Qu'en est-il de la "mafia" de Saint-Gall?


Une affaire grave, au point que le secrétaire du Pape lui-même y a fait publiquement allusion. Petite piqûre de rappel, sur le site Pro Liturgia, au lendemain de l'attribution de la barrette rouge à Mgr De Kesel (14/10/2016)

Hier, une lectrice me communiquait une coupure déjà ancienne (janvier 2015) trouvée sur le site belge < 7sur7 >.
Cette affaire, dont il a été question à différents endroits de mon site, aurait pu paraître explosive (et elle l'aurait été à n'en pas douter Benoît XVI régnant!): mais elle a été très vite délaissée par les médias - les rares qui l'ont abordée - un peu comme on cache la poussière sous le tapis.
Pourquoi?

Le site <Pro Liturgia> y revient opportunément dans un article très percutant, que je me permets de reproduire - ce site ne conservant pas ses archives.



Jeudi 13 octobre 2016.

La récente élévation au rang de cardinaux, par le Pape François, de plusieurs évêques farouchement opposés à Jean-Paul II ainsi qu’au Cardinal Ratzinger/Benoît XVI, donne l’occasion de revenir sur les déclaration du cardinal belge Godfried Danneels.
Qu’avait dit celui qui fut Archevêque de Malines-Bruxelles et qui est aujourd’hui remplacé par le très discutable - et discuté - Mgr De Kesel ? Qu’entre 1995 et 2006 existait un nombre d’évêques et de cardinaux connus sous le nom de “Groupe de Saint-Gall”, l’abbaye de Saint-Gall, en Suisse, étant le lieu où se réunissait ces prélats dont le programme était la modernisation de l’Eglise et la mise sur la touche du Cardinal Ratzinger alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et bras droit de Jean-Paul II.
Interrogé lors de la présentation de sa biographie, le Cardinal Danneels avait déclaré en riant que le nom “chic” du groupe était “Sankt-Gallen” mais qu’entre soi, on l’appelait “la Mafia”.
Toujours d’après cette biographie, le groupe s’était dissous peu après l’élection du Cardinal Ratzinger. Toutefois, selon les biographes Jürgen Mettepenningen et Karim Schelkens, qui ont interrogé Le Cardinal Danneels, il ne fait aucun doute que “l’élection de Jorge Bergoglio a été préparée à Saint-Gall”. Et Karim Schelkens observe que “les grandes lignes du programme du Pape François sont celles sont celles dont le Cardinal Danneels et ses confrères discutaient depuis plus de dix ans” au sein de la “mafia”.
Jürgen Mettepenningen fait la même analyse : les membres de la “mafia” ont avant tout recherché la “liberté de parole” qui leur permettrait d’exprimer leur désaccord avec les orientations du pontificat de Jean-Paul II et déclarations de celui qui prenait une place de plus en plus visible : le Cardinal Ratzinger.
Au fur et à mesure que les forces du Pape Jean-Paul II déclinaient et que commençait à se la question de sa succession, les membres du “Groupe de Saint-Gall” se sont attelés à peaufiner leur tactique et leur stratégie leur permettant, après la parenthèse Benoît XVI, de revenir sur le devant de la scène et de peser sur la marche en avant de l’Eglise, avec un programme, des lignes directrices, des préférences affirmées pour ceux qui seraient capables de les mettre en œuvre. Dès 1980, le Cardinal Danneels avait déclaré qu’il était temps de trouver “un nouvel équilibre entre la loi et la miséricorde”. En clair, mettre la doctrine au second plan et la miséricorde au premier.

Tout ceci pose la question des “ententes” et des “complicités” qui jouent au sein de l’Eglise au moment d’un conclave où se joue le choix d’un successeur de Pierre.
En février 1996, Jean-Paul II, qui n’ignorait rien de ce qui se passait à Saint-Gall, semble prendre les devants. Il publie la Constitution apostolique “Universi Dominici Gregis” qui traite, entre autres points, de l’élection du souverain pontife. Au chapitre VI, ont lit :

« (...) confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j’interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l’avoir consulté, à propos de l’élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées. (...) En outre, que les Cardinaux électeurs s’abstiennent de toute espèce de pactes, d’accords, de promesses ou d’autres engagements de quelque ordre que ce soit, qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou à plusieurs candidats. Si ces choses se produisaient de fait, même sous serment, je décrète qu’un tel engagement est nul et non avenu, et que personne n’est obligé de le tenir ; et dès à présent, je frappe d'excommunication latæ sententiæ les transgresseurs de cette interdiction. Cependant, je n’entends pas interdire les échanges d’idées en vue de l'élection, durant la vacance du Siège. Pareillement, j'interdis aux Cardinaux d’établir des accords avant l’élection, ou bien de prendre, par une entente commune, des engagements qu’ils s’obligeraient à respecter dans le cas où l’un d'eux accéderait au Pontificat. Si de telles promesses se réalisaient en fait, même par un serment, je les déclare également nulles et non avenues. Avec la même insistance que mes Prédécesseurs, j’exhorte vivement les Cardinaux électeurs à ne pas se laisser guider, dans l’élection du Pontife, par la sympathie ou l’aversion, ou influencer par des faveurs ou par des rapports personnels envers quiconque, ou pousser par l’intervention de personnalités en vue ou de groupes de pression, ou par l’emprise des moyens de communication sociale, par la violence, par la crainte ou par la recherche de popularité. (...)»

Le Cardinal Bergoglio ne participait pas à aux réunions de la “mafia de Saint-Gall” : l’Argentine est loin de la Suisse ! Mais on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi le Cardinal Danneels était-il à côté de lui, sur le balcon, le soir de son élection, alors qu'il ne faisait pas partie de la Curie ? Pourquoi le Pape François crée-t-il cardinal Mgr De Kesel, lequel est une copie conforme du Cardinal Danneels?
Le Pape aurait-il une dette envers ceux qui l’ont fait élire?
Est-il chargé - lui qui a avoué ne pas être théologien - de faire appliquer leur programme en l’enrobant de termes comme “pauvreté” et “miséricorde” pour mieux le faire passer ?
Finalement, rien n’interdit à un fidèle de poser ces questions au Pape François qui, au début de son pontificat, avait insisté pour qu’on “bouscule les pasteurs, tous les pasteurs”. Et surtout, rien n’interdit de prier pour les prêtres et les évêques fidèles à la Tradition de l’Eglise qui, depuis un certains temps, ne savent plus ce qu’ils doivent faire et dire.