Une dédicace pour Benoît XVI


En visite à Monza, près de Milan, Georg Gänswein annonce que Benoît XVI accepte que lui soit dédicacé un livre sur la reine des Lombards Théodelinde de Bavière... et fait quelques confidences sur le Pape émérite (25/10/2016)

 

Dans sa catéchèse du 28 mai 2008, consacrée à saint Grégoire le Grand, Benoît XVI faisait allusion à une princesse bavaroise, Théodelinde (Teodolinda) de Bavière, née vers 573, morte en 627, épouse des rois des Lombards Authari puis Agilulf, qui est à l'origine de l'actuelle basilique Saint-Jean-Baptiste de Monza, siège d'un palais royal lombard, et qui contribua avec le grand Pontife à trouver une solution pacifique à la "question lombarde" et entretint même une correspondance avec lui (cf. benoit-et-moi.fr/2008-II):

Pour obtenir une paix effective à Rome et en Italie, le Pape s'employa à fond - c'était un vrai pacificateur -, entreprenant une opération de négociations avec le roi lombard Agilulf. Cette négociation amena une période de trêve qui dura environ trois ans (598 - 601), après quoi il fut possible, en 603 de signer un armistice plus stable.
Ce résultat positif fut également obtenu grâce aux contacts parallèles que dans le même temps, le Pape entretenait avec la reine Théodelinde, qui était une princesse bavaroise et, contrairement aux chefs des autres peuples germaniques, était catholique, profondément catholique. On conserve une série de lettres du Pape Grégoire à cette reine, dans lesquelles il révèle son estime et son amitié pour elle. Théodelinde réussit petit à petit à guider le roi au catholicisme, préparant ainsi à la paix.
Le Pape prit soin de lui envoyer des reliques pour la basilique Saint-Jean Baptiste qu'elle avait fait ériger à Monza, et ne manqua pas de lui adresser ses souhaits, et des dons précieux pour cette cathédrale de Monza à l'occasion de la naissance et du baptême de son fils Adaloaldo.
L'histoire de cette reine constitue un beau témoignage sur l'importance des femmes dans l'histoire de l'Église.
Au fond, les objectifs que Grégoire n'a pas cessé de poursuivre furent trois : contenir l'expansion des Lombards en Italie ; soustraire la reine Théodelinde à l'influence des schismatiques et en renforcer la foi catholique ; servir de médiateur entre Lombards et Byzantins en vue d'un accord qui garantisse la paix dans la péninsule et en même temps permette d'accomplir une action évangélisatrice parmi les Lombards eux-mêmes. Son orientation constante au milieu de cette histoire complexe fut double: promouvoir des accords sur le plan diplomatico-politique, répandre l'annonce de la vraie foi parmi les populations.

«Voici le pape Benoît, entre le livre de Théodelinde et ses jambes qui lui jouent des tours»


Son secrétaire Gänswein: «Sa tête est totalement lucide, il n'est pas aveugle, il participe à la vie de l'Eglise»

Sabrina Cottone
24/10/2016
www.ilgiornale.it
Ma traduction


L'archevêque allemand Georg Gänswein vient juste de rencontrer en personne la reine bavaroise Théodelinde: portraits, anecdotes, curiosités comme un éventail, un peigne, une coupe, ou des objets de dévotion comme les burettes qu'elle demandait de remplir avec de l'huile bénie en Terre Sainte. L'homme que tout le monde connaît comme l'alter ego du pape Benoît XVI, son secrétaire personnel depuis 2003, et un peu son écuyer, a accompli un voyage à travers le temps, aux sixième et septième siècles, dans les conflits entre les Lombards ariens et l'Eglise, mais surtout sur les ponts de paix que Théodelinde, jeune princesse de Ratisbonne, catholique de naissance, réussit à créer entre le pape Grégoire le Grand et la Cour, et le peuple lombard dont elle fut la reine bien-aimée.

Ainsi Mgr Georg annonce que Benoît XVI a dit oui: c'est à lui que sera dédié le livre «La Cappella di Teodolinda nel Duomo di Monza. Atlante Iconografico» (La chapelle de Théodelinde dans la cathédrale de Monza. Atlas iconographique), opera omnia sur la Chapelle, avec la Couronne de Fer et la relique des clous de la Croix, contestée par les rois, les papes et les empereurs et vénérée par les fidèles.
Lier son nom à Théodelinde n'est pas un choix privé de signification, étant donné le rôle de la reine dans l'histoire de l'Eglise.
Gänswein explique: «Il reçoit tellement de demandes d'interviews, de préfaces et il a décidé de ne plus en faire. Mais cette fois c'est une dédicace, c'est différent»

C'est la première visite de Gänswein à Monza. Avec ces images toutes fraîches à l'esprit, il s'entretient avec un groupe de journalistes, sous une grande statue de saint Jean-Baptiste qui domine la partie neuve du musée de la cathédrale: «Cette princesse méconnue de Ratisbonne devient reine, elle n'a presque aucune formation politique mais elle réussit à faire de la politique parce que sa boussole est la foi. Elle parvient à pacifier des réalités opposées, incompatibles. C'est un message très important».

Encore pour aujourd'hui? Certainement: «Ce n'est pas seulement une messagère, mais une créatrice de paix. Et puis c'était une femme, la première femme à avoir fait cela et il était presque une jeune fille quand elle l'a fait».
Alors, durant la visite, ce qui l'a le plus frappé, «c'est l'enseignement de la façon dont la foi réussit à apporter la paix, à pacifier une réalité qu'il semblait impossible de pacifier». Des vérités qui vont durer longtemps s'il est vrai que la Couronne de Fer est un mythe, un symbole unique au monde, qui réussit à apporter des effets de paix: là où est la paix, il y a toujours l'humanité, là où il n'y a pas la paix, l'humanité est absente».

Benoît, qui a toujours apprécié la contribution souvent cachée du génie féminin, au point que comme Pape, il a voulu canoniser et proclamer docteur de l'Eglise une femme aussi complexe qu'Hildegarde de Bingen, avait aussi commencé à étudier la reine lombarde. «Il s'est occupée de la la figure de Théodelinde, bien qu'il n'en ait pas approfondi l'étude, de bavaroise à bavarois, il y a le lien du cœur ... Elle est venue de Bavière, où Ratzinger était autrefois professeur - dit Gänswein - Il avait une maison là-bas et il y est toujours retourné durant le mois en août pour étudier, même quand il était préfet de la Doctrine de la foi. Ce n'est que quand il est devenu Pape que sa liberté a pris fin, et c'est devenu une maison d'étude».

Impossible de ne pas demander à son secrétaire particulier, celui qui en a partagé des heures difficiles et lumineuses, comment va aujourd'hui Papa Ratzinger. Il a disparu à notre vue, malgré le livre-interview de Peter Seewald qui a aussi suscité une certaine polémique. «Le livre, comme vous le savez, n'était pas prévu pour être un livre-interview, mais Seewald est venu deux fois (1), avant et après la démission de Benoît, pour approfondir ses études pour une biographie. A un moment, il a dit: Je suis coincé dans un trou (?), mais j'ai posé des questions auxquelles j'ai eu des réponses merveilleuses, c'est dommage de ne pas les publier. Il a dû convaincre le pape Benoît de les publier sous forme de livre. Ce dernier a dit: je cède seulement si François est d'accoord. Et c'est ce qui s'est passé».

On avait parlé d'une quasi-cécité de Benoît. «Dans le livre, il dit qu'en 92-93, il avait eu des problèmes avec une embolie qui lui a détruit une partie de l'œil. Vingt ans ont passé et elle ne lui a pas créé de problèmes, de sorte que personne ne le savait. Ensuite, j'ai présenté le livre à Münich et quand je l'ai dit, le titre est devenu partout que le pape était presque à demi aveugle. Pour l'amour du ciel!» (2). Le secrétaire de Benoît rassure: «C'est un homme de près de 90 ans, il a une tête extrêmement lucide, certes ses jambes lui jouent de plus en plus de tours ... Il vit en moine, il ne quitte jamais le Vatican, seulement quand le pape François l'invite, la dernière fois le 28 Juin, pour une petite commémoration de ses 65 ans de sacerdoce. L'homme, vous le voyez, devient de plus en plus petit (?). Cependant, il participe à la vie de l'Italie, de l'Allemagne, certainement à la vie de l'Eglise».

NDT


(1) En réalité, Seewald suggère qu'il est venu bien plus de deux fois... (cf. Peter Seewald parle de Benoît XVI)

(2) En fait, Georg Ganswein a dit très explicitement (Un livre qui déconstruit la vieille image du Pape):

En Septembre 1991, alors qu'il n'avait jamais fumé ni bu, il a eu une hémorragie cérébrale. «Maintenant, je n'en peux plus», a-t-il dit par la suite à Jean-Paul II, qui a rejeté catégoriquement sa démission. «De 91 à 93, ce fut difficile, des années pénibles» dit-il laconiquement. En 1994, il eut encore une embolie et il lui en resta une tache jaune sur la rétine. Depuis lors, il voyait très mal de l'oeil gauche, des années avant son élection comme successeur de Pierre. Il n'a jamais fait d'histoires à ce sujet. Le pape à demi-aveugle! Qui le savait?!