Les manœuvres d'un faiseur de papes

La sortie en Belgique d'une biographie explosive du cardinal Danneels ramène au premier plan les coulisses de l'élection du 13 mars 2013, et le rôle décisif de l'influent prélat belge, à travers un "travail" de longue haleine de sape du Pontificat de Benoît XVI.

Un article publié sur «Le Vif», issu du magazine néerlandophone «Knack», transmis par Isabelle.
On observera l'incroyable violence du ton, carrément insultant pour le Pape émérite et ses fidèles.

>>> Quand Danneels applaudissait au "mariage gay"

Godfried Danneels a oeuvré pendant des années à l'élection du pape François


Walter Pauli
Le Vif

* * *

Les historiens de l'Église Jürgen Mettepenningen et Karim Schelkens viennent de publier une biographie du cardinal Godfried Danneels dans laquelle l'archevêque apparaît comme un défenseur de l'Église moderne. Il aurait même oeuvré pendant des années à l'élection du pape François.

Opposé au pouvoir grandissant de Ratzinger et de sa clique [sic] au Vatican, l'archevêque de Milan Carlo Maria Martini a commencé à organiser des réunions "secrètes" d'évêques et de cardinaux à Saint-Gall en Suisse à partir de 1996. Ces rencontres étaient vaguement connues de certains spécialistes, mais il n'y a jamais eu de compte rendu aussi détaillé des activités du "groupe de Saint-Gall" que dans la biographie de Jürgen Mettepenningen et Karim Schelkens. En 1999, Danneels a rejoint le groupe, dans lequel figuraient aussi l'évêque néerlandais Adriaan Van Luyn, les cardinaux allemands Walter Kasper et Karl Lehman, le Britannique Basil Hume et l'Italien Achille Silvestrini [ndr: "Mon cardinal"?]. Pour Danneels et les autres, il s'agissait de "vacances spirituelles", une forme de consolation et de soutien mutuel à une époque sombre [sic].

Le Vatican a envoyé le sinistre [sic] cardinal Camilo Ruini pour sonder de quoi il retournait, mais ce dernier a fait chou blanc. En même temps, le "Groupe de Saint-Gall" essayait d'influencer les agissements du Vatican. La question que l'on se posait de plus en plus expressément était la suivante : "Que se passera-t-il après Jean Paul II ? Comment éviter que Ratzinger ne devienne pape ?"

Lors du conclave de 2005, Joseph Ratzinger s'est avéré trop fort. Danneels et les autres membres du groupe Saint-Gall ont à peine réussi à cacher leur déception. Ils ont mis leur manque d'enthousiasme sur le compte de la fatigue. Mais leur analyse fondamentale, que l'appareil du Vatican avait besoin d'être innové et que le message de l'Église devait être beaucoup plus optimiste, était prémonitoire. Le pontificat de Ratzinger a tourné à la catastrophe [sic] et l'Église a gémi sous les affaires de mœurs et de corruption. Entraîné par l'évêque brugeois Roger Vangheluwe à un entretien avec la famille du neveu avec qui il avait eu une "petite relation" et suspecté dans l'Opération Calice, Danneels a également été mêlé aux scandales.

Cependant, l'élection de Jorge Mario Bergoglio en pape François met fin à cette période sombre. "L'élection de Bergoglio a été préparée à Saint-Gall, ça ne fait aucun doute. Et les grandes lignes de son programme sont celles dont Danneels et ses confrères discutaient depuis plus de dix ans" écrit Schelkens.

Le 13 mars 2013, une vieille connaissance se tenait d'ailleurs aux côtés du nouveau pape François : Godfried Danneels. Officiellement, il était là en tant que doyen des cardinaux-prêtres , mais en réalité il a oeuvré pendant des années comme faiseur de rois discret d'un pape capable de rendre un avenir à "son" Église.