Benoit-et-moi 2017
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Les incroyables propos d'un pape

Le Pape et le sociologue

Extraits d'un livre d'entretiens avec un sociologue français... que je ne nommerai pas! Ils ont été traduits et commentés sur un site italien (3/9/2017, mise à jour le 4/9)

J'avais dit que je n'en parlerai pas, mais trop c'est trop.
Voici, du site <Campari & de Maistre> un florilège des perles papales (je ne dispose évidemment pas de la v.o): la pauvreté et le caractère approximatif de la syntaxe répondent à la même pauvreté de la pensée. Ici, on se trouve vraiment face à des propos de bar des Sports, sans aucun recul, aucun argument, et une très maigre connaissance des sujets abordés, en particulier l'Europe (1).

L'auteur de l'article titre sur le piège dans lequel sont tombés à pieds joints, volontairement ou non, les catholiques, qui par naïveté, qui par déformation idéologique, et qu'on pourrait résumer par l'adage chinois - rebattu et généralement usé à mauvais escient: «Quand le sage désigne la Lune, le sot regarde le doigt». Pour être précis, ils ont fait leurs choux gras de l'aveu par François qu'il s'est soumis à une psychanalyse il y a une quarantaine d'années (à dire vrai, c'est déjà assez choquant venant d'un pape, il y a des confidences qu'il vaut mieux garder pour soi).

Personnellement, ce qui me frappe surtout, c'est la confusion que les commentaires font entre la parole d'un Pape - ou ce qu'elle devrait être - et celle d'un quelconque leader politique, de préférence athée.
Pour faire un exemple, si c'était... disons Emmanuel Macron qui déclarait dans une interview «Comment définirais-je aujourd'hui la culture européenne? Oui, elle a d'importantes racines chrétiennes, c'est vrai. Mais ce n'est pas suffisant pour la définir», l'analyste lambda pourrait titrer sans arrière-pensée: «Macron dit que l'Europe a des racines chrétiennes» ... tout simplement parce que ce n'est pas ce à quoi on s'attendrait de sa part. Du Pape, on devrait plutôt s'étonner des réserves que la phrase implique et du désaveu à peine implicite de ses deux prédécesseurs qu'elle contient.
Même remarque concernant l'affirmation «le mariage, c'est un homme avec une femme. C'est le terme précis. Appelons l'union de même sexe "union civile"». Prononcé par le même dirigeant politique, elle justifierait un titre du genre «Macron est pour le mariage entre homme et une femme». Sachant qu'elle vient du pape, le titre: «François est favorable aux unions gay» aurait été plus approprié.

Bref, du Vicaire du Christ, on attend un tout autre discours (et des observateurs, un autre commentaire): en particulier, qu'il ne justifie pas l'union homosexuelle grâce à un simple tour de passe-passe sémantique - on change le nom, et hop! le tour est joué!!

Miroirs pour catho-alouettes

Giovanni Donini
www.campariedemaistre.com
3 septembre 2017
Ma traduction

* * *

L'anticipation des contenus d'un livre-interview accordée par François à un sociologue a fait beaucoup de bruit sur un point particulier de la vie de Bergoglio: il a admis qu'il a eu recours à la psychanalyse (freudienne) à une période de sa vie .
Cette anecdote a monopolisé l'attention des différents commentateurs et enflammé les passions sur le web, avec des interventions de toutes sortes. Une chose qui cependant, a été beaucoup moins notée, c'est que - une fois de plus - les catholiques sont tombés dans un piège médiatique, focalisant leur attention sur une chose négligeable parmi les contenus du livre à sortir ces jours-ci; les contenus qui pour le moment ont été divulgués sont vraiment choquants pour la foi catholique, car ils sont la pensée de l'occupant du trône de Pierre .

Commençons par un thème très cher au tiersmondisme: la revanche contre l'Europe.

«Le problème commence dans les pays dont viennent les migrants. Pourquoi quittent-ils leurs terres? En raison du manque de travail ou de la guerre. Ce sont les deux principales raisons. Le manque de travail, parce qu'ils ont été exploités - je pense aux Africains. L'Europe a exploité l' Afrique ... Je ne sais pas si on peut le dire! Mais plusieurs colonisations européennes ... oui, ils ont exploité. Je lis qu'un chef d'Etat africain qui vient d'être élu, comme premier acte du gouvernement a soumis au Parlement une loi de reboisement de son pays - et elle a été promulguée. Les puissances économiques du monde avaient coupé tous les arbres. Reboiser. La terre est sèche pour être exploitée et il n'y a plus de travail. La première chose à faire, comme je l'ai dit à l'Organisation des Nations Unies, au Conseil de l'Europe, dans le monde entier, c'est de trouver ici des sources pour créer des emplois, investir. Il est vrai que l'Europe doit investir aussi chez elle. Ici aussi il y a un problème de chômage. L'autre raison de la migration est la guerre. Nous pouvons investir, les gens auront une source de travail et ne devront pas partir, mais s'il y a la guerre, ils devront encore fuir. Aujourd'hui, qui fait la guerre? Qui donne les armes? Nous».

Puisque les projets d'exploitation de l'Afrique par L'Occident sont encore actifs, Bergoglio ne sait peut-être pas que la colonisation européenne est terminée en Afrique depuis les années 60, et depuis lors, les arbres auraient pu repousser sans reboisement. Les Africains aussi exploitent le territoire de l'Afrique - cela peut sembler étrange au radical moyen, mais en Afrique, ils se fichent de l'écologisme. En ce qui concerne les armes, les guerres en Afrique, ce ne sont pas les Européens qui les font, mais les autochtones. Et Bergoglio oublie que les armes sont très volontiers achetées par les Africains, à cause des guerres ethniques et tribales qui datent de bien avant que l'Europe ait mis le pied en Afrique - , en réalité, elles datent d'avant que le terme «Europe» soit né. Le tout avec l'aide des dictateurs africains. Une autre falsification idéologique de la réalité? Bien sûr, comme toute la gauche mondiale nous y a habitués depuis toujours. Quel est le message jésuitiquement omis? «Maintenant, c'est au tour des Européens de souffrir des mains des Africains».

«Je ne vois plus Schumann, je ne vois plus Adenauer ... L'Europe, en ce moment, a peur. Elle ferme, ferme, ferme ... L' Europe a une histoire d'intégration culturelle, multiculturelle comme vous dites, très forte. Les Lombards, notre Lombards d'aujourd'hui, sont des barbares qui sont arrivés il y a très longtemps ... Et puis tout se fond et nous avons notre culture. Mais quelle est la culture européenne? Comment définirais-je aujourd'hui la culture européenne? Oui, elle a d'importantes racines chrétiennes, c'est vrai. Mais ce n'est pas suffisant pour la définir. Il y a toutes nos capacités. Ces capacités pour s'intégrer, pour recevoir d'autres. Il y a aussi la langue dans la culture. Dans notre langue espagnole, 40% des mots sont de l'arabe (2). Pourquoi? Parce qu'ils étaient là pendant sept siècles. Ils ont laissé une marque ... Je crois que l'Europe a des racines chrétiennes, mais ce ne sont pas les seules. Il y en a d'autres qu'on ne peut nier. Cependant, je pense que ce fut une erreur de ne pas mentionner les "racines chrétiennes" dans le document de l'Union européenne sur la première Constitution, et elle a également été commise par les gouvernements. C'était une erreur de ne pas voir la réalité. Cela ne signifie pas que l'Europe devrait être pleinement chrétienne. Mais c'est un patrimoine, un patrimoine culturel que nous avons reçu».

Là encore, il y a une mixture de vérité et de mensonge, mélangés afin de cacher la vérité et de faire ressortir l'idéologie immigrationiste et le métissage culturel: tout d'abord, les invasions barbares ne furent pas seulement un "enrichissement", mais elles furent vraiment une invasion, bien loin d'être indolores pour les peuples qui se trouvaient déjà dans ces territoires, y compris pour les Ibères, les Arabes n'étant pas arrivés là pacifiquement. Et ce ne sont pas les barbares qui formèrent la culture européenne, mais c'est la culture classique - qui survécut grâce aux moines qui se retirèrent du monde "multiculturel" - qui réussit à relever la Société, et l'esprit des conquistadors, lesquels ont accepté de recevoir ce qui était restait de la civilisation précédente. Je laisse tomber par pure charité chrétienne le fait que Bergoglio n'est pas intéressé par la christianisation de l'Europe - tout le monde l'avait déjà compris, en Amérique du Sud et pas seulement. Bref, pour François le christianisme est une culture, rien de plus qu'un costume folklorique et pittoresque. Un patrimoine. Qui peut donc être dilapidé, vendu et détruit, comme du reste tous les patrimoines. Et les actions du Pape vont toutes dans ce sens: fomenter l'invasion de l'Europe par les immigrants musulmans et africains contredit résolumément la préservation du patrimoine culturel de l'Europe. Il est déplaisant de penser que le pape voit dans le christianisme une simple culture, et non l'œuvre du salut divin de l'humanité: un peu comme les athées qui quand ils parlent de christianisme font seulement référence à la morale.

«Aujourd'hui , nous devons repenser le concept de "guerre juste". Nous avons appris, dans la philosophie politique, que pour se défendre, on peut faire la guerre et la considérer comme juste. Mais peut-on définir une "guerre juste"? Ou plutôt "guerre de défense"? La seule chose juste est la paix ... Je n'aime pas utiliser le terme "guerre juste". Nous entendons dire "je fais la guerre parce que je n'ai pas d'autres moyens pour me défendre". Mais ucune guerre n'est juste. La seule chose juste est la paix».

Non, nous avons appris du Magistère de l'Eglise. Pas de la philosophie politique. Là encore, les cartes sont jésuitiquement mélangées pour tout confondre. On confond aussi le fait que l'idéal est la paix, la guerre n'est jamais l'idéal. Mais il existe des paix plus injustes que les guerres. Qui accepterait d'être réduit en esclavage afin d'éviter de combattre? Mais je répète à nouveau que c'est la doctrine catholique et l'Evangile lui-même qui posent les bases de la réflexion sur la guerre juste, et on ne peut pas tout réduire à la "philosophie politique", où l'on changer changer d'avis sans problème, comme des girouettes. Ce qui est grave, c'est que Bergoglio a fait ici une déclaration etièrement opposée à la doctrine catholique (3) . Mais ce n'est pas le seul cas.

«Le mariage entre personnes du même sexe? "Mariage" est un mot historique. Dans l'humanité, et pas seulement dans l'Église, il est toujours entre un homme et une femme ... Nous ne pouvons pas le changer. C'est la nature des choses. Elles sont ainsi. Appelons-les "unions civiles". Ne plaisantons pas avec la vérité. C'est vrai que derrière il y a l'idéologie du genre. Même dans les livres, les enfants apprennent qu'on peut choisir son sexe. Parce que le sexe, être une femme ou un homme, ce serait un choix et non un fait de la nature? Cela favorise cette erreur. Mais disons les choses comme elles sont: le mariage, c'est un homme avec une femme. C'est le terme précis. Appelons l'union de même sexe "union civile" ».

Ici , le pape a ouvertement validé les unions civiles, disant que deux homosexuels peuvent s'unir et avoir tous les mêmes droits que le mariage à condition d'appeler tout cela "union civile" (..) Ici, le piège s'est refermé bien au-delà des attentes les plus optimistes.

Pour conclure et ne pas m'attarder davantage: de ce qui est rapporté, il émerge la figure non pas d'un chrétien, mais d'un radical qui utilise des méthodes de temporisation pour appliquer un agenda idéologique d'extrême gauche. Il n'y a rien de chrétien dans ces déclarations, mais nous, catholiques, de quoi discutons-nous? Du fait que Bergoglio est allé consulter un psy pendant 6 mois. Ici, il faut se demander si le pape est catholique, et au contraire, on se concentre sur sa vie privée. Mais si les normalistes catholiques se satisfont d'apostats 'radical chic' pour les guider, je leur rappelle une phrase Joseph de Maistre: «Chaque peuple a les gouvernants qu'il mérite».

NDT

(1) Sur le site Proliturgia, Denis Crouan propose d'autres extraits, et commente (le 4/9): «Les phrases du pape sont essentiellement construites sur la base sujet-verbe-complément-point. Sujet-verbe-complément-point. Etc. Les pronoms relatifs, les conjonctions de subordination ou de coordination sont rares, ce qui laisse entendre que la pensée de François fonctionne par clichés successifs mais sans véritables raisonnements».
Et un peu plus loin: «Libre à Dominique Wolton de penser que Jorge Bergoglio a une immense culture. Pour notre part, nous comprenons mieux pourquoi il n’est pas allé au bout de ses études universitaires lorsqu’il était en Allemagne

(2) Carlota, qui est hispanisante - mais pas linguiste, plaide-t-elle -, m'écrit:
« Dire que 40% des mots espagnols sont arabes m'inspire de gros doutes, l'espagnol est bien plus proche du latin que le français! C'est au maximum 10% et avec des équivalents d'origine latine quand il y a un mot d'origine arabe.
Et la meilleure preuve c'est que la connaissance de l'espagnol permet de retrouver très vite ses repères quand on lit le latin à la messe et permet que l'on s'enrichisse dans les deux sens. De même que la connaissance du latin est particulièrement utile pour nous Français, pour mieux comprendre et parler notre langue.
Il suffit de s'exprimer en espagnol pour bien se rendre compte qu'il n'y a pas 4 mots sur 10 d'origine arabe et que la grammaire, la conjugaison, les pluriels etc sont complétement d'origine latine. C'est une question de bon sens...»

(3) A propos de "guerre juste", voici ce que dit le CEC aux §§2309 et suivants, qui traite en particulier de la légitime défense:

Eviter la guerre
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2307 Le cinquième commandement interdit la destruction volontaire de la vie humaine. A cause des maux et des injustices qu’entraîne toute guerre, l’Église presse instamment chacun de prier et d’agir pour que la Bonté divine nous libère de l’antique servitude de la guerre.
2308 Chacun des citoyens et des gouvernants est tenu d’œuvrer pour éviter les guerres.
Aussi longtemps cependant " que le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifiques, le droit de légitime défense " (GS 79, § 4).
2309 Il faut considérer avec rigueur les strictes conditions d’une légitime défense par la force militaire. La gravité d’une telle décision la soumet à des conditions rigoureuses de légitimité morale. Il faut à la fois :
– Que le dommage infligé par l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain.
– Que tous les autres moyens d’y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces.
– Que soient réunies les conditions sérieuses de succès.
– Que l’emploi des armes n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l’appréciation de cette condition.

Ce sont les éléments traditionnels énumérés dans la doctrine dite de la "guerre juste ".
L’appréciation de ces conditions de légitimité morale appartient au jugement prudentiel de ceux qui ont la charge du bien commun.