Pell dérange
... mais ce n'est peut-être pas pour les raisons que l'on croit. Un article un peu énigmatique de Marco Tosatti (12/11/2014)
COMME IL DÉRANGE, PELL...
San Pietro e dintorni
11/11/2014
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Certains, à la Curie, cherchent à délégitimer le franc cardinal australien, chef du Secrétariat des finances, en insistant sur son caractère brusque et direct. Et aussi en raison de son intervention au Synode sur la famille. Mais il y a peut-être d'autres raisons ...
Maintenant que le départ du Cardinal Burke de la Signature a été formalisé, ôtant une partie de sa force à une des voix les plus sincères et indépendantes de l'Eglise romaine, on parle dans la Curie d'une manœuvre insidieuse pour délégitimer le cardinal australien George Pell, chef du nouveau Secrétariat pour l'Economie et les Finances du Saint Siège, et lui aussi, comme Burke, personnalité ne mâchant pas ses mots.
Ils s'en sont aperçus, au Synode, lorsque le cardinal australien a tonné contre le Secrétariat, qui suggérait la possibilité d'une votation à main levée,plutôt que secrète sur les textes. Et il a continué à parler, même avec le microphone éteint, avant qu'ils ne le lui aient rallumé, s'exclamant: «Il faut de la transparence! Chacun doit pouvoir s'exprimer comme il veut!». Un échange d'opinions pas vraiment ouaté qui a atteint son point culminant quand, face à l'hypothèse de gérer toute la situation par un communiqué de la Salle de Presse, Pell a laissé échappé: «Nous nous méfions de la communication», ou quelque chose d'analogue. A ce moment, des applaudissements ont éclaté, avec plusieurs pères synodaux qui parlaient tous ensemble.
Après, comment tout cela s'est terminé - avec la votation, les trois articles «sensibles» en dessous du quorum des deux tiers, l'acte d'autorité du Pape qui, faisant violence au règlement a voulu également les publier - nous le savons. Mais le comportement courageux et évangélique de Pell (oui-oui, non-non) a donné des armes à ceux qui déjà pour des raisons personnelles et pour d'autres motifs n'aimaient pas la personne et peut-être surtout son rôle de responsable presque unique des finances et de l'économie, et qui cherchent à présent à le faire passer pour un excité et un agité. Même si, en théorie, sa franchise ne devrait pas déplaire à celui qui recommande aux prêtres de ne pas être cléricaux. Mais c'est comme ça…
Et c'est vrai que le rôle de Pell ne lui a pas procuré d'amis, à commencer par les responsables des dicastères économiques du Vatican, que la volonté du Pape a vidé de pouvoir réel. Mais une chose étrange est en train de se passer. Sur la base du Motu Proprio émané par le Pape François en février de cet année, la section financière de la Secrétairerie d'Etat (qui gère selon certains une masse de capitaux voisine en importance de celle du IOR) et le bureau du Personnel de la Secrétairerie d'Etat, auraient dû passer sous la gestion du Secrétariat de l'Economie. Mais huit mois après la publication du Motu Proprio, le passage de ces deux secteurs vitaux n'est pas encore advenu. Probablement, avec un certain étonnement et pas mal de perplexité de la part du cardinal australien, représentant d'une culture pragmatique et efficace. Un rebrousse-poil de première force pour les curialismes feutrés.
