L'important, c'est que les gens s'aiment

Avec sa truculence habituelle, le "curé madrilène de Carlota" pointe ce qui sera en jeu au prochain Synode: une conception erronée du mariage, hédoniste et superficielle, pouvant justifier tous les autres liens, défendue jusque par des hommes d'Eglise.

>>> Du même auteur: Le désarroi d'un prêtre de terrain

 

(Carlota)

Comme d’habitude le P. Jorge Jorge González Guadalix, pose les bonnes questions d’une manière simple mais percutante sur le contrat de vie qu’est le mariage catholique. Pour ce faire il évoque des personnalités célèbres de l’Hispanité…
Ma traduction (Original ici: infocatolica.com).

Patricia (et avant Julia) épouse de Vargas Llosa

Mario Vargas Llosa (1) a contracté un premier mariage avec Julia Urquidi en 1959. Après avoir divorcé de Julia en 1964, il a contracté, un an plus tard, un nouveau mariage avec sa cousine Patricia Llosa avec laquelle il est resté marié jusqu’à ce jour. Dernièrement on a appris qu’après semble-t-il des écarts amoureux répétés, il a maintenant une relation sentimentale avec la très connue Isabel Preysler (2), mariée en première noce à l’Église avec Julio Iglesias (le célèbre chanteur espagnol avec qui elle a eu trois enfants), mariage dont elle a obtenu la nullité, ce qui lui a permis un second mariage religieux avec le marquis de Griñón (3). Après un nouveau divorce, un nouveau mariage avec l’ex-ministre socialiste Miguel Boyer (4), décédé depuis peu.

Pourquoi toutes ces histoires? Eh bien parce que cela m’a surpris de lire, récemment, les déclarations du P. Ángel, le fameux et médiatique P. Ángel (5), où, alors qu’il est interrogé sur la relation entre Mario Vargas Llosa et Isabel Preysler, et un possible mariage, il répond : « Je me réjouis de ce que les gens s’aiment. Je me sens heureux que les gens soient heureux ».

Le P. Ángel ne fait qu’exprimer ce que malheureusement tellement de gens pensent : « ce qui important c’est que les gens soient heureux », parce qu'avec cet être heureux, en définitive, on proclame que ce qui importe, c’est que les gens fassent exactement ce que leur demande leur corps, et que l’Église doit accepter et bénir cette option si simple.

Dans ce que dit le P. Ángel, qui est, j’insiste, ce que comprennnent tellement de personnes, il faut apporter beaucoup de nuances. Pour commencer, voyons qui va oser aller voir Patricia Llosa pour lui dire qu’elle est très heureuse que son mari ait rompu après cinquante ans de mariage, et que lui est enchanté d’être maintenant avec Isabel Preysler. Je m’imagine la réponse de Patricia : "Allez-vous-en, vous m’ennuyez"

Lui avec deux mariages et différentes “petites choses”. Elle avec trois autres mariages. Mais tout cela n’est rien, on est heureux qu’elle soit heureuse. On est content de ce que les gens s’aiment. Si demain, Dame Isabel se liait avec une autre dame, génial, on est heureux de ce qu’elle est heureuse. Si les gens changent de couple comme de souliers, il ne se passe rien : on est heureux que les gens s’aiment.

Le grand problème du mariage, ce qui se joue au prochain synode, c’est justement la banalisation du mariage. Cette chose si simple qui est : ce qui est important c’est que les gens s’aiment, qu’ils soient heureux, et vive la liberté, vive tout, ce qui est authentique c’est d’être ensemble tant qu’il y a de l’amour, la seule chose qui importe c’est de s’aimer et d’être heureux.

Le mariage catholique c’est autre chose : une union stable d’un homme et d’une femme jusqu’à ce que la mort les sépare, dans l’union, la fidélité et l’ouverture aux enfants. Dans la santé et dans la maladie, dans la prospérité et dans l’adversité. Ensemble pour le meilleur et pour le pire.

Eh bien non. Ni mariage, ni fidélité, ni rien. Que les gens soient heureux comme ils en ont envie et qu’ils s’aiment selon cet amour capricieux qui n’est pas celui de Paul : qui excuse toujours, croit toujours, supporte sans limites, ne passe jamais.

Dire que l’on est content parce qu’un monsieur vient de rompre son second mariage, après cinquante ans, pour se lier avec une dame dont le mariage religieux a été annulé, puis qui a divorcé, et qui est maintenant veuve d’un troisième, et proclamer que c’est cela s’aimer en vrai… c’est tout simplement triste.

Mais c’est ce que les gens croient, proclament, et prétendent transformer en à peine moins qu’un nouveau sacrement.
Eh bien non. Pour moi c’est non. Et je vois que les choses qui se profilent avant le Synode sont très laides. J’ai bien peur que n’apparaisse toujours plus le mot de schisme.
C’est comme ça.

* * *

NDT
-----
(1) Prix Nobel de littérature d’origine péruvienne, né en 1936
(2) 64 ans, ex-mannequin et présentatrice télé, appartenant à une riche famille philippine descendante d’un noble proche de Charles Quint et d’un conquérant des Philippines sous Philippe II
(3) Marquisat datant du XIXème octroyé par Isabelle II. Marquis divorcé et dont elle a eu un enfant
(4) Né en 1939, premier mariage en 1964 dont deux enfants, ministre des Finances de Felipe Gónzalez
(5) Prêtre espagnol né en 1937; fondateur d’une ONG catholique, « les messagers de la paix », qui s'occupe des "périphéries" en Afrique, il est à ce titre très bien vu par les médias. Qu'il soit question de lui dans un article du Monde (réservé aux abonnés...) laisse craindre le pire... confirmé par cet article du site hispanophone www.infovaticana.com : en plus de parler du remariage de Vargas Llosa, il dit qu'il trouve normal que les divorcés remariés communient et que les femmes devraient pouvoir accéder au sacerdoce