Changement climatique: le silence est d'or

La robuste sagesse populaire s'exprime par la bouche du "curé madrillène". Traduction de Carlota

 

Il est trop facile d'objecter qu'il n'est pas un scientifique, que ses réflexions sont au niveau de la conversation de bistrot, et que son opinion n'a aucune valeur.
Mais à une époque où le moindre chanteur, acteur, présentateur météo, plumitif de seconde zone, donne son avis sur tout du haut d'une chaire médiatique qu'on lui a généreusement concédée pour l'occasion (malheur, toutefois, à qui s'écarte de la doxa!!), un prêtre plein de bon sens, d'humanité et d'expérience de vie a, au moins autant qu'eux, légitimité à s'exprimer - sauf qu'on ne lui tendra pas de micro... à moins qu'il ne "dérape grave", évidemment, auquel cas le parfum de scandale attirera l'intérêt des médias, mais pour le lyncher.

Changement climatique: le silence est d'or


Jorge González Guadalix
2 décembre 2015
infocatolica.com
(Trduction de Carlota)

* * *

Il me revient à l’esprit aujourd’hui une réunion, de celles qui ont lieu dans les paroisses, durant laquelle l’on parle de chose aussi inhabituelles que l’option pour les pauvres. Un des participants, expert en réunion, avec des études de théologie, bien qu’il me semble qu’il ne soit pas arrivé à l’ordination, nous disait alors, que tandis que nous les riches nous mangions du bœuf dans le filet, des entrecôtes et des fruits de mer, les pauvres, eux, devaient se contenter de quelques sardines qui en plus leur détruisaient la santé.

Bref des choses de ce genre. Les années ont passé et on nous a fait découvrir que les sardines, c’est très sain, vraiment très sain les sardines. Et mauvais mais alors très mauvais de manger de la viande rouge et des fruits de mer.

Bien, je dis cela pour que nous comprenions que c’est une chose d’affirmer que les pauvres ont droit à une vie digne qui comprend l’alimentation, les loisirs, la culture, la santé et tout ce qu'on veut, et c’en est une autre de nous engager dans un débat pour savoir si nous devons manger des sardines ou du steak - là nous pataugeons dans la confusion.

Ce me semble la même chose avec tout cette affaire de changement climatique. Tout le monde, - spécialement ceux qui s’auto-définissent comme catholiques «progressistes» ou « écothéologiens » comme l’illustre [Leonardo] Boff, passe sa journée à nous parler de la couche d’ozone et de ses trous, de la pollution, du nucléaire non merci, du dioxyde de carbone et du réchauffement planétaire.

Je pense qu’un catholique peut tout au plus en arriver à l’affirmation de la bonté de la création en tant qu’œuvre de Dieu et de la nécessité d’en prendre soin, ainsi que de faire du monde un lieu habitable où nous puissions tous vivre et aller de l'avant en paix. ET POINT BARRE. Le reste, si c’est mieux ou moins mauvais de disposer de centrales nucléaires, hydrauliques, thermiques ou éoliennes, revenir à la vie naturelle d’une tomate et se laver dans la rivière, ou avoir recours à des combustibles organiques, ce sera aux scientifiques d’en décider.

Les experts disent que la planète Terre a souffert de glaciations et d’augmentations brusques de la température, que des zones désertiques aujourd’hui furent des océans. Il y en certainement parmi eux des catastrophistes. D’autres sont relativement plus tranquilles. Eux ils ont le savoir. Qu’ils fassent des recherches de façon à faire de ce monde un monde aimable.

L’Église a une autre mission. Ce qui est propre aux croyants, spécialement à notre hiérarchie, c’est de rappeler la théologie de la création et l’obligation morale de prendre soin de la planète. Ce qui est nôtre, c’est de rappeler que la personne doit être au dessus du gain à tout prix Il nous incombe de ne pas perdre de vue le nécessaire équilibre entre le progrès et la dignité humaine, que nous sachions que le progrès n’est pas possible à tout prix et qu’il faudra conserver une harmonie. Et c’est tout.

Nous mêler des affaires de couche d’ozone, de réchauffement de la planète, de la pollution par le CO2, de s’il faut en finir avec les centrales nucléaires ou au contraire en faire la promotion, transformer en problème les récifs de corail, ou lancer un appel contre l’utilisation de combustibles fossiles, ce n’est rien de plus qu’un manque de bon sens, et nous compliquer la vie d’une façon déraisonnable - que ce soit nous, les curés qui le fassions, les théologiens ou qui que ce soit. Parce que nous ne savons pas, et que les choses ne sont absolument pas claires, et que finalement par la suite nous risquons de nous retrouver face à n’importe quoi.

C’est pour cela que j’affirme, qu’en ces matières, le silence est d’or. Prenons soin de la création, occupons nous à ce que la dignité humaine soit protégée. Rappelons le nécessaire équilibre entre le soin de la création, la dignité de l’homme, le progrès humain et la justice. Mais laissons les scientifiques se mettre d’accord sur la façon de le faire. Et bien que curés, ou plus, ne croyons pas que nous pouvons immédiatement pontifier sur tout.

N’avons-nous plus en mémoire Galilée ? Donc, plus de prudence, et chacun à ses affaires.