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Synode pour l'Amazonie: viri probati en vue...

et séminaristes "traditionalistes" dans le collimateur. Hypothèses de Marco Tosatti (4/11/2017)

Tout cela sur l'air désormais bien connu "on ne change pas la doctrine" (mais on entame des processus irréversibles!)

Mari et prêtre, ce n'est plus seulement une hypothèse

Marco Tosatti
www.lanuovabq.it
4 novembre 2017
Ma traduction

* * *

La longue marche du Cardinal Hummes pour parvenir à l'ordination des viri probati est-elle sur le point d'arriver au port? Ces derniers jours ont vu une intensification de nouvelles, d'allusions, de rumeurs qui indiquent que le problème pourrait être inscrit à l'ordre du jour du Synode sur l'Amazonie, prévu à Rome en 2019.

Il avait été question du Synode au cours des derniers mois; l'impression reçue à ce stade était qu'il pourrait se dérouler - dans quelque localité de la région amazonienne - d'ici un an. Etant donné qu'il n' y a jamais eu de déclaration officielle, il n'est pas possible de dire avec certitude si le choix de 2019 est une forme de démarche dilatoire; tout comme il n'est pas possible d'affirmer avec certitude si le choix de Rome comme lieu de l'événement est dû à un désir d'un plus grand contrôle, ou de donner une scène plus prestigieuse à ce qui reste un synode régional.

Depuis de nombreuses années, le Cardinal Hummes, ancien Préfet du clergé et grand ordonnateur de l'élection de Jorge Mario Bergoglio, milite pour l'ordination d'hommes mariés mûrs et de foi solide, dans les régions et les communautés qui, en raison de la distance et de la rareté des prêtres, vivent difficilement la vie sacramentelle. Le cardinal a visité de nombreux diocèses de la région amazonienne, pour convaincre les évêques d'écrire au Pape, demandant que la question des viri probati soit examinée. De graves problèmes de santé, dont il souffre depuis quelques mois, l'ont empêché d'achever son travail dans une douzaine de diocèses. Mais il y a quelque temps, dans les milieux de la Conférence épiscopale brésilienne, on disait qu'il était certain que pour Noël arriverait de Rome l'autorisation d'ordonner "ad experimentum" les hommes mariés pour compenser la pénurie de prêtres.

Un site hispanophone a publié ces derniers jours un article très intéressant, parce qu'il rapporte le résultat du travail de l'Assemblée plénière de la Congrégation pour le clergé d'il y a quelques mois. Comme on le sait, le Préfet de la Congrégation pour le clergé - l'une des premières nominations faites par le Pontife, en remplacement du Cardinal Mauro Piacenza, [congédié] sans motif - est Beniamino Stella, diplomate de carrière et, selon certains, l'une des éminences grises du clan papal. Voilà ce qu'écrit le blog "Germinans Germinabit":

«La Congrégation pour le Clergé a envoyé un résumé des questions débattues lors de l'assemblée ordinaire qui s'est tenue du 30 mai au 1er juin 2017. Parmi beaucoup d'autres sujets abordés, celui qui émerge en priorité est le thème des diacres permanents restés veufs et qui pourraient être admis au sacerdoce ministériel, ainsi que la question des viri probati, laïcs mariés qui, faute de prêtres dans certaines régions, pourraient être admis au ministère sacerdotal, sans doute en conservant les liens more uxorio avec leur épouse».

Plus loin, le site proposait un autre passage du résumé:

«En complément des différents aspects de la formation déjà traités par la Ratio [ndt: Ratio fundamentalis est le texte d'orientation de la formation dans les Séminaires, remis à jour en décembre 2016, cf. la-croix.com], je désire également souligner la situation des séminaristes "traditionalistes" qui nous posent de nombreuses difficultés, d'abord aux formateurs, puis plus tard, après l'ordination, aux évêques. Un thème qui doit faire l'objet d'un discernement attentif est celui de la "rigidité" dont le Saint-Père nous a parlé ce matin, de la filiation dans une image de l'Église d'hier, mais aussi dans les apparences, souvent visibles dans le domaine liturgique; il n'est pas rare que cela révèle des personnalités narcissiques et vaniteuses, ayant une propension à fuir les implications pastorales réelles, pour se réfugier dans les formes d'un passé qu'ils n'ont pas connu et qui n'appartient pas à leur vie».

Ce passage, s'il est authentique comme nous le pensons, est une photographie de la situation actuelle, dont on trouve par ailleurs confirmation en de nombreux endroits. Les responsables de l'Eglise ne veulent pas de vocations de personnes qui ne donnent pas de garanties de progressisme, et d'hostilité pour la tradition de l'Eglise; ils se retrouvent évidemment sans vocations, ou presque; et ils essaient de compenser le vide croissant avec d'autres solutions. Qui pourtant n'ont à l'évidence pas la même valeur.

Ce n'est pas un hasard si, il y a quelques jours, le Mouvement international des prêtres ouvriers mariés a fait un commentaire critique sur les déclarations de l'archevêque de Miano, Mgr Delpini, rapportées par "Il Giornale":

«Encourager des hommes qui se considèrent aptes à devenir diacres permanents» - écrivait l'archevêque dans une lettre au diocèse - c'est-à-dire, «une personne adulte qui a déjà défini son état de vie, que ce soit dans le mariage ou dans le choix d'une vie de célibataire, mais à sa façon d'être marié ou célibataire, révèle les signes d'une vocation à un service ecclésial spécifique en s'insérant dans le clergé».

«Ce sont des thèses classiques qui ne résolvent pas la crise des prêtres dans les paroisses, qui se développe dans le monde entier. Le remède? Accueillir les prêtres mariés dans l'Église», commentait l'association.

Comme on le sait, d'autres évêques - en Allemagne, par exemple, et probablement en Belgique et en Hollande - sont également favorables à l'hypothèse des viri probati; et ne sont certainement pas favorables à des vocations qui pourraient s'avérer trop liées à la Tradition de l'Église. Le doute demeure quant à ce que le Pontife décidera de faire. Selon l'évêque Krautler, de par sa longue expérience au Brésil et l'un des partisans de l'hypothèse promue par Hummes, le Pape lui aurait dit - mais il y a un an - qu'il ne voudrait pas décider seul sur cette question. Le Synode sur l'Amazonie serait alors l'endroit idéal pour aborder cette question.
Bien sûr, 2019 n'est pas une date proche. Pas aussi proche que le parti des viri probati le voudrait. Une accélération inattendue, un acte impérial du Pape, est-il envisageable?