Maigre affluence aux audiences du Pape

... mais la presse continue à faire comme si de rien n'était. De qui se moque-t-on? (16/12/2015)


>>> Voir aussi:
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L'effet François, 2 ans et demi après (Il Foglio le 12 décembre)
¤ Vaches maigres au Vatican (Sandro Magister, le 28 août)

Marie-Christine vient de m'envoyer une photo prise ce matin Place Saint-Pierre, juste avant le début de l'audience générale (10h02). L'image parle d'elle-même, derrière les "carrés" des premiers rangs, l'assistance est maigre (il faut préciser qu'aux AG, les gens arrivent bien à l'avance, et qu'une demi-heure avant le début, tout le monde est déjà présent, dans l'attente du Pape).
Mon amie ajoutait ce commentaire:
"Odon Vallet affirmait ,il y a quelques jours, dans la presse que la popularité de ce Pape est tellement énorme qu'il attire 300 000 mille personnes à chaque audience.
Il y a deux zéros de trop!
Il fait beau, nous sommes en plein jubilé et l'anniversaire du Pape est proche.
De qui se moque-t-on ???"

Effectivement, la question commence à se poser sérieusement.
Il y a quatre jours, un éditorial paru sur Il Foglio compilait les chiffres d'une enquête de l'ISTAT, confirmant l'essoufflement de "l'effet François".
Aujourd'hui, nouvel article, cette fois sur le site (ultra-libéral!!!) <Italia Oggi>, qui reprend à son tour les mêmes chiffres, et arrive à la même conclusion.

Les chiffres de François sont plutôt faibles
La présence de fidèles aux manifestations pour le pape Benoît était beaucoup plus fournie


Italia Oggi
(Ma traduction)

Habituellement, l'inauguration d'un jubilé attire un grand nombre de pèlerins à Rome, avec tous les risques et les inconvénients que cela comporte. Le jubilé de 2015, proclamé par un pontife aussi universellement populaire, même parmi les non-croyants, que l'est François, présageait un nombre d'arrivées encore plus impressionnant que d'habitude. Au lieu de cela, à l'ouverture de la porte Sainte, la Place Saint-Pierre était loin d'être comble, l'aéroport était presque désert, aucun emboutellage, et des cent mille venues prévues, on estime que la moitié sont arrivées.

Les raisons citées par la presse incluent l'inquiétude pour les attaques terroristes, le froid, les restrictions économiques, la dilution de l'événement avec la première inauguration, quelques jours plus tôt en Afrique. Mais, bien qu'il soit trop tôt pour juger du déroulement des pèlerinages, qui auront lieu durant une année entière, les chiffres réduits de l'inauguration rappellent d'autres données surprenantes de ces deux années et demi écoulées depuis la montée sur le trône du première pontife jésuite.

Le 26 Août, pour la centième audience générale de François, la préfecture de la Maison pontificale publié les premiers chiffres officiels de participation jusqu'à cette date (1). En tout, les cent audiences avaient attiré un total de 3.147.600 personnes, qui, ventilées par année, donnaient:

- 1.548.500 présences aux 30 audiences de 2013,
- 1.199.000 présences aux 43 audiences de 2014,
- 400.100 présence aux 27 audiences jusqu'au 26 Août 2015.

La forte baisse de la fréquentation est encore plus claire si l'on regarde la fréquentation moyenne, où chaque année, la présence à l'audience générale est la moitié de celle de l'année précédente: en 2013 à chaque audience papale étaient présents en moyenne 51.617 personnes; en 2014, la moyenne est tombée à 27.883, et en Août 2015, elle arrive à peine à 14.818. Encore plus bas le nombre final pour la centième audience: à peine plus de 10.000.

Par comparaison, les données d'affluence enregistrées sous Benoît XVI font bonne figure. D'après les données publiées par la Maison pontificale, il s'avère qu'entre les audiences générales, les audiences privées, les liturgies et les Angelus, durant ses huit ans en tant que Souverain Pontife, Joseph Ratzinger a attiré à Rome environ 20 millions de personnes. Ces chiffres ont été enregistrés à partir de l'émission de billets (gratuits) et des estimations officielles de l'affluence à des événements pour lesquels aucun billet n'est émis.

Si l'on considère une certaine presse négative qui a gâché tout le pontificat du pape Benoît pour en relever les défauts, il est significatif que les masses de fidèles qui accouraient pour voir et entendre le "pape-rotweiller" étaient toujours bien au-dessus des deux millions annuels. Les rapports enthousiastes, dans la presse, de chaque geste, ou mot prononcé par PF (Papa Francesco) laissaient imaginer que son pontificat serait celui du retournement des chiffres, au fur et à mesure que les lointains et les tièdes se rapprocheraient de l'Eglise et des sacrements. Mais même à cet égard, les choses jusqu'à présent sont allées différemment.

On le constate grâce à l'Istat, càd par les statistiques officielles de l'Etat italien, dont l'enquête la plus récente indique que le pourcentage de gens qui vont à l'église au moins une fois par semaine, non seulement n'a pas augmenté avec François, mais a légèrement baissé, jusqu'au minimum historique de 28,8 pour cent. Menée sur un échantillon de 24 mille ménages, pour un total d'environ 54 mille personnes réparties sur une superficie de 850 villes de différentes tailles, l'enquête dit en d'autres termes qu'un peu plus d'une personne sur quatre entre dans une église au moins une fois par semaine. Sous le pape Benoît cet indice n'était jamais tombé en dessous de 30 pour cent, se tenant généralement autour de 32/33 pour cent.

En cette ère des deux papes, il ne s'agit pas d'organiser un derby asynchrone entre le régnant et le démissionnaire, mais de se demander si la popularité de ce pape est due à un effet médiatique, càd au relief donné par la presse à ses choix spectaculaires de diriger son attention vers les personnes éloignées, d'autres religions, voire qui se sont distinguées dans la bataille anti-catholique, tandis qu'aux politiciens catholiques, il a réservé des reproches assassins.
Aussi longtemps que nous ne verrons pas des gens comme Marco Pannella et Emma Bonino, en réponse aux saluts chaleureux du Pape, entrer à l'église, il est sans doute logique et inévitable que les chiffres de l'affluence soient en baisse.

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(1) Voir à ce sujet Magister: Vaches maigres au Vatican