Des prêtres qui s'en vont

Le Père Ray Blake confirme ce qu'il écrivait après le discours dévastateur des voeux de François à la Curie

 

Après la raclée assénée par François à ses plus proches collaborateurs lors des "voeux" à la Curie de décembre 2014, le Père Ray Blake avait écrit un plaidoyer pour les membres subalternes de ladite Curie, qui avaient très mal vécu cette correction imméritée pour la plupart d'entre eux (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/curie-lenvers-du-decor). Déjà alors, il évoquait "l'envers du décor", et le dramatique manque de personnel dans certains dicastères, dont les fonctionnaires avaient tendance à "quitter Rome" par lassitude, solitude, manque de perspectives, et absence de soutien de leur hiérarchie, jusqu'au sommet.
Et il n'hésitait pas à conclure que le travail à la Curie devenait "un job d'enfer".
Apparemment, cela ne s'est pas arrangé.
Ce dernier article apparaît comme une confirmation.
Bien sûr, on pourra objecter que les prêtres qui abandonnent sont de "mauvais prêtres". Mais qui suis-je pour juger? Et est-ce une raison pour ne pas les aider?

Le Pape de la miséricorde (sélective), celui de "l'Eglise-hôpital de campagne" ne devrait-il prendre conscience du problème - ou au moins ses proches collaborateurs si agités et omniprésents ne devraient-ils pas l'en informer?

Des prêtres qui s'en vont

marymagdalen.blogspot.fr
19 juillet 2015
Ma traduction
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Je connaissais beaucoup de prêtres dans les dicastères romains, mais ils ont fait la queue dans les aéroports de Rome et sont partis pour leurs diocèses d'origine avec l'intention de ne jamais revenir. Le problème est que le Pape harcèle leurs patrons et leurs patrons les harcèlent, donc ils partent. Même le plus dévoué, celui qui a le cuir le plus endurci, ne peut endurer qu'un certain niveau d'insultes et de mépris. Cela, et un degré croissant de "sud-américanisation" fait du Saint-Siège un environnement de travail de plus en plus difficile. Pour les peaux fines et sensibles, puisque le monde du Pape se rétrécit inexorablement, chaque matin à Sainte Marthe apporte davantage d'insultes.

L'abandon romain (Roman exuent) se base sur un choix simple, "Dois-je rester ou dois-je m'en aller?". Partir est plus facile que rester.

La nuit dernière, j'ai découvert un prêtre que j'avais croisé au séminaire, j'ai entendu dire qu'il est parti, il est en fait devenu pasteur anglican et il est aussi à la tête de cet étrange et très virulent groupe anti-catholique, la Protestant Truth Society.

Récemment, sur les médias sociaux catholiques, l'histoire d'un prêtre qui a démissionné et apparemment adopté un mode de vie gay ou a simplement fait son "coming out" gay, semble avoir attiré l'intérêt lubrique des gens et suscité quelques spéculations assez désagréables. Et oui, dans mon diocèse mon évêque a été contraint de démissionner (ndt: Cormac Murphy-O'Connor, l'ex-archevêque de Brighton et promoteur du Bergoglio Team, voir ici: benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/il-est-lun-des-461-pretres-du-catholic-herald).

Chaque fois qu'un prêtre ou un évêque quitte le ministère, il est très facile de simplement le critiquer, et de ne pas chercher à s'interroger sur ce qui se cache derrière son départ. Les prêtres sont mécontents d'être harcelés, et ils quittent Rome. C'est le mécontentement et le harcèlement qui les font partir. Un bon employeur pourrait se demander si quelque chose peut être fait pour mettre fin à cette situation, comme dire au pape de lever le pied, ou tout simplement lui faire prendre conscience du mécontentement causé per ses agissements.

Quand un prêtre ou un évêque part il est plus facile pour les membres de l'Eglise d'être simplement furieux, que de faire un examen de conscience. Si un prêtre choisit un mode de vie libidineux, nous devrions probablement nous demander pourquoi une communauté qui professe l'amour fraternel, la compassion, la miséricorde est si mauvaise quand il s'agit de les offrir à ses ministres. Pourquoi un prêtre penserait-il qu'il trouvera plus probablement l'aide et le soutien dont il a besoin à l'extérieur de l'Eglise plutôt qu'en elle? Pourquoi est-il désabusé de l'Evangile, et se laisse-t-il euh... abuser par une existence de gay? Pourquoi l'amour de son peuple, mais plus important encore, la sollicitude pastorale de ses frères prêtres et de son évêque, son Père en Dieu, lui font-ils tant défaut?

«L'Eglise est un hôpital de campagne»: si tel est le cas, alors pourquoi tant de gens y meurent-ils au lieu d'y retrouver la santé?