mais on parle d'au moins une dizaine de visites - mais François ne voulait pas que le journaliste transcrive leurs conversations, celles qui sont pour tous deux un dialogue entre un croyant et un incroyant.

Le 6 Avril, 2014 Scalfari célèbre ses 90 ans en grande pompe dans un théâtre de Rome. A cette occasion, il raconte qu'il a reçu au téléphone les souhaits du Président de la République Giorgio Napolitano, du Premier ministre Matteo Renzi et du pape François. Et il révèle la requête de Bergoglio de continuer à dialoguer avec lui, mais sans que rien de tout cela ne soit transcrit ni publié. Jusqu'au dimanche 13 Juillet 2014, quand, de nouveau sur la première page de la Repubblica, fait irruption l'entretien avec François qui aborde les thèmes les plus brûlants d'actualité: la pédophilie, la Mafia et le célibat des prêtres. Le Vatican s'enflamme. Il y a deux expressions qui semblent particulièrement cuisantes dans les Palais sacrés: «cardinaux pédophiles» et «solutions au célibat». Le Père Lombardi précise immédiatement que ni l'une ni l'autre «n'est attribuable au pape». Dans l'article publié - dit le porte-parole du Vatican - ces deux affirmations sont clairement attribuées au pape, mais, curieusement, les guillemets sont ouverts, mais ils ne sont pas fermés. Il manque simplement les guillemets de fermeture. Oubli, ou reconnaissance explicite que l'on fait une manipulation pour les lecteurs naïfs?».

Dans les palais sacrés, on raconte que l'affirmation selon laquelle il y aurait des «pédophiles» dans le Collège des Cardinaux a provoqué la colère de nombreux cardinaux, à l'intérieur et à l'extérieur de la Curie romaine, à commencer par le Doyen Angelo Sodano. Ce qui aurait motivé l'immédiate et dure mise au point du Père Lombardi.

     

Antonio Mastino va plus loin...

(1) Mastino allait plus loin avant hier sur le quotidien en ligne Quelsi, parlant rien moins que de SOULÈVEMENT DES CARDINAUX "PÉDOPHILES" :

(...) Ce même dimanche il y a eu un événement sans précédent, après que le pape par la bouche de Scalfari eût donné du «pédophile» à certains cardinaux non identifiés. Le Sacré Collège en quelques heures est devenu un nid de vipères plein de venin contre le pape, il y a eu une vraie "levée de bouclier", un soulèvement du Sacré Collège qui a bombardé le père Lombardi et la Secrétairerie d'État: soit on démentait, et tout de suite, soit il y aurait des ennuis pour celui qu'ils avaient élu par plébiscite. Au point que Il Foglio en a parlé longuement, quelques heures plus tard. Le pape n'a pas cédé, dit-on, mais ayant compris le danger, c'est la Secrétairerie d'Etat et la Salle de presse qui ont cédé. Ils ont démenti à la place du pape.

Et à propos de Scalfari, il écrit:

Le pape a voulu être interviewé à plusieurs reprises par Scalfari, il n'a jamais démenti ce que Scalfari a rapporté, au point qu'il l'a invité à nouveau pour une interviewe; le pape voulait vraiment être interviewé et faire éclater le pandémonium (une stratégie de tension?) le pape a vraiment dit tout ce que Scalfari a rapporté, et s'il y avait imprécision, elle n'était pas due à Scalfari mais à l'italien approximatif de François. Le pape croit exactement ce que Scalfari a écrit de lui. Et il l'a démontré dans une foule d'autres paroles et actes à la suite des interviewes.

Scalfari a dit la vérité, il ne se serait jamais permis de mentir dans une occasion aussi solennelle et importante pour lui, une situation qui objectivement l'intimidait ... à chaque ligne, il a traité avec révérence presque obséquieuse les affirmations du pape, et sa soumission était évidente.
Tant et si bien que le vieux puissant journaliste, l'an dernier, a demandé au Vatican, au pape, de réviser l'interviewe avant publication. Le pape a dit qu'il avait confiance: il savait ce qu'il avait dit, il savait que Scalfari le rapporterait, il était conscient des polémiques que cela susciterait, en particulier chez les catholiques orthodoxes, envers qui Bergoglio ne nourrit pas de sentiments de sympathie et encore moins paternels, les percevant comme un corps étranger gênant dans l'Église telle qu'il l'imagine, et qui n'est pas du tout celle normale.
(...)

     

Je laisse la conclusion à Monique:

S'il y a des pédophiles parmi les cardinaux, qu'attend-on pour les débusquer au lieu de faire tomber un opprobre collectif sur le collège cardinalice? Ce qui est très grave concernant l'autorité à la tête de l'Eglise, et les conclaves. Cela veut dire aussi que le Pape a été élu par 1, 2, 5 (?) dépravés. J'ignore si même ceux-ci (s'ils existent) ont été inspirés par le Saint-Esprit.
François se rend-il compte des conséquences de ce qu'il dit?

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