Anti-catholicisme


Archive: le témoignage de l'archevêque de New York, en 2009 (15/3/2016)

 

La trêve de l'Eglise avec le monde a bel et bien pris fin. Certains avaient cru que le départ de Benoît XVI et surtout l'avènement du Pape François allaient mettre un terme aux incompréhensions et aux hostilités, ouvrant enfin une ère de coopération fructueuse sous l'oeil bienveillant de médias conquis, à défaut d'être convertis, et enfin objectifs. Ils étaient bien naïfs.... Le triste épisode de la curée ignoble dont le cardinal Barbarin est actuellement la cible de la part de ces mêmes médias signe la reprise définitive des hostilités.
Je n'ai plus envie de m'immiscer dans le débat (même s'il y aurait vraiment beaucoup à dire...), comme je l'avais fait en 20019-2010, quand Benoît XVI était Pape. Il y a à cela plusieurs raisons, ce n'est ni l'endroit ni le moment de les exposer.
Je vais juste ajouter une petite pièce au dossier, que j'ai retrouvée dans mes archives, et qui apporte un certain éclairage à toute l'affaire.
C'est le témoignage du cardinal Dolan (il ne l'était pas encore à l'époque), archevêque de New York, publié sur son propre blog en octobre 2009, après que le NYT ait refusé la publication dans sa page "op-ed" (opposite-editorial, en gros, la page "opinions")!! On était en plein milieu des "scandales pédophiles", qui ont littéralement pourri les dernières années du Pontificat de Benoît XVI.
Je laisse mes lecteurs remplacer certains mots par d'autres, pour que l'actualité de la réflexion de Mgr Dolan saute aux yeux de chacun...

Anti-catholicisme


Mgr Timothy Dolan, archevêque de New York
(sur le site de l'archidiocèse)
29 octobre 2009
Ma traduction

* * *

L'article qui suit a été envoyé sous une forme légèrement plus courte au New York Times comme "op-ed article".
Le Times a refusé de le publier.
J'ai pensé que vous pourriez avoir envie de le lire...


Octobre est le mois où nous savourons le point culminant de notre passe-temps national, surtout quand une de nos propres équipes de New York fait partie de la World Series!

Malheureusement, l'Amérique a un autre passe-temps national, celui-ci n'est pas agréable du tout: l'anti-catholicisme.

Il n'est pas exagéré de qualifier les préjugés contre l'Église catholique de passe-temps national.
Des chercheurs tels que Arthur Schlesinger Sr. en parlent comme du "plus grand parti pris dans l'histoire du peuple américain", tandis que John Higham les décrit comme «la plus luxuriante et tenace tradition d'agitation paranoïaque de l'histoire américaine".
"L'anti-sémitisme de la gauche", telle est la lecture de Paul Viereck, et le professeur Philip Jenkins sous-titre son livre sur ce thème "le dernier préjugé acceptable" (the last acceptable prejudice).

Si vous voulez une preuve récente de cette injustice contre l'Église catholique, ne cherchez pas plus loin que quelques-uns de ces exemples d'événements survenus au cours des deux dernières semaines:



¤ Le 14 Octobre, dans les pages du New York Times, le journaliste Paul Vitello a exposé la triste étendue des abus sexuel sur des enfants dans la communauté juive orthodoxe de Brooklyn. Selon l'article, il y avait une quarantaine de cas de tels abus dans cette petite communauté, rien que pour l'an dernier.
Pourtant, le Times n'a pas demandé ce qu'il n'a cessé de réclamer lorsqu'il s'est agi de la même sorte d'abus commis par une infime minorité de prêtres: la publication des noms des agresseurs, l'annulation de la prescription, des enquêtes externes, la communication de tous les dossiers, et la transparence totale.
Au lieu de cela, un avocat est cité, exhortant les autorités de police à reconnaître les «sensibilités religieuses», et aucune critique n'a été formulée contre le bureau du District attorney autorisant les rabbins orthodoxes à régler ces cas "en interne". Compte tenu des horribles expériences récentes de l'Église catholique, je suis mal placé pour critiquer nos voisins juifs orthodoxes, et et je n'ai aucune envie de le faire. . . mais je peux critiquer ce genre "d'indignation sélective".

Bien entendu, cette indignation sélective ne devrait probablement pas nous surprendre du tout, puisque nous avons vu bien d'autres exemples de ce phénomène ces dernières années quand il s'est agi de la question des abus sexuels. Pour n'en citer que deux: En 2004, le professeur Carol Shakeshaft a fait une étude sur le problème des abus sexuel sur mineurs dans les écoles publiques de notre pays. En 2007, l'Associated Press a publié une série de rapports d'enquêtes, qui ont aussi montré les nombreux exemples d'abus sexuels contre des élèves par les éducateurs des écoles publiques. Tant l'étude de Shakeshaft que le rapport de l'AP ont été massivement ignorés, puisque des journaux tels que le New York Times semblent seulement avoir des prêtres dans leur collimateur.

¤ Le 16 Octobre, Laurie Goodstein du Times fait la page de couverture sur le triste épisode d'un prêtre franciscain, qui avait eu un enfant. Même en tenant compte du fait que la relation avec la mère était consentante et entre deux adultes, et que les Franciscains avaient tenté de traiter avec justice les responsabilités du prêtre en errance envers son enfant, cette action demeure un péché, scandaleux, et indéfendable. Toutefois, on peut se demander pourquoi une histoire vieille d'un quart de siècle, d'un péché commis par un prêtre, est tout à coup plus urgente et plus digne d'intérêt que la guerre en Afghanistan, les soins de santé (health care), et le génocide par famine au Soudan. Aucun clerc religieux d'une religion autre que catholique ne semble mériter une telle attention.

¤ Cinq jours plus tard, le 21 Octobre, le Times fait son gros titre de la décision par le Vatican d'accueillir les anglicans qui avaient demandé l'union avec Rome. Plutôt juste. Injuste, cependant, l'observation de l'article selon laquelle le Saint-Siège avait attiré les anglicans par un leurre. Bien sûr, la réalité est simplement que depuis des années, des milliers années d'anglicans ont demandé à Rome d'être acceptés dans l'Église catholique, avec une sensibilité particulière pour leur propre tradition. Comme le Cardinal Walter Kasper, chef de l'œcuménisme au Vatican, l'a fait observer: «Nous ne pêchons pas dans l'étang anglican."
Ce n'était pas assez pour le Times: Pour eux, c'était un autre cas de connivence du Vatican, lançant un leurre vers de braves gens sans méfiance, et capitalisant goulûment les tensions internes actuelles de l'anglicanisme.

¤ Enfin, l'exemple le plus explosif est venu dimanche, avec un article immodéré et calomnieux de Maureen Dowd dans les pages opinion du Times. Dans une diatribe qui à juste titre ne serait jamais passée auprès de l'éditeur du journal si elle avait été aussi critique envers une religion islamique, juive ou afro-américaine, elle utilise toutes les caricature anti-catholique possibles, de l'inquisition à l'Holocauste, les préservatifs, l'obsession du sexe, les prêtres pédophiles, et l'oppression des femmes, tout en démolissant le Pape Benoît XVI pour ses chaussures, sa conscription forcée - comme tous les autres adolescents allemands - dans l'armée allemande, sa main tendu aux catholiques traditionalistes et son récent accueil des anglicans.
Certes, la question qui a déclenché cet accès - la visite en cours de religieuses par des représentants du Vatican - mérite d'être discutée, et ne peut être exemptée de légitime questionnement. Mais son préjugé n'a pas sa place dans une publication majeure d'aujourd'hui.

Je ne veux pas suggérer que l'anti-catholicisme est confiné aux pages New York Times. Malheureusement, beaucoup d'exemples peuvent être trouvés dans de nombreux autres endroits. Je ne vais même pas commencer à essayer d'énumérer les nombreux cas d'anti-catholicisme dans les médias dits de divertissement, ils sont si répandus qu'ils semblent parfois presque systématiques et obligatoires. Ailleurs, la semaine dernière, le parlementaire Patrick Kennedy a fait plusieurs remarques incroyablement inexactes et déplacées, concernant les évêques catholiques, comme mentionné sur ce blog lundi.

L'Eglise catholique n'est pas au-dessus de la critique. Nous, catholiques, en faisons une bonne partie par nous-mêmes. Nous nous en réjouissons, et nous la souhaitons. Tout ce que nous demandons, c'est que cette critique soit juste, rationnelle et précise, ce que nous attendons pour tous. La suspicion et les préjugés contre l'Église sont un sport national qui devrait être "annulé" pour de bon.